jeudi 17 mai 2012

la Parasha de la semaine. Behoukotai 5772



Le secret des feux de joie pour Rabbi Chim’on bar Yo’haï
(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)
Récemment a eu lieu la hilloula du tsaddik Rabbi Chim’on bar Yo’haï, un Tanna envers qui toutes les générations ressentent un lien particulier. De nombreux livres rapportent les récits de ses exploits et actes de bravoure en précisant qu’il dominait aussi bien les sphères supérieures qu’inférieures. Dans les sphères supérieures, D. décrétait et lui pouvait annuler le décret, ou alors lui décrétait et D. accomplissait. Il est en effet mentionné à plusieurs occasions dans le Zohar (Zohar ‘Hadach page 33) : « A ce moment-là, une voix céleste a déclaré ‘Heureux est ton sort Rabbi Chim’on, car D. a décrété en-Haut et tu as annulé en bas. C’est certainement à ton sujet qu’il est dit ‘Il accomplit les désirs de ceux qui Le craignent’. » On rapporte également qu’il avait un pouvoir sur l’ange de la mort et sur ses émissaires. Par ailleurs, dans ce monde-ci il avait également un pouvoir sur les hommes et les animaux, et D. l’en glorifiait dans les mondes supérieurs.

Comment Rabbi Chim’on bar Yo’haï a-t-il mérité tout cela ? C’était un tsaddik, un pilier du monde au sujet duquel on chante « C’est seulement pour toi que ‘Faisons l’homme’ a été proclamé », ce qui signifie que la venue au monde de l’âme de Rabbi Chim’on a suffi à elle seule à donner un sens à toute la Création du monde et de l’homme !
En réalité, le point essentiel qui le caractérise est la sainteté qui imprégnait tous ses actes ainsi que l’abstinence dans laquelle il a vécu. En effet il a vécu et étudié la Torah dans une grotte durant treize années consécutives sans parler, isolé des autres hommes et de la société, chose que par nature les humains ne supportent pas et ne peuvent concevoir. Même son maître Rabbi ‘Akiva, qui est resté loin de son foyer pendant vingt-quatre ans, preuve d’un niveau déjà extrêmement élevé, se trouvait dans un groupe et était entouré à la yéchiva où il a étudié et enseigné. Rabbi Chim’on bar Yo’haï, lui, avait son fils Elazar pour unique compagnon ! De plus, il ne s’est nourri pendant ces treize ans que de caroubes et d’eau ! Il est plus aisé de comprendre qu’avec une telle abstinence il ait pu se hisser à ce niveau si exceptionnel.
Par son comportement, Rabbi Chim’on nous a apporté un nouvel enseignement de qualité : n’importe quel être humain a la possibilité de se sanctifier et d’atteindre des niveaux très élevés. Il est écrit explicitement (Vayikra 19, 2) « Soyez saints ! Car Je suis saint, Moi Hachem, votre D. ». Le midrach s’interroge « Est-ce possible qu’il s’agisse d’un niveau égal au Sien ? Du fait qu’il est écrit ‘Je suis Hachem votre D.’, on comprend que ‘Ma sainteté dépasse la vôtre’. Il se peut qu’à l’époque du Temple, il ait été possible d’atteindre un degré de sainteté presque égal à celui de D. : la Chekhina était bien présente et lorsque les bnei Israël montaient au Temple, ils s’imprégnaient de crainte divine pour une longue période, jusqu’à la prochaine fête. Il était donc plus aisé de se sanctifier et de se rapprocher de la sainteté de D. Mais maintenant que le Temple n’est plus et que la présence divine ne réside plus en exil, nous ne pouvons pas nous transformer entièrement en sanctuaire pour D. et devenir, de notre vivant, un Char pour la Chekhina. Or telle est la grande nouveauté que nous a apportée ce Tanna : par sa sainteté et son attachement à D., il a préparé la place à la présence divine, lui permettant de descendre et de s’installer sur terre et en lui, malgré l’absence du Sanctuaire.
