Avignon, les femmes ont-elles le beau rôle dans le spectacle vivant ?
Alors que le Festival d’Avignon s’ouvre samedi 7 juillet, des voix dénoncent la sous-représentation des femmes aux postes stratégiques du spectacle vivant et s’interrogent sur l’instauration de quotas pour établir la parité. Evene a enquêté sur un sujet qui reste tabou.
La culture, un modèle de progrès et d’égalité hommes/femmes ? Oh que non ! On en est fort loin, si l’on en croit le dernier rapport livré par la chef d’orchestre Laurence Equilbey en juin dernier et présenté au sénat par la SACD (Société des auteurs et compositeurs dramatiques). Des résultats sans appel sur le sexisme qui sévit dans le milieu artistique – une statistique parmi d’autres : 81,5% des postes dirigeants de l’administration culturelle sont occupés par des hommes. Et ce déséquilibre touche l’artistique autant que l’administratif. À tel point que le « groupe d’action féministe » La Barbe, déjà à l’origine d’une tribune cinglante dans Le Monde déplorant l’absence de réalisatrices en compétition officielle Festival de Cannes (« Les femmes montrent leurs bobines, les hommes, leurs films. »), jouaient quelques jours plus tôt les trouble-fêtes lors de la présentation de saison du Théâtre de l’Odéon. Son nouveau directeur, Luc Bondy, ne trouvant rien à redire à sa programmation (14 spectacles signés par 14 metteurs en scène hommes), n’en est toujours pas revenu.
Cécile, membre du mouvement d’action féministe la Barbe explique les racines du problème : on oppose systématiquement aux quotas « la sacrosainte liberté de l’artiste ». « Dans les milieux culturels, ajoute-t-elle, on ne parle pas de hiérarchie, on ne parle pas de « patrons ». Alors que les différences de salaires sont les mêmes qu’à EDF et que le plafond de verre existe aussi ! » La vérité, difficile à entendre pour les acteurs du secteur culturel, est pourtant bien là : les inégalités se situent autant au niveau administratif qu’artistique. Blandine, membre fondatrice et ancienne présidente du mouvement pour l’égalité des sexes dans la culture H/F Ile de France, explique que ces inégalités se font dès l’écriture et la distribution des rôles : « Sylvie Cromer a mené une étude qui montre que dans le théâtre jeune public ou la littérature enfantine, les personnages qui arrivent en tête sont les hommes, puis les petits garçons. » Même phénomène dans les autres genres : depuis Shakespeare, les rôles sont écrits majoritairement pour des hommes. Dans cette filière masculine, où sont les femmes ? Réponse donnée par Luc Bondy, lors de l’action Barbe à sa présentation de la saison 2012 / 2013 à l’Odéon. « Il y a des femmes dans mon théâtre », a-t-il lancé avant de préciser qu’elles sont… « à la communication ! » « Si tu nous reçois en tutu, tout se passera bien… »
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