lundi 23 juillet 2012

Le 9 av, en attendant le troisième Temple (8 août av 7)



Du  9 au 10 av 3828 du calendrier hébraïque, voici 1944 ans, la splendeur de Jérusalem est réduite en cendre. Mais un peu plus d’un demi-siècle plus tard, se profila une lueur d’espoir, en l’an 3892, c’est-à-dire il y a 1880 ans.


Par Yéochoua Sultan


La dernière période d’indépendance qu’ait connue le peuple d’Israël, avant la renaissance de son Etat, a duré trois ans. Avec Shimon Bar Kokhba, l’espoir renaquit de ses cendres. Rabbi Aqiva, maître incontesté du Talmud, auteur d’une partie importante de la Mishna, avait vu en lui l’espoir de la restauration de la royauté perdue avec la destruction du Second Temple. Du  9 au 10 av 3828 du calendrier hébraïque, voici 1944 ans, la splendeur de Jérusalem est réduite en cendre. 


Mais un peu plus d’un demi-siècle plus tard, se profila une lueur d’espoir, en l’an 3892, c’est-à-dire il y a 1880 ans. Après une période victorieuse où l’ennemi fut chassé hors des frontières de la Judée, l’empire romain, avec à sa tête l’empereur Hadrien, de sinistre mémoire, déplaça ses meilleures légions cantonnées en Bretagne pour écraser dans le sang les insurgés, exterminant ainsi toute présence juive d’une bonne partie des territoires que les nations nous contestent à nouveau aujourd’hui.


La Grande Révolte commence donc moins de soixante-dix ans après la destruction du Temple. Le centre spirituel, avec Raban Yo’hanan Ben Zacaï,  est transféré de la capitale assiégée pour s’installer à Yabné. Rabbi Yéochoua Ben Hananya, disciple du précédent, conjure les siens de ne pas se révolter, voyant dans la survie du peuple juif et de sa présence sur sa terre une tragédie comparable au passage dans la gueule d’un lion duquel on se serait sortis vivants. 


Pour lui, la Torah est sauvée, et, par la même occasion, l’âme du peuple. Le Temple, quant à lui, sera reconstruit, même si sa génération risque fort de ne pas y assister. Personne, parmi tous les Sages, ne s’oppose à la reconstruction. Le clivage consiste uniquement en une question de temps. Pour tous, il finira par renaître, puisque tel est le programme divin, les dates étant la grande inconnue.


Bar Kokhba a même frappé de la monnaie, le tétra drachme, portant la mention: « Pour la liberté de Jérusalem ». Les décrets de l’oppresseur sont extrêmement pénibles. Par ironie, les Romains, avec le successeur de Titus, Domitien, ont exigé que les prélèvements financiers apportés comme offrandes pour le Temple, comme le demi-sicle,  soient détournés en impôts pour renflouer leurs caisses.


Les premiers signes de la révolte, qui est loin d’avoir représenté un sursaut spontané irréfléchi, se firent sentir environ vingt ans plus tôt avec les communautés qui se trouvaient à la périphérie: en Cyrénaïque, à Chypre et en Egypte, alors que l’empereur Trajan se battait contre l’empire parthe. Pendant la révolte des Juifs de la diaspora, la situation était relativement calme en Judée, sous la domination du gouverneur intransigeant Lucius Quietus.


Hadrien remplaça Trajan, mais il ne voyait pas à prime abord d’intérêt suprême à l’extension illimitée de l’Empire Romain. Il entreprit des travaux tendant à délimiter son territoire par une muraille, dont la muraille d’Hadrien en Bretagne. On eût pu le prendre pour un homme modéré.


Un témoignage numismatique révèle la fondation d’une ville idolâtre et helléniste, Aelia Capitolina, sur les ruines de la ville sainte. Cette pièce montre l’empereur Hadrien debout derrière un soc, labourant le sol de Jérusalem. Un autel voué au culte de Jupiter fut érigé sur l’Esplanade du Temple.


Le terrain qui a vu la révolte est entouré géographiquement de Bet-Horon,  Beitar et Beth-Gouvrin, du Nord au Sud ; de Ein-Guedi à Maalé Adoumim sur le front Est, les limites à l’Ouest s’étendant jusqu’au bas de la zone montagneuse. Les insurgés ont préparé une importante infrastructure de grottes et de passages souterrains.


Osbius témoigne: « Au summum de la guerre, à la dix-huitième année du règne d’Hadrien, la ville de Beitar fut assiégée. C’était une imposante citée fortifiée, près de Jérusalem. À la longue, les insurgés ont succombé à la faim et à la soif. » La chute de Beitar s’est produite elle aussi, un 9 av. Les habitants de la ville n’ont pas été enterrés pendant trois ans, car les Romains ne le permettaient pas. Ce n’est qu’au terme de cette période qu’ils furent ensevelis. Ceux qui étaient entrés dans la ville en ruine furent témoins d’un fait miraculeux: les dépouilles étaient intactes.