Nous avons donc la coutume d’allumer des feux de camp le soir de Lag Ba’omer en l’honneur de Rabbi Chim’on bar Yo’haï, et l’ouvrage « Bnei Issakhar » en donne diverses raisons. Ajoutons que dans le terme « medoura (feu) » on trouve le mot « dira (demeure) », car il a créé une demeure à D. dans ce monde-ci et Lui a permis d’installer Sa Chekhina en nous, la lettre « mem » (de valeur numérique 40) faisant allusion aux quarante jours pendant lesquels la Torah a été donnée. Cela nous enseigne que faire résider la Chekhina sur terre n’a été possible que grâce à l’étude de la Torah avec effort et investissement.
Il est ordonné dans notre paracha « Parle aux cohanim, fils d’Aharon, et dis-leur » et Rachi explique ainsi la redondance du texte « Parle et dis » : « pour que les grands le transmettent aux petits ». J’aimerais donner mon interprétation de cette répétition en m’inspirant d’une anecdote qui m’est arrivée alors que je me rendais de New-York en France, dans un avion de la compagnie Air France. Etait assis à mes côtés un homme visiblement juif mais malheureusement non pratiquant. Lorsqu’on lui a servi son repas, non cacher bien entendu, il a longuement hésité à y goûter et a changé d’avis plusieurs fois. Il semblait presque céder à la tentation de manger puis, au dernier moment, me regardait et se ravisait. Après un certain temps je me suis levé pour me laver les mains et lui ai proposé au passage de lui donner un sandwich cacher que j’avais sur moi… ce qu’il a accepté volontiers. J’ai attendu qu’il termine de manger avant de lui demander : « Pourquoi n’avez-vous pas consommé le repas qu’on vous a apporté ? A quoi avez-vous pensé à ce moment-là ? » Il m’a répondu qu’effectivement, il ne parvenait pas à résister à la tentation et pensait manger. Mais en me regardant, il a vu en moi un représentant des juifs servant D. dans le monde : l’ambassadeur, si l’on peut parler ainsi, de Hachem ici. Il n’a pas osé goûter un mets non cacher à côté d’un Rav et s’est ravisé. Je l’ai donc loué pour son geste et l’ai encouragé à persévérer dans le judaïsme.
Force est de constater que même sans actes ni paroles, nous pouvons influencer autrui et rayonner sur notre entourage. Même sans parler, une personne empreinte de crainte divine et veillant à sanctifier le nom de D., répandra le bien et sera un exemple pour son environnement. Il m’arrive souvent de rencontrer des gens qui m’avouent : « Rabbi David, depuis notre discussion je mets les tefilin », « depuis que vous m’avez encouragé à développer la crainte de D., je respecte le Chabbat », et cela me remplit d’une joie immense ! Cela valait la peine de venir au monde juste pour que cet homme-là se détourne de la mauvaise voie qu’il avait empruntée et mette les tefilin ou respecte le Chabbat !
C’est le sens de « Parle et dis » : « pour que les grands le transmettent aux petits ». En d’autres termes, si nous entrons dans le cadre de « Parle », c’est-à-dire que nous craignons D., que nous respectons les mitsvot, que celles-ci nous imprègnent entièrement, que nous étudions la Torah pour l’amour du Ciel car ses mots sont « les paroles de D., des paroles pures », nous n’aurons pas besoin d’inciter les autres à accomplir les mitsvot car alors ils nous verront agir et ils craindront D. Ainsi, même si tu n’as pas ‘parlé’ tu seras considéré comme ayant ‘dit aux plus jeunes’. Cette vertu ne peut résider que chez un homme parfait, étudiant la Torah de façon désintéressée.
C’est pourquoi une personne qui se sanctifie mérite de sanctifier également son entourage. A plus forte raison, Rabbi Chim’on bar Yo’haï, dont les enseignements étaient purs, a, du haut de sa sainteté et de son ascétisme, tracé un chemin pour des générations. Quiconque se penche sur ses livres et sur le saint Zohar s’emplira de crainte divine et deviendra pointilleux vis-à-vis des mitsvot, même s’il ne l’a jamais vu.
