jeudi 8 novembre 2012

Les experts sont divisés sur la cigarette électronique....


L'absence d'évaluation préoccupe les spécialistes de tabacologie.
La cigarette électronique est-elle efficace pour arrêter de fumer? La question, qui leur est posée de plus en plus fréquemment en consultation, embarrasse les spécialistes de tabacologie réunis en congrès jeudi et vendredi à la Cité universitaire de Paris. 

Apparue peu après l'interdiction de fumer dans les lieux publics, la cigarette électronique - également appelée e-cigarette par ses adeptes - ressemble à s'y méprendre à une «vraie», mais elle émet une vapeur d'eau a priori inoffensive et non de la fumée. 

C'est un liquide contenant un humectant (du propylène glycol ou de la glycérine végétale), des arômes artificiels et parfois de la nicotine, qui, transformé en vapeur, est inhalé. Faute d'études scientifiques sur une éventuelle toxicité de ce cocktail, les médecins restent cependant très réservés sur son usage, tandis que l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a émis une mise en garde.


«Malgré tout, l'efficacité de ce produit dans le sevrage tabagique commence à être établie, constate Jean-François Etter, professeur en santé publique à l'université de Genève. 

Quant aux utilisateurs, ils s‘en disent très satisfaits, ce qui crée un vrai décalage avec le positionnement médical.» L'enjeu sanitaire est bien réel. Alors que la cigarette électronique est longtemps restée confidentielle, ses ventes se sont envolées depuis deux ans. 

On les trouve sur Internet et dans des magasins spécialisés qui proposent des centaines d'arômes différents. Environ 1 million de Français auraient déjà testé l'objet, et 500.000 personnes «vapotent» quotidiennement, à en croire les estimations des fabricants. 

Selon les résultats de l'étude Paris sans tabac, menée auprès de 2 % des collégiens et lycéens de la capitale, les jeunes s'y intéressent aussi: 6 % des 12-14 ans, 12 % des 15-16 ans et 19 % des 17 ans l'ont expérimentée.

Des résultats positifs


Même si elle n'est pas vendue comme un substitut, mais comme un «produit de plaisir», la cigarette électronique est majoritairement utilisée pour l'arrêt ou la réduction de la consommation de tabac. Les utilisateurs y trouvent plusieurs avantages. Même gestuelle qu'avec une cigaretteréelle et même goût, mais sans les effets délétères de la combustion. 

L'usage de cet ersatz est en outre autorisé dans les lieux publics (même si l'Association internationale du transport aérien s'est prononcée pour une interdiction dans les avions).

Des études portant sur l'efficacité du sevrage après quelques mois ont mis en évidence des résultats positifs. Un seul essai randomisé, dont les résultats ont été présentés en septembre dans un congrès, a cependant été mené. La recherche portait sur des fumeurs n'ayant pas l'intention d'arrêter. Après un an, 13 % des «vapoteurs» étaient abstinents, contre 4 % dans le groupe ayant inhalé un placebo. 

Selon Jean-François Etter, «il est probable que la cigarette électronique diminue les symptômes du sevrage, comme l'irritabilité, les troubles du sommeil, la prise de poids, l'impatience, etc. De plus, elle procure un soulagement rapide. La diffusion de lanicotine au cerveau semble en effet plus efficace qu'avec un substitut nicotinique classique, du type patch ou gommes à mâcher». 

L'e-cigarette délivre en outre des quantités plus importantes de nicotine, proches des taux relevés dans une vraie cigarette, ce qui améliore la satisfaction du vapoteur - et entraîne par conséquent un risque d'addiction.

«En l'état, les données scientifiques sont insuffisantes pour recommander ce produit à nos patients», tempère le Dr Gérard Mathern, pneumologue à l'hôpital de Saint-Chamond. 

De fait, les études manquent sur les conséquences à long terme d'une inhalation du propylène glycol ou des colorants alimentaires. D'autant que la cigarette électronique n'est pas soumise aux autorisations et aux contrôles réservés au médicament, car elle est considérée comme un produit de consommation courante. 

Or des impuretés peuvent être émises lors du processus de fabrication, avec des conséquences potentiellement très graves. «La nicotine contenue dans les recharges est un produit très dangereux si elle est avalée par accident, notamment par un enfant», ajoute Jean-François Etter.

L'Office français de prévention du tabagisme demande donc aux autorités de santé de définir clairement son statut, pour «la sortir du no man's land juridique actuel» et recommande en attendant de privilégier les méthodes de sevrage qui ont fait leurs preuves.

