samedi 10 décembre 2011

RENCONTRE LES MONOLOGUES VOILÉS... La pièce qui lève tous les tabous !!


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RENCONTRE LES MONOLOGUES VOILÉS

On connaissait 'Les Monologues du Vagin'. Aujourd'hui, 'Les Monologues Voilés', version musulmane du hit international, sont présentés au Petit Théâtre de Paris jusqu'au 1er janvier. Ces douze récits de femme crus et sans tabou ont connu un large succès aux États-Unis et aux Pays-Bas. Rencontre avec des comédiennes qui appellent un chat un chat.

Soixante-dix femmes musulmanes vivant aux Pays-Bas ont été interviewées sur leur histoire, leur combat. De ces rencontres sont nés douze monologues, douze portraits en creux de musulmanes toutes générations confondues, écrits et mis en scène par Adelheid Roosen. Depuis 2003, quatre comédiennes arabo-belges prêtent leur voix et leur visage à ces témoignages. Plaisir, virginité, excision, préceptes du Coran, mariage forcé ou arrangé, viol… Rien n'est passé sous silence. D'origine marocaine, égyptienne, somalienne ou iranienne, toutes ces femmes, tiraillées entre leur culture d'origine et l'Occident, évoquent leur rapport au corps, au sexe. Aussi coup de poing que sa grande sœur américaine, cette pièce apporte une vision radicalement neuve de la femme musulmane, loin des préjugés. À l'heure où le prix Nobel de la paix a été décerné à la présidente du Libéria et à deux militantes des droits de la femme, retour avec deux des quatre comédiennes, Hassiba Halabi et Hoonaz Ghojallu, sur un spectacle percutant et nécessaire.

En quoi les monologues résonnent avec votre histoire personnelle ?

Hoonaz Ghojallu : Je suis belge d'origine iranienne. J'ai eu une enfance très heureuse. L'Iran est un pays fabuleux, mais j'ai quitté mon pays à l'âge de 9 ans. Je suis arrivée au Luxembourg et je me suis enracinée dans la culture européenne. Mais quand j'ai découvert ces monologues, j'ai été très touchée. La parole se libère, l'écriture est simple et crue. Dire ces textes allait devenir un plaisir. Prendre la parole tous les soirs libère également et permet de dépasser certaines peurs, que ce soit pour nous ou le public. Les gens se retrouvent à discuter après, une porte s'ouvre. Il y a des textes plus poignants que d'autres, par exemple j'adore le texte sur la défloration et le hammam, il y a un imaginaire derrière tous ces mots. Même lorsque l'on va dans l'émotion, il y a une part d'humour.

Pourquoi connaît-on aussi mal les femmes musulmanes ?

Les Monologues voilés, Les 4 comédiennes arabo-belges sur scèneHassiba Halabi : Je me demande toujours pourquoi tant de gens intelligents utilisent l'étiquette de la « femme musulmane ». Il y a une responsabilité des médias derrière ça. Ils se braquent sur les problèmes et les différences de la femme musulmane, alors qu'ils ne parlent jamais de la femme occidentale ou catholique. Je suis intriguée par ça. En France, l'Islam est la deuxième religion mais il y a encore des blocages. Le but du spectacle n'est pas de faire changer le regard sur les musulmanes mais simplement de faire comprendre que ce sont avant tout des femmes. La femme musulmane, ce n'est pas que le voile, qu'elle le porte ou non. Les médias sont rarement allés à leur rencontre pour mieux les connaître ou les valoriser, ce qui fait qu'elles ont du mal à exister.

Hoonaz Ghojallu : Si le public sort en disant qu'on a fait un spectacle sur les femmes, c'est gagné. C'est le plus beau des cadeaux. C'est un manque d'instruction de la part des gens de dire que la femme musulmane est avant tout symbolisée par le voile. Alors qu'il y a un éventail de femmes musulmanes, en Iran, en Afrique… Les médias diffusent une image trop réductrice. Il faut arrêter de tout cataloguer. Il faut éduquer nos enfants car le monde n'est pas fait que de petites cases. La sortie de l'application Iphone 'juif ou pas juif' par exemple était une dangereuse aberration. La France est un pays d'accueil. Nos parents ont quitté leurs pays d'origine pour avoir une vie meilleure. On n'a pas à se justifier par rapport ça. Je suis Belge et je parle français mais je suis maghrébine.

Après le printemps arabe, concevez-vous ce spectacle comme politique ?

Hassiba Halabi : Oui, dans le sens où l'on rappelle au public que la femme musulmane a encore par moments beaucoup de mal à trouver sa place dans le monde. On parle forcément des mariages forcés, de l'excision... Ce sont des tabous encore d'actualité. Ces femmes tentent de renverser la vapeur donc, oui, forcément il y a une forme de combat féministe. C'est toujours délicat de dire qu'une pièce est féministe mais l'égalité entre l'homme et la femme n'existe pas, c'est une réalité.

La pièce a connu un véritable succès partout dans le monde. Quelles ont été les réactions, notamment aux Pays-Bas où la montée de l'islamophobie est réelle?

Morgiane El Boubsi et Hoonaz Ghojallu, Sous le voile, la femmeHoonaz Ghojallu : À partir du moment où le public a choisi de voir une pièce, il est averti. Ici, le sujet de la femme est traitée de manière progressiste, universelle et avec beaucoup d'humour à travers la sexualité. On ne porte pas de jugement. Je pensais que le public parisien allait être frileux et au contraire, l'échange est fort et l'écoute incroyable. On reçoit des réactions positives et beaucoup d'émotion. La parole se libère. On a des retours de femmes occidentales ou musulmanes qui nous remercient. La pièce les secoue et leur fait du bien. Car on n'est ni pour ou contre l'Islam, on est pour la femme. Ce spectacle n'est pas sur le voile, c'est important de le dire même si le titre est accrocheur. C'est un spectacle sur la femme ! Si un spectateur est perturbé ou choqué, il peut quitter la salle. Si des fondamentalistes s'en prennent à nous, c'est encore un problème de méconnaissance du sujet. Et il ne faut pas oublier que lorsque l'on vient au théâtre, on vient tous avec un sac à dos que l'on va échanger.

Hassiba Halabi : Je suis aussi metteur en scène et, quelque soit la sensibilité du sujet, s'il est traité de manière intelligente, les messages passent. Il ne faut jamais entrer dans la provocation. Le but du jeu est de faire évoluer les mentalités et d'ouvrir le dialogue. La femme, la place de l'Islam et des musulmans dans la société sont des sujets universels.

Les Monologues Voilés au Petit Théâtre de Paris jusqu'au 1er janvier 2012

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