HOMMES DE FOI
Récits sur les tsaddikim de la famille Pinto
Rabbi Yossef Assaraf a raconté à Rabbi David ‘Hanania Pinto s’être une fois rendu de Akka à Mogador, avec huit chameaux chargés de peaux. Comme à son habitude, il est tout de suite allé recevoir la bénédiction de Rabbi ‘Haïm Pinto et lui demander conseil sur son commerce de peaux. En effet, sa marchandise n’attirait pas de clients et il y avait investi toute sa fortune. Le Rav lui a recommandé de ne pas la vendre dans l’immédiat mais de la stocker dans un local pour une durée de deux mois.
Il lui a expliqué que le prix des peaux allait augmenter pendant cette période, lui permettant ainsi de gagner davantage. C’est ce qu’a fait Rabbi Yossef, et il a vendu ses peaux pour une somme énorme.
Rabbi ‘Haïm l’a également béni en lui souhaitant la richesse pour lui et sa descendance, ce qui s’est réalisé. Jusqu’à ce jour, ses enfants et ses petits-enfants soutiennent les institutions de Torah.
Rav Avraham Moyal a raconté une autre histoire : « Je suis une fois arrivé à Essaouira à six heures du matin, sans que personne le sache. Soudain, j’ai entendu frapper à la porte de l’auberge où je logeais... et j’ai trouvé, à l’entrée, l’assistant de Rabbi ‘Haïm Pinto qui m’annonçait : ‘Mon Rav m’a envoyé vous chercher, Monsieur Avraham Moyal, qui venez d’arriver de Tiznit.’ »
Rav Avraham était stupéfait : comment Rabbi ‘Haïm avait-il eu connaissance de son arrivée dans la ville ? Sans tarder, il s’est joint au gabaï pour se rendre chez le Rav. Ce dernier l’a accueilli en s’exclamant « Bienvenue à Essaouira ! » et l’a comblé de bénédictions.
Puis Rabbi ‘Haïm lui a confié : « Sachez que dès qu’un juif étranger arrive dans cette ville, mon saint grand-père Rabbi ‘Haïm Pinto le grand me le fait savoir.
HISTOIRE VECUE
Les bases d’une éducation pure
Dans un sermon de Chabbat Hagadol l’année dernière, nous avons pu entendre une histoire merveilleuse de Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita, qui voulait faire toucher du doigt à ses auditeurs le grand principe de l’éducation des enfants. Entre autres, il a rappelé qu’« il faut enraciner chez les enfants l’éducation au service de Hachem lorsqu’ils sont petits, leur apprendre à obéir à leurs parents et à leurs maîtres sans discuter, et quand cette qualité sera enracinée en eux, ils deviendront capables de se remplir de Torah et de crainte du Ciel et d’enseigner la Torah en Israël. »
Dans ce contexte, il a raconté l’histoire suivante : Nous avons entendu parler à notre époque du gaon Rabbi Chimon Baroukh Salomon zatsal, le Rav de Peta’h Tikva, qui était connu pour son attachement passionné à l’honneur du Chabbat. Il se hérissait en entendant qu’il y avait des profanations publiques du Chabbat et luttait de toutes ses forces pour éliminer ce phénomène de sa ville. Son rapport très particulier avec le Chabbat avait commencé dès son enfance. Il était né un Chabbat, et sa mère avait absolument refusé qu’on l’emmène à l’hôpital en voiture. Avec un grand dévouement elle était partie à pied. Il est également mort une veille de Chabbat.
Beaucoup de ses opposants avaient essayé de toutes leurs forces d’empêcher le Rav de les déranger dans leur profanation du Chabbat, mais l’intensité de la sainteté du Chabbat qui était en lui avait été plus forte. Tous les Chabbats, il se postait en face des bastions de profanation dans sa ville, et prononçait avec des larmes des propos émouvants sur l’observance du Chabbat qui enflammaient les cœurs. La vérité intérieure, la douleur profonde et la lumière de sa Torah et de sa crainte du Ciel faisait une si grande impression qu’il y avait des gens de l’autre camp qui se joignaient à la lutte du Rav.
Nous avons vu de nos yeux que quiconque s’attaquait au Rav n’en sortait pas indemne. Il a y eu de nombreux cas dans lesquels l’honneur de la Torah et l’honneur du Chabbat ont protesté contre l’insulte qui leur était infligée, et parmi les opposants à la lutte du Rav, certains le ressentaient et venaient chez le Rav lui demander pardon.
