vendredi 24 février 2012

L'abrogation de la loi "Tal" ou la fin des pigeons.......



Cette semaine, la Cour suprême, par 6 voix contre 3, a décidé l'annulation, à partir du 1erAoût 2012, de la très controversée loi dite "Tal" qui prévoyait, de fait, l'exemption du service militaire ou civil de tous les jeunes gens ultra-orthodoxes en âge d'être appelés sous les drapeaux. La décision de la Haute Cour faisait suite à un recours de groupes tels que le "Forum pour l'égalité des devoirs" et de partis politiques comme Israël Beteïnou d'Avigdor Lieberman.


Cela faisait 10 ans que ce dossier était systématiquement repoussé aux calendes grecques. Il a fallu que s'installent un peu partout dans le pays, des tentes de la colère appelées " camps de frayerim". "Frayer" est un mot d'origine Yiddish qualifiant une personne de dupe, de pigeon, de poire. Je fus un "frayer", mes enfants sont des "frayerim", car nous n'avons jamais tenté de nous soustraire à nos obligations militaires, que ce soit lors de la conscription ou lors de nos périodes de réserve, appelées "milouïm". Bref, comme une majorité d'Israéliens, nous sommes fiers d'être des pigeons
La décision de la Cour suprême met un terme à 10 années d'immobilisme. Cette loi, censée être intermédiaire, selon son auteur, le juge Zvi Tal, n'a permis aucune avancée alors qu'elle devait mettre en place l'incorporation progressive du secteur ultra-orthodoxe dans l'armée ou dans le cadre d'un service civil.
J'entendais, hier, le témoignage sur Galey Tsahal, la radio militaire, d'un jeune Harédi de Bney Brak qui expliquait que la question d'effectuer un service militaire ou civil n'effleurait même pas son esprit. "On ne parle pas de ces choses-là à la yeshiva, ni avec nos rabbins, ni avec nos maîtres ni même entre nous", dit-il.

"Nous n'avons pas été éduqués avec des valeurs patriotiques comme c'est le cas dans les écoles laïques ou du secteur national-religieux. Nous n'avons pas cette motivation de servir le pays. Pour nous, ce qui compte, c'est l'enseignement de la Torah", ajoute-t-il. Edifiant…
Que les choses soient bien claires, il n'est pas question ici de jeter l'opprobre sur une population spécifique.
Il s'agit d'une question de principe, de justice sociale dans un Etat démocratique. Il faut que la Loi s'applique à tous les citoyens et quand je dis TOUS les citoyens, je pense également au secteur arabe et à un nombre grandissant de jeunes citadins, en particulier de milieux privilégiés de Tel Aviv, tentant d'échapper à l'incorporation.
Il est évident qu'on ne verra pas, le 1er Août prochain, converger 64.000 jeunes Harédim vers le "Bakum" (centre de recrutement de Tsahal) tenant à la main une convocation, d'ailleurs nous n'aurions pas la capacité de les intégrer.


Il va maintenant falloir prendre en compte les spécificités du secteur ultra-orthodoxe avec tout le respect qui lui est dû. Il est important que le monde de la Torah puisse s'épanouir, mais il est moralement inacceptable qu'une partie de la population soit exemptée de l'obligation de défendre la Nation, ou tout au moins de la servir.
Voilà pourquoi la formule du service civil paraît être la plus adaptée, car elle autorise de nombreux aménagements dans le souci de préserver le mode de vie particulier des Harédim. Le service civil est un bon compromis pour la majorité de ces jeunes gens. 
Il permettra de prodiguer une aide sociale aux membres de leur propre communauté, comme les personnes âgées et les handicapés. Cette période sera un tremplin vers le monde du travail, une insertion sociale, sachant que 90% des hommes ultra-orthodoxes ne travaillent pas, à l'heure actuelle. C'est d'ailleurs le rabbin Haïm Amsellem (Shass) qui affirme que les jeunes Harédim qui ne sont pas faits pour les études, doivent aller travailler. Ce sera aussi une mesure d'éducation civique qui inculquera à ces jeunes que les valeurs du sionisme ne sont pas opposées à celle de leur judaïsme.


Il est important pour les Harédim eux-mêmes de sortir de leur ghetto psychologique alors qu'ils vivent dans un Etat juif. C'est en participant à la vie de la Nation qu'ils gagneront le respect qui leur est dû. Mais cela dépendra également de la volonté ainsi que du courage des leaders charismatiques et des responsables politiques de cette communauté.


De même, il faudra être absolument implacable quant à l'application de l'incorporation dans le service civil de tous les jeunes Arabes israéliens qui devront, eux-aussi, donner 3 ans de leur vie à leur propre communauté.
La situation dans laquelle un secteur qui, de plus, se trouve être une minorité, exige et reçoit, sans rien donner, par rapport à un autre secteur qui donne sans rien recevoir, n'est pas tenable. L'ère des "frayerim" est révolue.


Ce ne sont pas des propos gauchistes. D'autant que c'est le parti de Lieberman qui a mené ce combat soutenu par une grande majorité des députés de la Knesset.
Il est indispensable que tous ceux qui sont exemptés de la conscription militaire, remplissent d'une manière ou d'une autre, leur devoir à l'égard de l'Etat.
Cela ne me dérange pas que mes enfants combattent et prennent des risques pour défendre notre pays, si d'autres servent la communauté nationale.
Cela s'appelle la démocratie, le civisme, la citoyenneté, le sens du devoir, des valeurs peut-être désuètes pour certains, inconnues pour d'autres, mais qui ne sont pas honteuses.

Cela s'appelle le sionisme, ou tout simplement l'amour du Peuple juif et d'Israël.

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