mardi 31 juillet 2012

REGARDEZ - J'ai été vendeur à la sauvette.....


De nombreux vendeurs à la sauvette sévissent dans les rues de Paris.
De nombreux vendeurs à la sauvette sévissent dans les rues de Paris. © Jacques Demarthon / AFP

VIDÉO. Nous avons envoyé deux journalistes dans les rues de Paris se mettre dans la peau des vendeurs à la sauvette. Récit.

Pendant l'été, ils pullulent un peu partout dans la capitale et proposent des babioles aux touristes en goguette. Est-ce un job rémunérateur ? Une activité facile ou un sacerdoce dangereux ?

L'approvisionnement

Pas facile de se démarquer des vendeurs de tours Eiffel, de stylos ou de cartes postales. Pour une raison pratique, et parce que la température dépassait allègrement les 30 °C, nous avons décidé de nous lancer dans la vente de bouteilles d'eau. Partis tôt le matin, munis de sacs isothermes et de glaces, nous chargeons la marchandise dans deux seaux. 
Le site de la tour Eiffel semble l'un des plus appropriés. Plus de sept millions de touristes par an grimpent sur le plus haut monument de la ville. Aux abords du quai Branly, le premier contact est délicat. Ignorés par les passants, nous continuons à essayer de vendre les premières bouteilles. Pas habitués à ce type de travail, nous ne prenons pas garde. Erreur fatale. Sur leur vélo, les forces de police mettent fin à notre entreprise, qui n'aura duré finalement qu'une quinzaine de minutes.

11 h 17: interpellation

"Vous ne pouvez pas rester là, même les journalistes ne peuvent pratiquer la vente au marché noir sans l'autorisation du commissariat de l'arrondissement, nous avertit gentiment un des deux policiers. De toute façon, avec les caméras de surveillance, une autre patrouille viendra vous déloger dans peu de temps." Depuis juin 2012, plus de 1 100 caméras enregistrent les faits et gestes des passants dans les rues de Paris.
Les vendeurs à la sauvette ne s'approchent presque plus des sites de la tour Eiffel et du Champ-de-Mars. Un véritable travail de sape, mis en place par la mairie du 7e arrondissement, a fini par endiguer le phénomène. Aidés par les caméras de surveillance, les policiers en voiture, à vélo ou en civil surveillent la place constamment. Le peu de vendeurs qui s'y tentent se font intercepter immédiatement. 
Malgré la loi Lopssi du 17 mars 2011, qui punit dorénavant les vendeurs d'une amende de 3 750 euros et de 6 mois d'emprisonnement, le système est peu appliqué. Souvent sans papiers, les policiers se contentent de réceptionner ou de détruire la marchandise. Les forces de l'ordre arrêtent quelquefois les individus, mais les relâchent généralement au bout de 24 heures de garde à vue.

13 h 37: vente de la première bouteille

Nous décidons donc de suivre en partie l'avis des forces de l'ordre pour nous déplacer vers un endroit moins surveillé. Protégés par les pylônes du métro aérien, nous nous postons à la station de métro Bir-Hakeim, un endroit de passage assez fréquenté. Cette fois-ci, aucune chance de se faire intercepter par nos chers amis policiers. Tournant la tête de gauche à droite constamment, les réflexes se prennent assez vite.
Malgré toute l'énergie dépensée, le résultat reste le même : aucune bouteille vendue en plus d'une heure. Pire que l'échec financier, c'est l'absence de regard des passants qui nous accable le plus. Tels des spectres, les gens nous ignorent complètement. 
À la Suite de cet échec commercial, nous décidons de réduire nos prix. Passant de 50 à 30 centimes, nous connaissons nos premiers succès. Tel un déclic, ce premier contact attire de nouveaux passants. Les premières bouteilles partent, les gens se font plus souriants, l'échange est plus facile.

Contact avec un vendeur

Aboubakar surveille tous les angles de la station Bir-Hakeim. Il ne faut absolument pas se faire remarquer par les forces de l'ordre. Muni de ces innombrables tours Eiffel, la journée durant, il tente, avec ses collègues, de vendre ces bibelots sur leur territoire. De toutes tailles, illuminés, en porte-clés, il y en a pour tous les goûts.
"Moi, ce que je veux vraiment, c'est obtenir des papiers. C'est mon objectif prioritaire", nous explique Aboubakar. L'homme, père de deux enfants, a quitté le Gabon depuis huit ans. En France, il vivote entre petits boulots dans les restaurants et vente à la sauvette. Son salaire, qui peut varier entre 500 et 800 euros, n'est pas suffisant pour vivre : "Je peux à peine payer mon loyer et acheter de la nourriture pour mes enfants, ma femme et moi."
Tout en répondant aux questions, Aboubakar reste vigilant. En pleine conversation, il part calmement de l'autre côté de la station tout en rangeant son barda. Effrayé par une voiture de police, l'homme ne souhaite pas perdre ses tours Eiffel. Selon les vendeurs, les policiers réquisitionnent le sac de marchandises et peuvent prendre, aussi quelquefois, l'argent récolté durant la journée.
17 heures : fin de la journée
Pour échapper aux policiers, le secret des vendeurs à la sauvette reste la mobilité. Il ne faut pas s'encombrer d'objets inutiles ou trop encombrants. De la tour Eiffel à Bir-Hakeim en passant par Notre-Dame, munis de notre sac, la route est longue et fatigante. Aux abords de la cathédrale, les visages vides et hagards, nous déposons les armes. Avec à peine 10 euros, le butin n'aura pas été fructueux. Triste destin d'un vendeur à la sauvette...
REGARDEZ Le Point.fr se met dans la peau des vendeurs à la sauvette pendant une journée :
 

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