Dans le camp des opposants à l’observance du Chabbat, il y avait une figure dominatrice et centrale qui entraînait les foules derrière lui pour les inciter à la révolte contre le Rav et le Chabbat. Cet homme eut l’audace d’arriver avec un groupe de jeunes gens près de la maison du Rav, et ils déversèrent des insultes avec insolence pendant quelques minutes, avec un langage tel que les auditeurs en frémissaient. Certains élèves du Rav, qui se trouvaient là dans cette circonstance, étaient convaincus qu’il était impossible que cet homme en sorte indemne. L’un d’eux alla même le mettre en garde de ne pas jouer avec le feu. Et effectivement, cet homme fut rapidement assassiné de façon inattendue par quelqu’un qu’il avait lui-même aidé.
Je dis des Psaumes pour toi
Au bout d’un certain temps, la personne qui étudiait avec le Rav le mercredi soir arriva chez lui pour son étude hebdomadaire, de minuit jusqu’aux petites heures du matin (pendant ces heures-là, le Rav préparait le cours général qu’il donnait le jeudi). Ce jour-là, l’élève eut du mal à entrer dans la maison. Il y avait dans la cour à côté de la porte un chien qui aboyait, gémissait et lui barrait la route. L’un des habitants de la maison ouvrit la fenêtre et lui proposa de rentrer par la porte de derrière. Il raconta que le chien était là depuis déjà plusieurs heures, et que pour l’empêcher de rentrer dans la maison, ils utilisaient l’autre entrée.
Effectivement, l’élève rentra par la porte de derrière, et se plongea dans l’étude avec le Rav pendant plusieurs heures. Quand il se leva pour sortir (comme à son habitude, le Rav l’accompagnait), on entendit de nouveau ces aboiements et ces gémissements du chien. L’élève s’arrêta et dit au Rav : « Peut-être vaut-il mieux que je sorte par l’autre porte. » Le Rav ne réagit pas, ouvrit la porte d’entrée, et sous les yeux de l’élève, qui essayait de veiller à ce que le chien ne se précipite pas à l’intérieur, il se plaça devant le chien et lui dit : « Je dis des psaumes pour toi. » A ce moment-là, le chien se tut, se mit à reculer, courut hystériquement vers la rue et disparut.
Quand l’élève revint à la yéchivah et raconta ce qu’il avait vu, on lui dit : « Est-ce que tu ne te souviens pas que le Roch Yéchivah (de façon tout à fait contraire à son style et sa délicatesse habituels) avait dit à cet homme : « Vous êtes des chiens insolents ! » »
Combien est grand le pouvoir des tsaddikim, dont les paroles sont entendues dans les cieux ! Cet homme était mort et s’était réincarné dans un chien, et le Rav lui avait pardonné en se dominant, et avait même accepté de lui faire du bien en disant des psaumes pour l’élévation de son âme.
Je me souviens que dans ma jeunesse, raconte notre Maître, j’avais demandé au bedeau de la synagogue pourquoi il avait posé la boite de tsedaka à tel endroit, alors que je l’avais prise et mise ailleurs. Il est vrai que j’avais mal agi en changeant la boite de place alors que c’était de son ressort, mais je lui avais tout de même fait l’observation. Tout à coup, j’ai senti mes joues brûler, et devant moi est apparu mon père zatsal qui m’a reproché : « Pourquoi fais-tu des remarques à des gens plus âgés que toi ? » C’est cela l’éducation que j’avais reçue, respecter les grands et ne pas les critiquer, être humble et accepter, et c’est seulement grâce à cette éducation que l’on peut annuler son avis et sa volonté devant celle de Hachem, et ainsi s’élever en Torah et en crainte du Ciel.
GARDE TA LANGUE
Une bonne résolution
Au moment de la lecture du Chema, quand on dit le verset « vous mettres ces choses sur votre cœur », ce qui représente l’acceptation des mitsvot, on prendra sur soi de ne pas transgresser les interdictions ni les mitsvot positives qui dépendent de la parole.
