jeudi 31 mai 2012

L'interminable chute de TF1...



L'âge d'or de TF1 n'en finit plus de finir. Le départ annoncé de Laurence Ferrari du JT de TF1, qu'elle a justifié par "une envie profonde de renouveau", laisseentrevoir, en arrière plan, un certain malaise de la chaîne face à des audiences qui déclinent inexorablement. En cause, une conjonction de multiples facteurs : la concurrence de la TNT d'une part, une préférence accrue pour l'information télévisée présentée sur France 2 d'autre part et, peut-être, quelques échecs - émissions de télé-réalité et infos contredites - qui ont entaché son image... Chronologie d'une lente perte de leadership.
  • 1987 : L'entrepreneur Francis Bouygues achète, pour près de 3 milliards de francs, la chaîne jusqu'ici publique.
  • 1997 : Dix ans après sa privatisation, Le Monde constatait déjà qu'"année après année, l'audience de TF1 baisse". La chaîne reste pourtant "largement dominante".
  • 2004 : Patrick Le Lay, alors PDG de TF1, prononce une phrase qui restera dans les mémoires : "Pour qu'un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible, c'est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible."
  • 2005 : Lancement de la TNT, qui multiplie l'offre de chaînes par trois et provoque un éparpillement de l'audience, défavorable à la chaîne dominante. 
  • 2007 : L'audience décroche et passe sous la barre des 30 %.
  • 2009 : TF1 est contrainte de publier un avertissement sur ses résultats, pour la première fois depuis sa privatisation. Les recettes publicitaires de la chaîne ont plongé, et le groupe affiche, au premier trimestre 2009, un résultat opérationnel en chute de 55 %. L'agence de notation Standard & Poor's annoncé la baisse d'un cran de la note de la dette à long terme du groupe audiovisuel, de "BBB+" à "BBB". Elle s'inquiète notamment de "la sévérité de la baisse du marché publicitaire télévisé".
  • Février 2010 : Fiasco de la soirée consacrée à "La Ferme célébrités", qui attire "seulement" 18,3 % de parts d'audience. Certains observateurs parlent"d'accident industriel" et tirent une comparaison avec le jeu de téléréalité médiéval "Le Royaume", échec retentissant en 2006.  
  • Avril 2010 : Le reportage "Mon voisin est un dealer", premier numéro du magazine Haute Définition, est accusé de "porter préjudice à la commune" de Tremblay-en-France et de "stigmatiser ses habitants" par le maire communiste François Asensi, qui porte plainte contre TF1.
  • Décembre 2010 : Arnaud Montebourg, tout juste candidat à la primaire socialiste, déclare que TF1 est "la télévision de la droite, c'est tout. C'est la télévision des idées qui détruisent la France, la télévision de l'individualisme, la télévision du fric, la télévision du matraquage sur l'insécurité." 
  • Avril 2011 : L'émission de téléréalité "Carré ViiiP" est brusquement arrêtée, les audiences n'étant visiblement pas séduites par un programme largement critiqué pour son mauvais goût. Nonce Paolini, le patron de la chaîne, et Virginie Calmels, d'Endemol, ont même été convoqués par le CSA. TF1, qui affichait habituellement une part d'audience de 24 % sur la case du vendredi en début de soirée, est descendue à 13 % pendant l'émission.
  • Juin 2011 : Faux témoignage dans le journal de Jean-Pierre Pernaut. Un reportage sur le contrat de responsabilité parentale réalisé par la filiale télévisuelle de Nice-Matin présente un témoin comme une mère de famille, alors qu'il s'agit en réalité de l'attachée de presse, sans enfant, du président du conseil général, le député UMP Eric Ciotti.

    La "bourde" survient quelques mois après d'autres erreurs du même acabit : Jean-Pierre Pernaut se trompant sur un cours de la Bourse ou Laurence Ferrari présentant un reportage sur Benoît XVI qui aurait "ouvert pour la première fois les coulisses du Vatican à une équipe de TF1", alors que les images avaient été tournées en 2007 par CTV, le Centre de télévision duVatican.
  • Août 2011 : Condamnation de TF1 par le CSA, pour l'émission "Qui veut épouser mon fils ?" présentant un "traitement avilissant, rabaissant la femme au rang d'objet".
  • Septembre 2011 : TF1 annule au dernier moment la diffusion d'un reportage sur l'enquête de Karachi et le financement de la campagne d'Edouard Balladur, qu'elle diffusera le lendemain dans son JT, après une réunion entre la Société des journalistes de TF1 et la direction, selon le site Arrêt sur images.
  • Septembre 2011 : "Nous ne faisons plus aucun complexe vis-à-vis du leader [TF1]", lance Nicolas de Tavernost, président du directoire de M6. Malgré la concurrence de la TNT, la chaîne privée progresse. La chaîne a été privatisée en même temps que TF1 en 1987. Sa capitalisation boursière avait, pour la première fois, dépassé celle de TF1 en 2009. 
  • En 2011, TF1 a réalisé 99 des 100 meilleures performances de l'année, même si l'écart entre les JT de Laurence Ferrari et de David Pujadas ne cesse de se resserrer. Au point que sur de grands rendez-vous télévisuels, comme les noces royales de Kate et William, l'union monégasque de Charlène Wittstock et du Prince Albert, ou encore l'hommage aux soldats français morts en Afghanistan, France 2 dépasse TF1. 
    >> Lire l'article : "TF1 en quête d'assurance"
  • Campagne présidentielle de 2012 : Pendant le débat du 2 mai entreFrançois Hollande et Nicolas Sarkozy, France 2 réunit un million de téléspectateurs de plus que TF1 (9 millions contre 8 millions). Idem lors de la soirée eléctorale du 6 mai, lors de laquelle France 2 réunit 26,6 % de parts d'audience contre 21,6 % pour TF1.

    Le lendemain, le 20 heures de David Pujadas talonne celui de Laurence Ferrari. Le 16 mai, lors de l'interview du premier ministre Jean-Marc Ayrault, il devance même brièvement celui de TF1. "Pour autant, notre journal reste largement leader. Sur le début de l'année, la moyenne est de 6,5 millions de téléspectateurs pour TF1 et 5,2 millions pour France 2", se défend Catherine Nayl (lien payant), directrice de l'information de TF1.

    La chute de TF1 est-elle scellée ? La chaîne a perdu 17 points par rapport à la soirée du premier tour de l'élection présidentielle de 2007, soit 4 millions de téléspectateurs en moins. TF1 faisait alors près du double de France 2. 

Des résultats minés par le repli de l'audience et de la pub
Le 14 mai, TF1 a annoncé un bénéfice de 36,4 millions d'euros au premier trimestre, en baisse de 24,5 % par rapport à la même période en 2011. Si les résultats du premier trimestre du groupe présentent un chiffre d'affaires en hausse de 2,3 % par rapport à 2011, à 628,6 millions d'euros, c'est grâce à "ses autres activités", dont le chiffre d'affaires progresse de 10,7 %. Pour "la Une", le repli de l'audience entame la résistance de la régie publicitaire.
Quant au titre TF1 en Bourse, il a abandonné 13 % depuis le 1er janvier 2012, a chuté de 50 % en douze mois et de 76,5 % en cinq ans.

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