lundi 27 août 2012

Les lumières restent allumées très tard à la Kyria..(Route Menahem Begin )..



  Il est d’autant plus grand de taille qu’il garde le profil bas. Il s’agit du Major Général Benny Gantz, le Chef d’État-major le moins bruyant depuis des années. Il est probablement aussi le Chef d’État-major le plus occupé depuis 67, l’année magique. Son bureau est surchargé comme il ne l’a jamais été chez aucun Chef d’État-major depuis 67.
Il est parvenu à faire prendre conscience de cela à un cercle très restreint de généraux traitant le sujet iranien. Les gens de « la rue Hayarkon » (ndlt : l’Ambassade US à Tel Aviv) peuvent aisément se rendre compte que les lumières restent allumées jusque très tard sur la « Route Menahem Begin » (ndlt : le ministère de la Défense à la Kyria à Tel Aviv). Un nombre minimal des membres du forum de l’État-major sont donc dans le secret : le Chef d’État-major, le Chef des Opérations de Tsahal, les Chef de la Planification, le Chef du Renseignement militaire et le Commandant de l’Armée de l’air.
Ce groupe se réunit régulièrement avec l’échelon politique, c’est-à-dire principalement avec le Premier ministre et avec le Ministre de la Défense. Les débats lors de ces réunions sont ouverts et très focalisés sur l’objectif. La question pour ou contre y est de facto superflue. En fin de compte, les personnes qui donneront le signal de départ sont à chaque fois surpris de nouveau par la créativité du Chef d’État-major pour trouver une solution opérationnelle à tel ou tel problème. La fameuse formule de Moshé Dayan selon laquelle la solution n’est point le choix entre différentes alternatives mais qu’il faut la créer entièrement depuis le début est d’autant vraie pour tout ce qui touche au défi militaire iranien. Que se poursuive encore longtemps la stratégie américaine des mesures politiques et économiques et bien entendu, s’il est décidé d’opter pour une intervention armée, il est nécessaire d’échafauder l’option militaire de la manière la plus convaincante. C’est ainsi que Tsahal voit les choses, à savoir que l’option militaire n’est pas juste un exercice théorique.
La palette des perspectives opérationnelles qui s’offre à Israël ne se résume pas à un choix binaire: tout ou rien. Dans le spectre des alternatives, il y a tout un choix d’actions que Tsahal est en de mesure d’opérer en fonction de la quantité des objectifs et de la synchronisation. Bien entendu, on ne peut pas être plus explicite. Ce n’est pas juste une question d’avions prenant les airs pour une journée de travail, puis qui reviennent.
La signification de telles opérations, comme en a parlé le Major-Général Benny Gantz il y a de cela trois semaines : « Ce qui nous attend est une confrontation sur plusieurs fronts. » Un autre phrase de Gantz reprise par toute la pyramide de Tsahal est : « L’Iran est le seul Etat dans le monde qui développe l’arme nucléaire et qui appelle ouvertement à exterminer un autre Etat. De mon point de vue, toutes les options sont sur la table. Ce n’est pas rien qu’une façon de parler, mais un programme de travail. »
Cela résume ce que Tsahal fait. L’impression selon laquelle quelqu’un en haut de la hiérarchie militaire baisse les bras et considère ou affirme qu’une offensive sur l’Iran est au-dessus de nos capacités n’est qu’une tentative de désinformation de la part des gens des médias dont la motivation est de nature politique.
La question de l’approche américaine constitue effectivement un problème difficile pour Tsahal. D’un point technique militaire, Tsahal n’a point besoin de coordination avec les Américains. La crainte qui subsiste est que ces derniers intercepteront la date de lancement de l’offensive et feront tout pour la faire annuler. Ces deux dernières années, les Américains n’ont pas donné aux Israéliens la sensation qu’ils sont partenaires authentiques sur le plan opérationnel. Au contraire, dans Tsahal, on identifie chez eux des efforts de faire annuler une action contre l’Iran. Ceci ressort de façon flagrante par les fuites graves concernant les préparatifs en Azerbaïdjan et au Kurdistan en leur temps, et maintenant avec la publication des trajectoires aériens vers l’objectif, tout cela made in notre allié, en collaboration avec l’une des plus importantes des plateformes médiatiques en Israël, employée à octroyer des services de soutien à l’Administration Obama contre le Gouvernement d’Israël (ndlt : le quotidien Haaretz). En retour, les Américains fournissent une partie des archi éditorialistes du pays en information sabotante.