(‘Hovat HaChemira)
A LA LUMIERE DE LA PARACHAH
Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita
« Mais la septième année, un chômage absolu sera accordé à la terre, un Chabbat en l’honneur de Hachem. Tu n’ensemenceras ton champ ni ne tailleras ta vigne. » (Vayikra 25, 4)
Nos maîtres ont enseigné (Avot 5, 9) : « L’exil est une conséquence de l’idolâtrie, des unions interdites, du meurtre et du non respect de la chemitta. Ceci est étonnant : en quoi le non-respect de la chemita (un an de jachère tous les sept ans) peut-il provoquer l’exil des bnei Israël ? Comment comparer cet acte aux trois plus graves transgressions de la Torah ? Nos maîtres déclarent (Sota 10, 2) : « Il vaut mieux se lancer dans une fournaise plutôt que d’humilier son prochain en public. On en déduit que l’interdit d’humilier entre dans le cadre des transgressions qu’il vaut mieux se faire tuer que de commettre.
Il est pourtant expliqué dans Sanhédrin (71a) : « Si l’on nous demande de commettre une faute sous peine d’être tué, il faudra toujours préférer enfreindre la loi de la Torah plutôt que de se laisser mourir… sauf s’il s’agit d’idolâtrie, d’unions interdites ou de meurtre. » Mais l’humiliation n’est pas mentionnée ! Les Tossefot ont donc répondu que la Torah parle ici uniquement des transgressions explicites, ce qui n’est pas le cas de l’affront fait à quelqu’un. L’absence d’unité entre les hommes représente une faute équivalente aux trois plus graves fautes de la Torah et c’est la raison pour laquelle le verset a comparé le non-respect de la chemitta à ces trois péchés. En effet, la mitsva de chemitta fait appel à l’unité du peuple, car tout un chacun peut descendre dans les champs et prendre ce qu’il désire sans que le propriétaire du champ s’y oppose. Ainsi, de même qu’il vaut mieux mourir que commettre ces trois fautes-là, il faudra faire passer en priorité la mitsva de « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »
A LA SOURCE
« Mais, la septième année, un chômage absolu sera accordé à la terre » (25, 4)
Un Rav s’est une fois rendu chez le ‘Hazon Ich pour tenter de le convaincre de se montrer plus indulgent en ce qui concerne les lois de la septième année : « De nos jours, la mitsva de chemitta n’est plus que d’ordre rabbinique. Il n’y a donc pas lieu d’être si rigoureux… » a-t-il prétendu.
La réponse du ‘Hazon Ich a été la suivante :
« Presque toutes les interdictions que nous respectons sont d’ordre rabbinique : quasiment aucune ne provient directement de la Torah. La salaison de la viande est-elle ordonnée explicitement dans la Torah ? La plupart des décisionnaires ont tranché que consommer du sang cuit a été défendu seulement par les rabbins ! Il en est de même pour de nombreux autres cas. Quoi qu’il en soit, si une personne ne sale pas sa viande elle sera considérée comme mangeant de la nourriture non-cachère…
Et puis, a ajouté le Rav à l’intention de son interlocuteur, nous n’avons même pas la notion de ce que signifie ‘d’ordre rabbinique’ ! »
« Ne vous lésez pas l’un l’autre » (25, 17)
Le traité Baba Metsi’a (page 58b) rapporte qu’il s’agit ici de paroles offensantes et ajoute que « quiconque humilie son prochain en public est considéré comme ayant commis un meurtre. » Le Yérouchalmi (Souka chapitre 5 halakha 6) enseigne : « Pourquoi la harpe (‘nevel’) a-t-elle été appelée ainsi ? Parce qu’elle rabaisse (malbin) plusieurs autres instruments. Mais Rabbi Izil ‘Harif de Slonim s’interroge : ‘S’il en est ainsi, il aurait mieux valu la dénommer ménavel (qui humilie) car elle fait honte aux autres !’
