mardi 27 mars 2012

Eva Sandler : «Que le Mashiah vienne pour que je puisse les retrouver»


Quelques jours à peine après les obsèques de son mari et de ses deux enfants, alors qu’elle observait la semaine de deuil avec son beau-père à Jérusalem dans la Yechiva où Jonathan a étudié, la jeune Hava (Eva) Sandler a accepté de nous accorder cette interview. Elle a pour cela quitté quelques instants ses amies venues très nombreuses l’entourer de leur affection.


Le P’tit Hebdo / JSSNews: Hava, vous semblez si courageuse. D’où puisez-vous toute cette force?
Hava Sandler: C’est D.ieu qui me la donne.


LPH: Ce doit être difficile pour vous d’être la proie des journalistes et des médias. Comment supportez-vous tout cela?
HS: En fait, je n’accepte pas de parler aux journalistes. Il s’agit de ma vie privée, même si tout a été médiatisé à outrance après tout ce qui s’est passé, bien malheureusement.


LPH: Vous avez décidé d’écrire une lettre et de la rendre publique: dans quelle langue a-t-elle été rédigée?
HS: Au départ, nous l’avons écrite en hébreu puis elle a été traduite en français et en anglais.


LPH: A quel moment avez-vous décidé d’écrire cette lettre?
HS: J’ai accédé à la demande d’une personne de la communauté Chabad de Versailles, qui connaît mon beau-père. Elle m’a proposé d’écrire cette lettre pour la diffuser. J’ai accepté et nous nous sommes alors assis pour la dicter par téléphone.


LPH: Que vouliez-vous exprimer dans cette lettre?
HS: J’ai pensé que si mon mari avait été là, il aurait dit à toute la communauté de se renforcer et de rester toujours unie. Il aurait demandé aussi que chacun prenne sur soi d’accomplir une mitsva supplémentaire, pour hâter la venue du Mashiah. C’est cela que j’ai souhaité exprimer dans ma lettre mais je tenais aussi, bien sûr, à parler de mon mari et de mes enfants. Il me tenait à cœur de raconter quelles personnes exceptionnelles ils étaient. Et puis, je voulais dire aussi qu’il arrive parfois qu’on manque de patience envers ses enfants: on est fatigué, énervé, on a mille choses à faire et on reporte toujours à plus tard ce qu’on pourrait leur apporter maintenant. Je tiens donc à adresser un appel aux parents, aux pères comme aux mères, pour leur recommander de prêter plus d’attention à leurs enfants. Ils sont bien plus importants qu’un coup de téléphone d’une amie, ou qu’une casserole sur le feu. Ils méritent beaucoup plus d’attention que ce qu’on leur donne généralement.


LPH: Des milliers de personnes sont venues aux obsèques alors qu’un grand nombre d’entre elles ne vous connaissaient pas. Beaucoup de gens viennent spontanément. Est-ce que ces manifestations de solidarité vous réconfortent et vous aident, d’une certaine façon, à affronter cette épreuve?
HS: Très certainement, parce que je ressens ce qu’est la solidarité. Je me dis que si les gens se sentent concernés, c’est qu’ils ont compris le sens du message que j’ai adressé à Toulouse et à Jérusalem (au sujet de l’observance des Mitsvoth). Cela me donne des forces de constater que ce que j’ai dit a été pris en considération.


LPH: Quelle est aujourd’hui la chose la plus importante pour vous?
HS: Pour moi, la chose la plus importante, c’est que le Mashiah vienne et que je puisse les retrouver.





LPH: Que pouvez-vous nous dire de Jonathan et de sa famille?
HS: Si Jonathan avait tant de qualités, c’est grâce aux mérites de ses pères (Zehout Avoth), à l’exemple de sa famille et à l’éducation qu’il a reçue de ses parents. Jonathan était un père formidable, un mari formidable, et un fils et un frère formidable. Il s’efforçait de ne jamais vexer personne et parlait toujours d’entraide, de solidarité et d’amour. Il cherchait à ne jamais faire de mal à personne et ne prenait pas les choses trop à cœur.


LPH: Quels sont les souvenirs les plus chers que vous allez garder de Gabriel et d’Arieh?
HS: Mes deux petits garçons, Gabriel et Arieh, étaient le Hessed (bonté) personnifié. Même quand je leur donnais un paquet de bonbons, ils le partageaient toujours entre eux et avec ceux qui se trouvaient à proximité. Une fois, à Simhat Tora, alors qu’il n’avait que 3 ans et demi, mon fils Arieh avait couru pour ramasser un bonbon et sa kippa était tombée. Il avait alors abandonné immédiatement sa course pour récupérer sa kippa et la remettre sur la tête. Quelques années plus tard, quand je lui ai dit que nous allions à Toulouse en vue de rapprocher des gens éloignés de la Tora, en lui expliquant ce que cela signifiait, il m’a répondu : «Moi, je vais leur dire, à tous mes copains, qu’il faut observer le Chabbat, je vais leur dire qu’il faut manger cacher, qu’il faut mettre la kippa, qu’il faut porter les Tsitsioth». Il avait alors cinq ans et demi.


LPH: Votre départ d’Israël a-t-il été difficile?
HS: Oui, très difficile. Nous vivions depuis 9 ans en Israël. Nous avions comme projet de rester quelques années à Toulouse avant de rentrer. Notre intention était essentiellement de donner le maximum de nous-mêmes pour renforcer la communauté.


LPH: Avez-vous établi des liens avec la communauté de Toulouse?
HS: Cela ne faisait que huit mois que nous vivions là-bas mais nous avions réussi malgré tout à créer des liens assez forts avec des membres de cette communauté.


LPH: Quand votre fille va grandir, comment allez-vous lui raconter ce qui s’est passé?
HS: J’ignore encore comment j’aborderai la question avec elle. Mais je sais déjà que je lui parlerai beaucoup de son père et de ses frères. Peut-être quand elle sera plus grande, je lui expliquerai comment ils nous ont quittés. Pour l’instant, elle est encore toute petite.


LPH: Que peut-on faire pour vous réconforter? Qu’attendez-vous de tous ces gens qui sont bouleversés par ce qui vous est arrivé et qui veulent faire quelque chose pour vous?
HS: Il faut que chacun se renforce parce que cela permettra de hâter la venue du Mashiah. Et alors, je les reverrai. Chacun doit s’engager à mieux observer les mitsvoth, que ce soit dans la cacherout ou dans le chabbat, en se fixant un temps pour l’étude ou en cessant de dire du Lachon Hara.


Hava nous a donné dans cet entretien une véritable leçon de courage et de dignité. Mais sa douleur est intense et nous tenons à lui dire que nous sommes de tout cœur avec elle et sa famille. Que D. lui apporte la consolation et l’aide à affronter cette terrible épreuve. Min Hachamayim Tenouhamou.


Interview réalisée par Claire Dana Picard - Le P’tit Hebdo – JSSNews
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