985 villes et villages ont été rayés de la carte de la Judée. 585 000 soldats ont péri dans les combats, les épidémies et la faim, sans compter les millions de femmes, d’enfants et de vieillards que les Romains assassinaient sans distinction, c’est ce que rapporte l’historien Dion Cassius. Cet extrait du Talmud parle de lui-même: « Rabbi Yohanan a dit:  » trois cents cerveaux de nourrissons avaient été répandus sur un seul rocher. » »


Dans le livre des prières et lamentations du 9 av, un auteur, du nom de Samuel, rapporte le nombre effrayant de quatre millions de Juifs assassinés, entre la destruction du second Temple et les différentes campagnes de répression romaine (Lamentation commençant par les mots : שאי קינה במגינה: élève ta plainte dans l’affliction. « … quatre cents myriades, et la voix d’un homme droit, étouffée par le nuage, empêchée d’atteindre D. ; ils m’ont frappé et blessé… » ). C’est fâcheusement l’ignorance sur cette hécatombe qui fait que certains décideurs de la politique israélienne ne se réfèrent qu’aux événements de la seconde guerre mondiale comme motif de la défense d’un Etat juif souverain. Ils ne font pas le rapprochement entre l’aspect désertique de la région limitrophe de Jérusalem ou son occupation par des éléments étrangers et les massacres perpétrés par les Romains. Les implantations juives de Judée-Samarie et les points de peuplements ne sont qu’une faible ébauche de la splendeur effacée par la puissance européenne.


Mais les Juifs, malgré la cruauté de l’oppresseur, ont su résister à l’occupant. En effet, Hadrien, lors de son discours au Sénat, n’a pas employé la formule de rigueur qui ouvre tout discours en signalant la paix des légions romaines. Des mesures antijuives draconiennes ont été prises par le pouvoir d’Hadrien: l’interdiction de la circoncision, de garder le shabbat et de nommer de nouveaux rabbins et d’étudier la Torah datent de cette époque.


C’est encore ce même empereur qui méprisa les Sages du Talmud, avec les tortures et l’exécution des Dix Martyrs: Rabbi Yichmaël Ben Elicha Cohen Gadol, Rabban Shimon Ben Gamliel Hazaken, Rabbi Hanina Ben Téradion, Rabbi Aqiva, Rabbi Yéhouda Ben Baba, Rabbi Houçpit Hamétourguéman, Rabbi Ychbav Hassofer, Rabbi Elazar Ben Chamoa, Rabbi Hanina Ben Hakhinaï, et Rabbi Yéhouda Ben Dema.


Les exemples ci-dessous sont édifiants, et ils montrent la détermination et l’engagement personnel des Sages d’Israël, prêts à défendre le judaïsme au péril de leur vie, d’une part, et la cruauté des Romains, Hadrien à leur tête, d’autre part.


 Rabbi Ychmaël, qui comptait parmi les sept hommes les plus beaux de la terre, plut à la fille de l’empereur qui le vit au moment où il allait être exécuté. Elle demanda la peau de son visage qui lui fut arrachée alors qu’il était en vie. Elle la fit conserver afin de pouvoir toujours la contempler. D’autres souffrances atroces lui furent infligées jusqu’à ce que mort s’ensuive.


Rabbi Hanina Ben Teradion fut brûlé avec un rouleau de la Torah. Pour prolonger le supplice, les Romains avaient entouré son corps d’éponges imbibées d’eau. Pendant que le parchemin était dévoré par les flammes, les lettres s’envolaient dans les airs.


Rabbi Aqiva a été écorché vif, et il proclama l’unicité de Dieu en rendant son âme au Créateur. Il s’était toujours demandé s’il aurait le courage et le mérite de pouvoir mourir en sanctifiant Son Nom.


Les Romains, malgré l’atrocité des massacres qu’ils ont perpétrés en Palestine – ce nom ayant été imposé dans le but de faire oublier la relation entre les Judéens et la Judée – , ne sont pas parvenus à en effacer définitivement la judéité – la clôture de la Mishna a pu y être réalisée environ deux cents ans plus tard – pas plus que les Arabes qui avaient commencé avec le massacre des Juifs de Madian, ou que les Espagnols ou les nazis. Aujourd’hui, les nations se liguent pour attaquer à nouveau Jérusalem, mais le peuple d’Israël se rétablit peu à peu, en attendant la restauration complète de son Etat et de sa ville, avec le Troisième Temple.


Le Talmud rapporte que Rabbi Aqiva se mit à rire, lorsqu’il vit un renard sortir de l’enceinte du Temple détruit. Aux autres Sages qui ne le comprirent pas, il expliqua que la réalisation des prophéties qui prévoyaient la destruction était la confirmation et l’introduction aux prophéties de la restauration. La ville de Beitar, rebâtie il y a vingt-sept ans, compte aujourd’hui près de trente mille habitants. Puissions-nous assister à la réédification du Temple de Jérusalem, et à la rédemption totale, même si notre mérite est insuffisant, au nom des souffrances endurées par Son peuple depuis 1944 ans.


Yéochoua Sultan pour israel-flash

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