dimanche 4 mars 2012

Nicolas Sarkozy : "L'immigration est un atout mais peut être un problème"



Carla Bruni Sarkozy et Jean-François Copé, au meeting de Nicolas Sarkozy à Bordeaux,


Nicolas Sarkozy a tenu un nouveau meeting de campagne, samedi 3 mars à Bordeaux, où il a notamment évoqué l'immigration, l'intégration et la citoyenneté.

A propos de Bayonne : "J'irai partout à la rencontre des Français"

"Chers amis, je suis venu vous parler de la République", a lancé Nicolas Sarkozy, qui est revenu sur les événements de Bayonne. "Dans la République, on ne se comporte pas comme des voyous", a-t-il dénoncé, en appelant à "la France silencieuse". "Honte à ceux qui se sont joints aux séparatistes basques", a exhorté le candidat de l'UMP, en référence aux militants socialistes également présents dans les rues de Bayonne jeudi. "Je ne veux pas de la République des partis, des clans, des sectaires. Je veux me battre pour la République des honnêtes gens."


"J'irai partout à la rencontre des Français", alors qu'il est allé dans le centre de Bayonne en dépit des mises en garde. "En cinq ans, je n'ai jamais reculé devant les pressions. Ce n'est pas maintenant que je vais commencer", a assuré M. Sarkozy, qui n'est pourtant jamais retourné sur la dalle d'Argenteuil où il avait été chahuté.


Lire : Le "chahut" de Bayonne continue de perturber la campagne de M. Sarkozy


Sur l'éducation : "légitime que les allocations familiales soient suspendues quand les enfants ne vont pas à l'école"

Le chef de l'Etat a ensuite décliné ce qu'était selon lui la République. "La République, ce n'est pas l'assistanat", a-t-il affirmé. "Dans la République, un chef d'entreprise ne part pas avec un parachute doré quand il a mis son entreprise en difficulté. (...) Dans la République, il est légitime que les allocations familiales soient suspendues quand les enfants ne vont pas à l'école. (...) Les premières victimes de l'école du laxisme, ce sont les enfants des milieux modestes."


M. Sarkozy a également défendu le maire d'un village qui avait giflé un enfant commettant une incivilité.


>> Lire : "Une gifle, un maire et beaucoup d'incompréhension"


Sur la justice : généraliser les jurys populaires

"Dans la République, quand on est condamné à une peine, la peine doit être exécutée", a affirmé M. Sarkozy. Le chef de l'Etat a annoncé sa volonté de limiter les remises de peine, proposant que la liberté conditionnelle ne puisse être accordée que si les deux tiers de la peine ont été accomplis. Surtout, le chef de l'Etat propose que les victimes puissent faire appel en cas de procès d'assise et de remise en liberté d'un accusé. "C'est un sujet très délicat et je mesure le bouleversement qu'il introduira dans notre justice, et pourtant je propose de l'instaurer (...). La victime a le droit de donner son avis sur la remise en liberté de celui qui en a fait une victime."


Le candidat UMP, qui joue le peuple contre les élites, a réitéré son souhait de généraliser les jurys populaires "à tous les tribunaux correctionnels, à la mise en détention provisoire et à l'application des peines". Il souhaite également "que l'on élargisse la définition de la récidive".


"Donner le droit de vote aux étranger, c'est porter atteinte à la République"

M. Sarkozy s'est ensuite attaqué à la discrimination positive. "Dans la République, il n'y a pas de place pour la burqa. Dans la République, il n'y a pas de place pour ce qui fracture, ce qui divise." C'est en invoquant le communautarisme que le M. Sarkozy a justifié de ne pas accorder le droit de vote aux étrangers. "Donner le droit de vote aux étrangers, c'est porter atteinte à la République", a-t-il assuré.


Viande halal : "étiquetage de la viande en fonction de la méthode d'abattage"

Le candidat de l'UMP a ensuite abordé la laïcité. "Nul ne peut nous demander de renoncer à notre mode de vie au nom d'une condition religieuse", a expliqué M. Sarkozy. Les jours fériés chrétiens doivent être considérés comme des faits de "civilisation, la civilisation de la République française", a-t-il exhorté, demandant "un zeste d'ouverture d'esprit". "Il n'y a pas de place dans la République pour le rejet de l'autre, pour la xénophobie, pour le racisme."


Abordant la nourriture halal, M. Sarkozy a ainsi déclaré : "Reconnaissons à chacun le droit de savoir ce qu'il mange, halal ou non" et a demandé "l'étiquetage des viandes en fonction de la méthode d'abattage".


