vendredi 27 avril 2012

Cannes 2012 : La Quinzaine des réalisateurs retrouve le sourire...



« Prendre du plaisir » et « passer du rire aux larmes ». Tel est le credo d’Édouard Waintrop, nouveau délégué général de La Quinzaine des réalisateurs, dont Evene est partenaire pour la cinquième année consécutive. Mardi 24 avril, il a dévoilé au Forum des images à Paris une sélection généreuse où, une fois n’est pas coutume, la comédie est à l’honneur.
Commençons par la fin de la conférence de presse. À la question « Pourquoi aucune comédie italienne ne figure dans la sélection ? », Édouard Waintrop a fait cette réponse : « On a vu plein de films italiens mais pas de comédies. J’aurais bien pris un film de Dino Risi mais malheureusement il est décédé depuis quelques années » Bref, l’ancien critique ciné de « Libération » a de l’humour. Et il entend le prouver à travers une sélection qui fait la part belle à la comédie, un genre « sous-estimé dans la plupart des festivals », alors qu’il est une « forme de cinéma beaucoup plus libre que bien d’autres. » Quoi ? On va rire à la Quinzaine ? L’année dernière, on avait surtout pleuré devant la sélection du prédécesseur de Waintrop (Frédéric Boyer, remercié après deux ans d’activité), entre films radicaux pénibles et films pénibles tout court. Waintrop, lui, n’a que les mots « émotion », « joie », « rires » et « larmes » à la bouche en présentant une sélection qui n’est pas réservée aux festivaliers cannois. Le Forum des images à Paris reprend en effet l’intégralité de la Quinzaine du 31 mai au 10 juin et L’Alhambra Cinémarseille en propose une partie du 29 mai au 3 juin.
Podalydès, Lvovsky, Gondry

