mercredi 22 février 2012

DSK à Pupponi : les journalistes, "c'est vraiment des pourris, tous"

Nous sommes le mardi 4 octobre 2011, deux semaines avant que ne soit cité dans la presse le nom de Dominique Straus-Kahn dans l'affaire dite du Carlton de Lille. Une semaine plus tôt, en revanche, la mairie de Sarcelles et les domiciles de François Pupponi ont été perquisitionnés dans le cadre de l'affaire du cercle de jeux Wagram, où un ami corse du maire de Sarcelles est actuellement détenu à la prison de la Santé. Une perquisition qui avait valu à M. Pupponi un texto bien imprudent de Fabrice Paszkowski, cet industriel, membre du PS, grand organisateur des "soirées" de DSK, pour lui proposer des "contacts au sein de la police qui pourraient être utiles".

"Allo ?" Un certain "Dominique" à la voix masculine décroche. Il est 22 h 40. François Pupponi, dont le téléphone a été placé sur écoute, appelle l'ancien patron du FMI, celui qui lui a laissé, en 1997, la mairie et son siège de député du Val-d'Oise. La conversation, également évoquée mardi sur le site de Bakchich, dure un peu plus de trois minutes.


— François Pupponi : "Oui, Dominique, c'est François. Ça va ?"
— Dominique : "Ouais, ouais, ça va. T'es pas couché là ?"
— François Pupponi : "Non, non, non. Il y avait un spectacle d'Yves Duteil à [la salle de concert André] Malraux, j'en sors là."
François Pupponi explique à son interlocuteur qu'il n'a rien à voir avec l'affaire "Wagram", pour laquelle il n'est à ce jour pas mis en examen (il doit de nouveau être entendu, le 29 février, par le juge Serge Tournaire). "Bon, correct les mecs [de la brigade de police], ils me paraissent pas dupes, si tu veux, après ils font leur enquête c'est normal quoi (…), ils vérifient quoi... mais avec des fuites organisées par la haute hiérarchie policière."
— Dominique : "Je vois, notamment corse".
— François Pupponi : "Eh ouais mais pas... ouais mais pas tant que ça", répond François Pupponi, qui entretient avec Bernard Squarcini, le patron de la DCRI, de bonnes relations.
— "Y a plus aucun secret, c'est terrible...", soupire "Dominique".
— François Pupponi : "Tu sens que derrière c'est c'est, ça fuite de partout... Mais y a plus aucun respect, c'est un pays qui part en vrille complètement..."
— Dominique : "Absolument, [inaudible] déliquescence complète putain. Je suis placé pour le savoir."
— François Pupponi : "Putain t'as raison (…) Et quant aux journalistes (…), c'est.. "
— Dominique : "C'est vraiment des pourris tous."
— François Pupponi : "C'est, c'est... Ça part en vrille, là je pense, là."
— Dominique : "Ceci dit on va pas les rater, moi..."
— François Pupponi : "Ah mais moi non plus, alors là, bon."
— Dominique : "Ouais."
— François Pupponi : "Moi je commence à avoir quelques infra, ah pis je les dis à tout le monde, je vais pas les louper, je... je... je vais faire ma petite enquête, après ce que je suis en train de faire et puis on va rigoler, je te jure..."
— Dominique : "Fais juste gaffe un peu, fais juste gaffe un peu aux écoutes téléphoniques. (…) Tu dis bonjour... bonjour monsieur Squarcini, bonjour monsieur [inaudible]..."
— François Pupponi : "Ah ouais mais ça, ouais mais ça, ça je vais pas me gêner, non mais ça les écoutes, je vais te dire... heu... y compris que ma petite enquête je la fais bien au téléphone pour montrer qui je recherche et comment."
— Dominique : "Exactement, exactement tu as raison."
— François Pupponi : "Qu'ils soient bien au courant que ça se rapproche..."
— Dominique : "D'accord (…) Je rentre, je rentre... je rentre à Paris demain", annonce "Dominique", à cinq jours du premier tour de la primaire socialiste. "Et de toute façon je viendrai voter dimanche donc on pourra se voir samedi si tu veux..."


Dans leur synthèse, les enquêteurs de la police judiciaire, grands seigneurs, n'ont pas évoqué cette étrange écoute téléphonique. Ni cité le nom de famille de "Dominique".


Ariane Chemin

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