Cette annonce est intervenue alors que le ministre de l'intérieur, Claude Guéant, a créé une nouvelle polémique en associant vendredi le droit de vote des étrangers à la nourriture halal dans les cantines. Des propos jugés "ignobles" par la gauche, tandis que François Bayrou y a vu "un leurre" et le Front national "une énième sortie électoraliste sans lendemain".


>> Lire : Guéant associe vote des étrangers et halal à la cantine


"L'immigration est un atout mais peut être aussi un problème"

Evoquant l'immigration, le candidat de l'UMP a appelé à la "faire correspondre à nos capacités d'accueil". "L'immigration est un atout, une richesse mais pourquoi ne pas avouer qu'elle peut être aussi un problème, a-t-il déclaré. "Quand on a perdu le vote populaire, on veut mobiliser le vote communautaire, a attaqué Nicolas Sarkozy. La seule voie, c'est celle de l'immigration choisie."


Le chef de l'Etat a indiqué vouloir "réduire le nombre des arrivées sur notre territoire". "C'est pour cela qu'il faut mettre des conditions au regroupement familial : un travail, un logement décent, l'engagement à apprendre le français. Il ne peut plus y avoir de regroupement familial automatique."


Il est revenu sur son intention de confier au seul juge administratif le contentieux sur l'immigration et a proposé en cas de blocage de recourir dans ce cas au référendum.


>> Lire : "Droit des étrangers : Sarkozy veut relancer une réforme controversée"


"Le cynisme, le mépris et la tartufferie" de la proposition de Hollande

Nicolas Sarkozy s'est adressé directement à ses "compétiteurs" de la course à l'Elysée : "Il n'y a pas de places pour la lutte des clans et pour la lutte des classes". Faisant référence à François Hollande – sans le nommer –, qui souhaite créer une nouvelle tranche d'imposition pour les revenus au-delà d'un million d'euros par an, le candidat de l'UMP a dénoncé le "cynisme, le mépris et la tartufferie" de cette proposition. "La clientèle des syndicats enseignants ne doit pas être contrarieé ? C'est vous qui allez payer", a attaqué le chef de l'Etat. "Le président de la République ne sert pas des clientèles, des corporations, des castes. Il sert l'intérêt général et tous les citoyens".


"Le président de la République n'exclut pas de l'administration tous ceux qui ne sont pas de son parti", a mis en garde M. Sarkozy.


"Je veux vous rendre la parole. Je veux rendre la parole au peuple pour aider la République", a affirmé Nicolas Sarkozy, qui a de nouveau terminé son discours par "Aidez-moi". "J'ai besoin de vous. J'ai besoin de votre courage. J'ai besoin de votre énergie. J'ai besoin de votre enthousiasme."


CONCLUSION D'UNE SEMAINE DIFFICILE POUR SARKOZY


S'exprimant peu avant Nicolas Sarkozy, Alain Juppé a cherché des arguments pour défendre Nicolas Sarkozy, citant Le Monde, qui a fait un dossier sur toutes les réformes de Nicolas Sarkozy que conserverait François Hollande. Le ministre des affaires étrangères a dénoncé une campagne d'une violence "inouïe" contre Nicolas Sarkozy. "Nicolas, on t'aime", a osé Alain Juppé, alors que Nicolas Sarkozy entrait en scène.


Cette réunion publique est venue conclure une semaine difficile pour le candidat de l'UMP, depuis le coup de colère d'Henri Guaino lors d'un débat télévisé sur France 3, dimanche 25 février, jusqu'au déplacement houleux à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) jeudi 1er mars en évoquant le projet d'"épuration" des hauts fonctionnaires par François Hollande, en passant par l'annonce prématurée de l'évacuation de la journaliste Edith Bouvier au Liban.


>> Lire : Nicolas Sarkozy grogne, François Hollande sourit


Reprendre la main, coûte que coûte : c'est désormais l'obsession du président candidat, qui espérait dépasser M. Hollande dans les intentions de vote au premier tour, avec l'idée que, alors, tout redeviendrait possible au second. Mais c'est l'inverse qui se dessine. Le baromètre IFOP-Fiducial pour Paris Match et Europe 1, publié chaque jour à 18 heures, indique un recul de 1 point, à 25,5 %, tandis que le candidat PS gagne 1 point, à 29 %. L'avance du socialiste, qui s'était réduite à 1,5 point, est de nouveau de 3,5 points.

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