Le comité de sélection a visionné 2901films (courts et longs confondus) et n’a retenu que 21 longs dont 2 documentaires. À cela s’ajoutent deux programmes de courts métrages. Et parmi les heureux élus, on trouve de nombreuses comédies donc. Dont Sightseers, du BritanniqueBen Wheatley, pour lequel le délégué général ne cache pas un « plaisir personnel », vantant les mérites d’une « comédie anglaise mal pensante, un Sur la route version méchante et déclassée ». Chez les Français, Bruno Podalydès porte le flambeau de l’humour léger et grave à la fois avec Adieu Berthe, l’enterrement de Mémé. Un nouveau film « avec une part de folie douce » dans lequel son frère donne la réplique à Valérie Lemercier. Noémie Lvovsky, après avoir surtout goûté au métier d’actrice ces derniers temps (L’ApollonideLes Adieux à la reineLe Skylab) repasse derrière la caméra avec Camille redouble. Une comédie sur le temps qui passe, les pertes, les ratages d’une vie amoureuse...
D.RThe We and I, D.RLe Frenchy Michel Gondry, qui a débuté à Paris le tournage de l’adaptation de L’écume des jours, viendra aussi sur la croisette avec The we and I. Un film « très new-yorkais, vif et allègre », dixit Waintrop, tourné dans la Grosse Pomme, résultat de deux ans d’ateliers avec des étudiants en théâtre, qui fera l’ouverture de la Quinzaine. Elie Wajeman, lui, vient présenter son premier film,Alyah. L’histoire d’un dealer qui part s’installer en Israël, servie par un casting excitant : Pio Marmai, Adèle Haenel et le réalisateur Cédric Kahn sont du voyage. Encore moins drôle : Rengaine, de Rachid Djaidani, sur la situation des femmes dans la communauté franco-arabe.
Viva America latina !
D.RRaul Ruiz, D.RCôté étranger, les films d’Amérique latine se taillent la part du lion, reflet du « dynamisme actuel de ces cinématographies », selon Waintrop. Infancia clandestina confirme ainsi les ressources du cinéma argentin. Benjamin Avila raconte l’histoire d’un couple de clandestins avec enfants en fuite pendant la dictature, une « version plus hard du À bout de course de Sidney Lumet ». Au contraire, La Sirga, premier long métrage du Colombien William Vega, laisse la violence hors champ mais la fait ressentir à chaque plan. Fogo, documentaire de la jeune Mexicaine Yulene Olaizola (29 ans), est une « sidération » (« peu de paroles, peu de récit ») sur des îles au nord-est du Canada. Après Tony Manero etSantiago 73, post mortem, Pablo Larrain continue à se pencher sur l’histoire récente du Chili dans No. Cette fois, il filme du point de vue des anti-Pinochet, incarnés entre autres par Gael Garcia Bernal. Autre Chilien à la Quinzaine, Raul Ruiz, disparu en août 2011, dont le dernier film, La noche enfrente, « très gai », parle de l’enfance et de la mort. 
Laclos à ShangaiD.RLes Liaisons dangereuses, D.RDeux films d’animation sont au programme. Le premier, Ernest et Célestine, est un film franco-belge de Vincent Patar, Benjamin Renner et Stéphane Aubier. Le trio à qui on doit l’hilarant Panique au village met en scène les aventures du gros ours et de la petite souris sur un scénario de Daniel Pennac. Le second, Dae gi eui wang (Le Roi des cochons), est un premier film coréen de Sang-Ho Yeun pas vraiment pour les enfants. Jin-ho Hur est lui aussi coréen mais a tourné en Chine Les Liaisons dangereuses, adaptation du roman épistolaire de Laclos dans le Shangaï des années 30. Une version « magnifique et cruelle », selon le nouveau délégué général de la Quinzaine, qui promet une scène culte dans un théâtre. Merzak Allouache représente toujours l’Algérie mais change de braquet. Fini la comédie à la Chouchou. Dans El taaib (Le Repenti), il signe un film de colère sur le malaise de la société algérienne. Avec Sueno y silencio, film sur le deuil entre Paris et la Catalogne, l’Espagnol Jaime Rosales a fait pleuré Édouard Waintrop. L’Iranien Massoud Bakhshi, lui, l’a « étonné », avec Yek Khanévadéh-e Mohtaram (Une famille respectable), l’histoire du retour au pays d’un intellectuel qui commence comme une chronique familiale et finit en thriller. Quant à la comédie politiqueOpération Libertad, de Nicolas Wadimoff, récit d’un groupe de punk rock tenté par le terrorisme dans les années 1970, elle semble confirmer que la Suisse a les banques les plus sûres du monde.  
D.RGangs of Wasseypur, D.RKubrick en kit
Enfin, dans la catégorie « films hors normes qui font saliver », deux titres retiennent l’attention. Gangs of Wasseypur, de l’Indien Anurag Kashyap, est une saga mafieuse sur 40 ans en deux fois 160 minutes. Une saga populaire et savante, « collision entre deux genres, le Bollywood et le Mumbai noir », qui mêle mariage, trahisons, assassinats, danse et chants ! L’autre surprise annoncée estRoom 237, documentaire américain de Rodney Ascher sur Shining, le film de Stanley Kubrick. « Un OVNI qui va très loin dans le délire interprétatif, selon Waintrop, et qui devrait ravir les fans de Kubrick en particulier et de cinéma en général. » Cela tombe bien, ils sont nombreux à attendre le réveil de la Quinzaine.    
La sélection complète de la Quinzaine des réalisateurs :Longs-métrages :
3 de Pablo Stoll Ward (Uruguay)
Adieu Berthe, l'enterrement de mémé de Bruno Podalydès (France)
Alyah de Elie Wajeman (France, concourt à la Caméra d'or)
Camille redouble de Noémie Lvovsky (France)
The King of Pigs de Yeun Sang-Ho (Corée du Sud, concourt à la Caméra d'or)
Dangerous Liaisons de Hur Jin-Ho (Chine)
Le Repenti de Merzak Allouache (Algérie)
Ernest et Célestine de Stéphane Aubier, Vincent Patar, Benjamin Renner (France, Belgique, Luxembourg)
Fogo de Yulene Olaizola (Mexique)
Gangs of Wasseypur de Anurag Kashyap (Inde)
Enfance clandestine de Benjamin Ávila (Argentine, Espagne, Brésil)
La Nuit d'en face de Raul Ruiz (France, Chili)
La Sirga de William Vega (Colombie, France, Mexique, concourt à la Caméra d'or)
No de Pablo Larraín (Chili, Etats-Unis)
Opération Libertad de Nicolas Wadimoff (Suisse, France)
Rengaine de Rachid Djaïdani (France, concourt à la Caméra d'or)
Room 237 de Rodney Ascher (Etats-Unis, concourt à Caméra d'or)
Touristes! de Ben Wheatley (Royaume Uni)
Sueño y silencio de Jaime Rosales (Espagne, France)
The We and the I de Michel Gondry (Etats-Unis)
Une famille respectable de by Massoud Bakhshi (Iran, concourt à la Caméra d'or)
Courts-métrages :
Avec Jeff, à moto de Marie-Eve Juste (Canada)
Rodri de Franco Lolli (France)
Königsberg de Philipp Mayrhofer (France)
Porcs enragés de Leonardo Sette et Isabel Penoni (Brésil)
Les Vivants pleurent aussi de Basil da Cunha (Suisse, Portugal)
Drawn from memory de Marcin Bortkiewicz (Pologne)
The Curse de Fyzal Boulifa (Royaume Uni, Maroc)
Tram de Michaela Pavlátová (France, République tchèque)
Les Morts-vivants de Anita Rocha da Silveira (Brésil)
Wrong Cops de Quentin Dupieux (France)
Interview d'Édouard Waintrop, nouveau délégué général de la Quinzaine des réalisateurs de Cannes
http://www.evene.fr/cinema/actualite/la-quinzaine-retrouve-le-sourire-938138.php

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