En réalité, quiconque humilie autrui, plus que dévaloriser son prochain, s’avilit et devient un impie (‘naval’ en hébreu). »
« Si ton frère, se trouvant dans la gêne » (25, 25)
Les lettres de « Yamoukh (se trouvant dans la gêne) » sont les initiales des mots de la phrase « Yech Mit’acher Véein Kol : Il y en a qui paraissent riches mais ne possèdent rien. » Ceci fait allusion, comme le souligne notre maître le « Birkat Peretz », au fait qu’il nous faut être attentifs même à un pauvre qui aurait l’apparence d’un homme riche et accomplir la mitsva de le soutenir.
« Si vous vous conduisez selon Mes lois » (26, 3)
Rabbi Moché Leib de Sassow s’étonne :
Pourquoi l’investissement dans la Torah est-il appelé « labeur » ? On dit pourtant que l’homme le plus libre est celui qui étudie la Torah !
Rabbi ‘Hanokh Tsvi de Bendin répond :
Etudier la Torah pour soi n’est en effet que liberté et plaisir. En revanche, se montrer bon avec les autres et les pousser à étudier également et à respecter les mitsvot est un lourd labeur, particulièrement actuellement, alors que se sont multipliés les accusateurs dont l’unique désir est d’éloigner les bnei Israël…
« Si vous allez avec Moi au hasard » (26, 21)
Au sujet de l’affirmation du Choul’han ‘Aroukh selon laquelle « il est interdit de s’adonner à une autre occupation lorsqu’on récite le Birkat Hamazon », le « Tourei Zahav » précise : « Cette interdiction ne concerne pas seulement la récitation du Birkat Hamazon mais toute mitsva. En effet, participer à une discussion pendant l’accomplissement d’une mitsva prouverait que la réalisation de celle-ci n’est qu’un acte accessoire et de hasard.
Ceci est inclus dans le verset « Si vous allez avec Moi au hasard », qui signifie que même si vous allez avec Moi, c’est-à-dire si vous accomplissez les mitsvot, cela reste un acte accessoire et de hasard.
La lumière du Zohar
« Et pourtant, même alors, quand ils se trouveront relégués dans le pays de leurs ennemis, Je ne les aurai pas dédaignés » (26, 44)
Rabbi Elazar a interprété ainsi l’expression « Et pourtant, même alors » : Israël est le plus heureux des peuples ! En effet, même s’ils ont irrité leur Créateur, D. ne délaisse pas les bnei Israël. Où qu’ils aillent en exil, Il les accompagne. Tel est le sens du verset « Et pourtant, même alors, quand ils se trouveront relégués dans le pays de leurs ennemis, Je ne les aurai pas dédaignés. »
Rabbi Abba a déclaré : « Vois combien est grand l’amour de D. pour les bnei Israël. Bien qu’Il ait été contraint de les disperser parmi les nations, la présence divine ne s’est jamais éloignée d’eux et ne les quittera jamais. On ne peut pas dire qu’ils sont seuls en exil, car « même Elle » les accompagne.
(Haazinou 297b)
SUR LA VOIE DE NOS PERES
Par amour des autres
Nous ne connaissons pas les comptes de D. Qui est capable de percer leur mystère ? Or il semblerait toutefois que l’approche de nos maîtres puisse nous laisser légèrement entrevoir comment se produisent certains événements qui nous laissent stupéfaits. Comment cela se passe-t-il ? En réalité, suite à de mauvais comportements découlant de traits de caractère indignes, la balance du tribunal céleste se met à pencher du mauvais côté. Approfondissons les propos de la Guemara dans le traité Baba Metsia (Page 59a) : « Voici ce que j’ai appris par tradition de ma lignée paternelle : toutes les portes (de la prière) sont verrouillées sauf celles des paroles offensantes. » Rachi explique : « Quiconque implore D. car il a été offensé ne verra pas la porte se refermer devant sa prière. » Qu’est ce que cela signifie ? Rabbeinou Be’hayé écrit au sujet du verset de notre paracha « Ne vous lésez point l’un l’autre » (Vayikra 25, 17) : « puisque celui qui a été victime de paroles offensantes en souffre beaucoup et en est affligé, sa tristesse le pousse à se soumettre et sa prière qui émanera d’un cœur chagriné sera récitée avec concentration et sera écoutée. Un écrit du machguia’h