Ce qui est préoccupant, c’est que les lettres ouvertes et les pétitions, ainsi que certaines colonnes dans la presse, ont un impact négatif sur l’Armée. Cette influence est toutefois marginale, mais elle engendre une sensation pas très bonne concernant l’arrière et une partie du public israélien. Les publications systématiques d’une partie des médias sur « l’état de préparation de l’arrière » fournissent des renseignements de prime importance pour l’ennemi équipé de missiles. Au gens de la « rue Hayarkon », cela leur offre la matière première pour leurs rapports sur « l’état d’esprit » en Israël. Ce qui confirme une fois de plus de plus qu’il vaut mieux agir tôt que trop tard. La vague de publications ces dernières semaines a été incitée par l’échelon politique pour diverses raisons et il est possible qu’une partie des développements n’aient point été prévus.
Assiégés
On appelle cela « débat public » mais cela ressemble plus à du pataugeage dans l’égout du coin. Une partie du système public, mais surtout les médias et toutes ses interfaces culturelles, sont plongés dans une boulimie de  « criardisme », de haine, de décadence et en général, c’est l’oscillation folle de l’aiguille de la boussole morale et intellectuelle. Les décibels du vacarme médiatique autour de l’affaire iranienne ont réveillé même des observateurs sociaux qui n’ont pour coutume de couvrir ces sujets, qui de façon inhabituelle, se mettent à poser des questions de novices sur chaque point de détail.
Il n’est point surprenant que des gens intelligents se mettent à poser des questions sur l’ensemble du système national de prises de décision concernant le nucléaire iranien. Ils n’obtiennent tout simplement pas le minimum de feed-back intelligible de la part de qui est censé leur fournir une partie des explications – les médias israéliens. Une personne qui ne consulte pas les médias américains sur l’internet, ne peut point obtenir le minimum d’informations pour la tenue d’un débat public. De toute manière, très peu de personnes ont accès à l’information secrète de référence. Il y a tellement d’implications touchant au domaine politique des relations Israël/Etats-Unis, l’économie, la position européenne, etc. Tous ces sujets fondamentaux arrivent dans l’espace des médias israéliens préoccupés par Shoushan Berby (ndlt : affaire criminelle défrayant la chronique) et l’augmentation du prix du pain.
Ce qui est préoccupant dans tout ce remue-ménage, c’est qu’autour de nous, la situation ne fait qu’empirer. La Syrie est plongée actuellement dans un bain de sang, toutefois, à part le Golan qui maintenant devient une nouvelle lice ouverte au terrorisme, Israël revient à sa situation d’origine de pays en état de siège. Il y a le problème de l’armement nucléaire de l’Iran, mains s’ajoute au Liban hezboléen et à la Bande de Gaza hamassienne l’Egypte comme ennemi potentiel.
Jusqu’à très récemment, l’Egypte avait l’air d’être aux prises avec un chaos interne d’imbroglio d’attribution d’autorités contradictoires, d’organismes gouvernementaux paralysés et d’une armée ayant ses intérêts particuliers. Finito ! Le Président Morsi a prouvé qu’il sait faire la transition d’un général Mouhamad Nadjib castré en un colonel Abd Gamal Nasser en l’espace de quelques semaines. Moubarak a chuté il y a un an et demi. Il était clair que pour Israël, ce n’était pas le printemps arabe, mais le début d’un compte à rebours du retour de l’Egypte dans le giron des Etats ennemis. Deux mois après la chute de Moubarak, les experts israéliens commençaient à prophétiser sur l’avenir. Tsippi Livni était alors encore présente. Il était communément prévu qu’Israël devait se préparer face à un ennemi égyptien potentiel dans les quatre, cinq ans à venir, au plus tôt.
Est-ce que les Egyptiens sont déjà prêts à faire la guerre contre Israël ? Les chroniques de la presse ne répondent pas à cela, mais Morsi y a répondu cette semaine en disant qu’il a l’intention d’aboutir d’une manière ou d’une autre à un conflit avec Israël. De facto, il a déjà brisé les accords de paix en introduisant des blindés et des avions de chasse dans le Sinaï, « pour combattre le terrorisme ». Quand Moubarak est tombé, tout le monde a été surpris  quand il s’est avéré que Tsahal ne s’était pas préparé à l’éventualité qu’un de ces jours, le front dans le Sud du pays réapparaitrait.
On est en droit de supputer que sur la question égyptienne, il y a également des « divergences de vues » entre Israël et les Etats-Unis, pas uniquement sur la question iranienne. L’un des analystes aux Etats-Unis a écrit cette semaine que le problème de l’Etat d’Israël est qu’il ne peut sans les Américains et qu’il ne peut avec les Américains. Ceci du fait que l’Administration Obama a été le facteur essentiel dans la chute du Moyen Orient et dans la perte de l’Egypte. Cette Administration ne saisit absolument pas les nouveaux dangers dont presque tout un chacun en Israël est conscient, s’il n’a pas signé la pétition appelant les pilotes de chasse à l’insubordination – pas seulement conscient, mais ressentant ces dangers dans sa propre chaire. De sorte que les Israéliens perçoivent que « l’Alliance » avec les Américains ne signifie plus grand-chose. Il est vrai qu’Israël est encore fourni en équipement, mais n’obtient aucune coordination et compréhension de la part des Américains. Ainsi, l’Administration Obama démontre avoir relégué les relations Israël/Etats-Unis aux journées antérieures à 1967. Les Egyptiens violant le traité de paix se sentent beaucoup plus assurés du soutien politique, économique et militaire américain que les Israéliens menacés.
