Amatrice de scooters, j’ai eu l’occasion de tomber quelques fois....
Une nuit à Paris en ratant un séparateur de voie de bus, mon Piaggio s’est envolé.
Les mains accrochées au guidon, je me suis vue transformée en Wonderwoman.
Dépourvue du costume et de la couronne, je me retrouve aux urgences: Un hopital, à Paris, une nuit.
Déposée entre les mains d’un médecin de garde, je le vois arriver une longue aiguille à la main. En hébreu, je lance un mot, traduit à peu près par My godness! ou plus exactement au secours !
Interloqué, le médecin s’arrête et me répond “Shalom !” en me souriant de toutes ses dents ! Je reconnais l’accent palestinien. Un médecin de garde, Brahim, à Paris tout droit venu de Ramallah pour recoudre mon genou abîmé.
En hébreu, on discute, on se reconnaît. Une israélienne et un palestinien. Ensemble dans autre espace géographique. Si heureux de cette complicité unique propre à la région, nous nous racontons nos vies. Il a fait ses études en Israël. Devenir médecin: Israël lui a donné cette chance. Il en est reconnaissant, “à jamais”, me dira-t-il.
A paris en stage, à demi- mot, Brahim me dira un peu le manque de souplesse des gens d’ici. “Tout est carré ici” me lance-t-il en secouant la main un sourire complice. “La bas, chez nous, on n’a pas le temps pour toute cette paperasserie, n’est-ce pas?” Je lui souris.
Ce même Brahim ne m’aurait pas rencontrée en Israël. Ne m’aurait jamais parlé, et je ne l’aurais sans doute jamais entendu me dire “chez nous”. Oui, chez nous , ce bout de paradis.
Le hasard des rencontres loin de notre Proche Orient natal et le miracle opère. En minorité, à Paris, nous nous sentons soudés, unis de cette complicité propre à la chaleur de là-bas. Ce même soir, Brahim aura réparé mon genou, m’aura donné son téléphone, à Ramallah , pour que je rencontre sa femme et ses enfants, m’a-t-il dit en une lueur d’espoir.
On s’est salué. Tous les deux ce soir-là, on a rêvé à la paix.
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