mardi 11 septembre 2012

Ces Égyptiens qui font le pari d'Israël......






Vingt mois après qu'une partie des égyptiens ait décidé de prendre la rue pour faire tomber le régime d'Hosni Moubarak – qui était aussi le gardien du traité de paix signé avec Israël – la vision de la relation avec l'état hébreu est malmenée en Egypte.



















Un groupe d'universitaire pourrait cependant s'avérer être un pont vital pour maintenir vivace la communication et les relations entre les deux pays.

Il s'agit de ceux qui, en dépit de tout, manifestent leur intérêt voire leur amour pour l'hébreu.
Chaque année, 6000 étudiants choisissent d'étudier la langue hébraïque plutôt que les langues les plus enseignées : l'allemand, le français ou même le russe.

Même si ce chiffre peut paraître infime dans un pays de plus de 80 millions d'habitants, il croit de manière forte chaque année.
Ces étudiants parlent hébreu, lisent la littérature hébraïque, la traduisent et certains d'entre eux se sont même rendus à plusieurs reprises en Israël.

Tout en restant critiques sur l'attitude d'Israël à l'égard des palestiniens, ces étudiants sont majoritairement favorables au maintien du traité de paix entre les deux pays.
Plus important, ils sont capables de décrypter les stéréotypes antisémites régulièrement véhiculés par les médias égyptiens, et notamment les émissions de la télévision égyptienne

Jusqu'à récemment, Nile TV, une chaine d'état, proposait des programmes en hébreu, notamment quelques heures d'informations, de revue de presse ou de talk shows.

La programmation en a été annulée peu de temps avant la "révolution", officiellement en raison du peu d'audience des émissions.
Mais quelques journalistes et un professeur d'hébreu, Mounir Mahmoud, continuent d'entretenir une page en hébreu sur le site internet de Nile TV.

Pour Mahmoud, bien que le nombre officiel d'étudiants en hébreu soit faible, nombreux sont ceux qui étudient cette langue de manière informelle dans des petits groupes ou des cours privés; ils s'agit de passionnés de la langue qui écoutent de la musique israélienne et lisent l'actualité des sites d'information israéliens.

A la fin de leurs études universitaires, les étudiants en hébreu trouvent aisément du travail dans les services de sécurité égyptiens, dans les médias – comme spécialistes des affaires israéliennes – ou encore dans le tourisme.
Mais certains étudient l'hébreu pour le simple intérêt de la langue.
Treize universités et de nombreux cours privés proposent
l'enseignement de l'hébreu et le Centre universitaire israélien du Caire propose une large bibliothèque d'ouvrages anciens et contemporains.

Hussein Bakr, un étudiant de 25 ans a confié au Jerusalem Post que l'apprentissage de l'hébreu était pour lui " comme l'expérience d'Alice suivant le lapin pour explorer Wonderland".
Son lien avec l'hébreu date du lycée; c'est à cette époque qu'il a décidé de faire des études au département des Langues orientales du Caire.

Ses livres favoris sont les ouvrages du prix Nobel de littérature Shmuel Yossef Agnon mais il est également très friand des auteurs modernes.
Son expression en hébreu est courante et ne serait ce que quelques expressions rarement employées ou l'hébreu ancien, il serait impossible d'imaginer qu'il n'a jamais vécu en Israël.

Pour ces étudiants, l'hébreu n'est pas "la langue de l'ennemi"; "une langue c'est neutre, apolitique", explique l'un d'eux.

Depuis la signature du traité de paix en 1979, les israéliens ont "essaimé" en Egypte, exportant leur culture, développant des liens commerciaux, même si le courant "anti normalisation" a toujours été fort
Ces fans de la culture israélienne attirent souvent l'attention des autorités égyptiennes.

Ainsi Bakr a fait l'objet d'une enquête serrée de la sécurité égyptienne, après une visite un centre universitaire israélien au Caire –mésaventure qu'il a relatée dans les réseaux sociaux israéliens.

La pression est depuis montée d'un cran et Bakr a du discrètement quitter l'Egypte et s'installer aux Etats-Unis où il a demandé l'asile politique.

Si le centre universitaire israélien est toujours ouvert, il a considérablement réduit ses activités culturelles et fait "profil bas"; ceux qui s'y rendent sont soumis à des interrogatoires et surveillances.

Ce qui fait dire à Bakr que le nouveau régime n'est pas différent du régime Moubarak et loin de favoriser la connaissance ou les échanges culturels entre les deux pays.

Mounir Mahmoud, le professeur d'hébreu de Nile TV n'est lui pas très optimiste sur le futur des relations entre les deux états : " de nombreux groupes et mouvements affichent et diffusent des sentiments anti israélien", confie-t-il au Jerusalem Post.

Ali Salem, un dramaturge et journaliste, qui a été le premier égyptien à entrer en Israël par la route, partage la réserve de Mahmoud.
Selon lui, "les deux pays respecteront le traité de paix, ce sera une paix froide, mais la paix cependant", soulignant le rôle des médias égyptiens "qui tout d'un coup semblent avoir tout oublié de ce qu'ils savent d'Israël".

Pour Ali Salem, Hosni Moubarak porte une lourde responsabilité dans cette paix froide : "le Raïs et son entourage ont vécu dans un monde parallèle à la société égyptienne; d'un côté, ils développaient des relations économiques avec Israël et en tiraient profit, tout en développant dans la société une culture de haine à l'égard d'Israël".

" La haine se transmet, elle finit par couler dans les veines", ajoute-t-il.
Depuis Los Angeles, Bakr observe la montée de l'islamisme dans son pays : "seule l'image de l'Egypte a changé pour le moment, mais l'état est le même en dépit de la révolution; la haine d'Israël était déjà présente mais restait cachée. Elle s'exprime ouvertement aujourd'hui".

Selon lui, la politique à l'égard de ceux qui veulent découvrir l'hébreu ou la culturel israélienne sera la même que sous l'ère Moubarak parce " qu'ils savent que si l'on maitrise le langage de l'autre, ses codes, qu'on lit ses livres, on peut ne pas le haïr suffisamment; on peut même ne plus le haïr du tout". (Avec JPost).


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