Concrètement, le danger qui se profile du côté de l’Egypte est fonction de la relation qui se resserre entre les Frères musulmans et le Hamas. Les troupes égyptiennes introduites dans le Sinaï et au Nord du Sinaï serviront de bases arrière de soutien au Hamas et leur rôle en temps de crise consistera à dissuader Israël d’entreprendre une vaste opération de neutralisation des capacités terroristes et de tirs de missiles dans la Bande de Gaza. Israël n’a point le choix, si ce n’est de constituer dans la hâte une force pouvant se mesurer avec l’Armée égyptienne.
Les yeux fermés
Est-ce que quelqu’un aurait eu vent ce qu’il est advenu de la lettre des écrivains et des artistes ayant soumis un ultimatum au Premier ministre ? Que désirent Ahinoam Nini (la chanteuse connue en France sous le nom d’artiste « Noa »), Dorit Rabinian et leurs partenaires Nir Baram, Amos Oz et tous les autres ?
Il semble que l’accueil glacial dont ils ont eu droit n’a pas été seulement de la part du Gouvernement, mais des médias aussi qui n’ont pas été enchantés par cette manœuvre. Il y a également, cette pétition infantile, en quelque sorte un appel à la rébellion, qui est devenue un avorton politique et qui a laissé les visages des signataires entachés. Certains parmi ceux qui ont appelé les pilotes de chasse à ne pas obéir à un ordre d’éventuelle offensive sur l’Iran n’ont pas bien réfléchi à ce que signifient leurs signatures sur cette pétition.
Il est étonnant que des juristes de premier plan ne comprennent pas non plus les implications de ces signatures. Dans le débat libre en Israël, de nombreuses approches sont exprimées et les médias sont tout à fait tolérants à des opinions iconoclastes, voir extrémistes. Toutefois, apposer sa signature sur un document, en général sur une lettre ou sur une pétition, cela signifie quelque chose. Celui qui a inventé cette technique politique savait très bien ce qu’il faisait. La signature d’une personne sur un document fait de celui-ci un contrat, en quelque sorte. La signature enferme dans un engagement psychique. Toutefois, il ne s’agit d’engagement pécuniaire, mais seulement de « capital » moral, politique. Une signature sur une procuration morale et politique pèse comme un boulet. Elle a un prix. Dans le futur, il y aura d’autres sollicitations à signer et le prix de l’absence de signature sera inscrit par les « caissiers » du milieu universitaire israélien et occidental. Sages, soyez prudent avec vos signatures.
Pourtant, ces développements ont jeté la lumière sur une transition historique. Dans le passé, mais seulement a posteriori, il s’est avéré que la droite avait été moralement et politiquement dans le vrai. Ces deux dernières semaines ont positionné la droite pour la première fois en temps réel sur un plan de moralité supérieure alors que la gauche s’est retrouvée en contrebas. La droite s’est retrouvée dans la position du défenseur de la démocratie alors que l’extrême gauche achevait son OPA sur la gauche sioniste. Les instincts primaires ont mené les faiseurs d’opinion de la gauche à l’adoption d’une prise de position anti israélienne comme prioritaire à la défense de la démocratie. Après que la gauche a investi tant d’efforts ces deux dernières années pour dépeindre Israël comme anti-démocratique, Il s’est avéré qu’attaquer Israël est plus primordial que la démocratie elle-même. Tous les pions de la gauche et ses représentants dans la presse sont au garde à vous pour apporter soutien à l’Administration Obama dans ses efforts de destabiliser le Gouvernement israélien, et cet aspect les a plus séduits que l’attachement naturel au processus démocratique. Celui qui a mené vers cet abime, c’est le joueur de flute du quotidien Haaretz qui avait appelé les officiers supérieurs de Tsahal à faire échouer le leadership politique d’Israël, voir à aller plus loin.
David Grossman est en ballotage entre Jean-Paul Sartre d’une part, et entre Günter Grass d’autre part. Sartre avait incité à la rébellion, mais, comme l’avait dit De Gaulle : « Sartre aussi, c’est la France ». De même Grossman, que personne ne peut nier qu’il est d’Israël, Israël l’Etat, la société et Israël comme terme général connu. Je serais heureux si Grossman nous expliquait ce qui le différencie de Günter Grass.

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