L'interdiction de vente en pharmacie n'est pas respectée


Contrairement aux substituts nicotiniques, la sécurité d'utilisation et la qualité des cigarettes électroniques ne font pas l'objet d'une autorisation de mise sur le marché, de contrôles réguliers en laboratoires et d'inspection des sites de fabrication», souligne l'Agence nationale de sécurité du médicament. 

La vente de ce produit n'est donc pas autorisée en pharmacie. Une petite enquête menée au printemps dans une trentaine d'officines parisiennes laisse penser que cette interdiction n'est pas respectée: 36 % des pharmaciens visités proposaient des e.cigarettes, visibles dans 55 % des cas. 

«L'ambiguïté du statut de l'e.cigarette apparaît bien dans la façon dont elles sont vendues», déplore le Pr Bertrand Dautzenberg, pneumologue, qui demande une réglementation de ce produit lorsqu'il contient de la nicotine. «Les fabricants doivent mener des études s'ils veulent revendiquer un statut bénéfique à la santé», dit-il.
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    3 commentaires:

    1. article enrichissant, merci à vous

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    2. merci pour cet article très complet ! la cigarette électronique est un moyen très efficace pour arrêter de fumer. A votre avis pourquoi le gouvernement créé la polémique ? Si je vous dit que le gouvernement gagne plusieurs milliards d'euros grâce au tabac...

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    3. bien sur que le gouvernement voudrait bien recuperer cette mane financiere. fumer tue mais c'est pas grave sa rapporte.
      La critique du docteur Farsalinos

      Le 7 Mai dernier, un groupe de travail s’est réuni pour discuter de la cigarette électronique et de sa réglementation dans l’espace européen. Vous pourrez trouver sur le site du parlement européen les documents du groupe de travail ainsi que la présentation faite par le représentant de l’Organisation Mondiale de la Santé, Roberto Bertolinni. Pour les courageux, le site AbsolutVapor a également mis en ligne la vidéo des 2h30 de la session.
      Le professeur Farsalinos s’est donc insurgé contre ce groupe de travail, qu’il accuse de désinformation, de partialité et de malhonnêteté. En effet, les orateurs ont sur-utilisé l’argument de « l’inconnu » pour les cigarettes électroniques, alors qu’un bon nombre d’articles ont déjà été publiés. Les veilles données de la FDA ont été ressorties encore et encore, alors que ces résultats ont été de nombreuses fois contestés. Il semblerait même que la crédibilité de certains chercheurs ait été attaquée afin de discréditer les résultats. Et face à ces critiques, le docteur Farsalinos se retrouve de fait en première ligne. Il est en effet très proche des cigarettes électroniques : chercheur actif sur ce sujet, représentant à la commission ENVI de la Greek Electronic Cigarette Trade Association, il est également en coopération scientifique exclusive avec la société de e-liquide FalvourArt. Il est bien normal qu’en temps que producteur prolifique de recherche sur la cigarette électronique, il soit outré par les fausses informations qui transitent.
      On comprend alors beaucoup mieux les motivations des experts en santé publique, principalement sur deux points. Tout d’abord, ils sont historiquement liés à l’industrie pharmaceutique, non pas tant par intérêts financiers (qui existent parfois malheureusement), mais parce que ces sociétés puissantes sont restées pendant longtemps le seul moyen de lutte contre les cigarettiers. Ensuite, depuis que les Big Tobacco ont commencé à racheter des compagnies de cigarettes électroniques, ils n’ont qu’une seule peur : que l’image des cigarettes électroniques soit « glamourisée » et qu’elles deviennent la nouvelle façon de rendre les gens dépendant. Si l’avenir se dirigeait dans cette direction, la simple existence d’un soutien de l’Europe à la cigarette électronique deviendrait à coup sûr un scandale de santé publique. Et c’est pour eux la chose numéro 1 à éviter.
      Le rapport Dautzenberg de plus en plus attendu

      Cependant, de plus en plus de membres réalisent aussi qu’il pourrait s’agir d’un moyen de sauver un nombre incroyable de vie : le tabac reste en effet la première source de mort évitable dans le monde. Dans la prise de décision de la commission ENVI, le rapport Dautzenberg commandé par la ministre Marisol Tourraine devrait avoir un poids très important pour la suite des événements. Espérons que, tout en étant favorable au principe de la cigarette électronique, ce rapport recommande de conserver la liberté des fabricants de cigarettes électroniques face à ces deux titans du lobbying que sont les groupes pharmaceutiques et les fabricants de cigarettes.

      Et dans tous les cas, pour porter votre voix à la commission, signez la pétition de l’AIDUCE. Vous pouvez aussi écrire à votre député européen. L’eurodéputé Anglais est ainsi devenu un grand convaincu suite à des lettres de citoyens lui expliquant comment leur vie avait changé grâce à la cigarette électronique.

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