Rabbi Eliahou Lopian (dans « Lev Eliahou ») décrit les attitudes extraordinaires d’un homme au cœur pur qui veillerait à ce qu’aucun de ses gestes n’importune son prochain : « Combien nous pouvons nous sanctifier en faisant attention à ne pas porter préjudice à autrui ! A l’image par exemple d’un élève qui entrerait dans sa chambre à la yéchiva, trouverait son ami endormi et veillerait à ne pas faire de bruit ni allumer la lumière afin de ne pas troubler son sommeil. Ce comportement serait la preuve d’un amour du prochain provenant de la foi dans le principe : ‘D. a créé l’homme à son image.’ Combien de sainteté et de lumière divine se répandront sur cet individu ! Combien il doit être heureux et quelle grâce il trouve aux yeux de D. pour cet acte de prévenance ! On ne peut concevoir quelle sera sa réussite et son évolution dans la Torah et le service de D. »
L’association dans le jugement
Pendant longtemps, une femme veuve a occupé à la yéchivat Beer Ya’akov le poste de cuisinière. Mais avec l’âge, son travail a perdu en qualité et n’était déjà plus ce qu’il avait été auparavant, et on s’est trouvé obligé de la licencier. Mais le Roch Yéchiva, le gaon Rabbi Moché Chemouël Shapira, craignait beaucoup de franchir ce pas : on sait en effet combien la Torah nous met en garde contre la souffrance causée à une veuve.
Pour savoir comment agir en conformité avec la Torah, il a donc consulté le Rav de Brisk, le gaon Rabbi Yitz’hak Zéev Soloveitchik. Celui-ci a déclaré que s’il n’y avait pas le choix, ils devaient effectivement la congédier, mais il a conseillé de faire signer sur la lettre de licenciement toute l’équipe de la direction de la yéchiva, afin que tous soient concernés par le jugement difficile susceptible de les frapper et que le Rav ne porte pas seul cette responsabilité... Puis il a ajouté qu’il aurait normalement fallu accorder à cette femme veuve la somme de son choix, car l’argent est le dédommagement le moins cher qui existe.
Voici d’ailleurs ce que dit le Rambam à ce sujet dans Hilkhot Deot (Chapitre 6, halakha 10) :
« Nous devons faire particulièrement attention aux orphelins et aux veuves, car ils sont extrêmement rabaissés et affligés. Nous devons adopter ce comportement même envers une veuve ou des orphelins riches (proches parents d’un roi par exemple), car il est dit ‘Tu ne feras souffrir ni une veuve ni un orphelin.’ Comment devons-nous nous conduire avec eux ? Il faut s’adresser à eux avec douceur, leur accorder des honneurs, veiller à ne pas les faire souffrir par un travail éprouvant et ne pas leur causer de chagrin. Enfin, nous devons attribuer encore plus d’importance à leur argent qu’au nôtre. Quiconque les irrite, les met en colère, leur fait du mal, les soumet ou dilapide leur argent transgresse un commandement négatif, sans parler de celui qui les frappe ou les maudit. Même si cette transgression n’est pas passible de malkout (les 39 coups), sa punition est explicite dans la Torah : « Ma colère s’enflammera et Je vous tuerai par l’épée ». Le Créateur a conclu une alliance avec eux en promettant de leur répondre à chaque fois qu’ils s’adresseront à Lui dans leur souffrance, comme il est dit : « Lorsqu’il criera vers Moi, J’écouterai sa supplication. »
Se montrer plein d’égards envers l’ouvrier
Le Admour de Belz a raconté que dans sa jeunesse, il avait l’habitude d’aller souhaiter « Chabbat Chalom » au Admour Rabbi Aharon de Belz chaque Chabbat matin après la prière. Le Rabbi, qui était alors en train d’étudier, lui servait une part de gâteau.
Un Chabbat, le Rabbi a demandé à son visiteur ce qu’il étudiait à cette période et celui-ci a répondu « Le chapitre traitant des relations entre un employeur et ses ouvriers. » « Qu’y apprend-on ? » s’est enquis le Rabbi, mais face au silence de son interlocuteur il a lui-même répondu : « il nous est recommandé d’être miséricordieux avec les employés... »

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