
Pas cela ceci...par Miriam Melin !
Herman VAN DICK
Association
Valentin
Haüy
Au service des aveugles et des malvoyants
Reconnue d'utilité publique en 1891
5 rue Duroc 75343 PARIS CEDEX 07
01 44 49 27 27 • Fax : 01 44 49 27 10 • www.avh.asso.fr • avh@avh.asso.fr
PAS CELA...
... CECI
Première édition: 1971, Herman Van Dyck, Belgique.
Edition remaniée, 1993, Nederlandse Vereniging
van Blinden en Slechtzienden (NVBS)
Adaptation : Harold van der Voort et André Janse
Cette édition en langue française a été réalisée
par l'Association VALENTIN HAÜY au service
des aveugles et des malvoyants, reconnue
d'utilité publique en 1891.
SOMMAIRE
Préface...............................................................................5
L'ange gardien...................................................................6
Traverser la rue..................................................................6
Comment guider un aveugle ?...........................................7
Trottoirs et escaliers..........................................................7
Les transports en commun................................................8
Chaque chose à sa place....................................................8
Où est mon manteau ?.......................................................9
Trouver un siège................................................................9
Comment décrire ?............................................................9
Où est « là »... ?..............................................................10
Les toilettes.....................................................................10
Devine qui je suis ?.........................................................11
Les mots « voir » et « regarder ».....................................11
Lire le courrier.................................................................12
Au moment de partir.......................................................13
Vraiment, les aveugles et les malvoyants ne sont pas dangereux.....................................................13
Préface
En 1971, une brochure écrite par Herman Van Dyck parut sous le titre
de Niet zo, maar zo (Pas cela, ceci). Cette brochure contenait une
foule d'indications et de petits trucs utiles pour savoir comment se
comporter avec des handicapés visuels. Dans cette édition, il est
surtout question des aveugles. Aux Pays-Bas, près de 625 000
personnes ont des capacités visuelles amoindries. Parmi eux, 158 000
souffrent au quotidien d'une vision extrêmement limitée (1). Ils sont
aveugles (ne peuvent plus s'orienter avec une luminosité faible) ou
malvoyants ( peuvent s'orienter avec une luminosité faible, mais sont
incapables de déterminer nettement ce qu'ils voient). On nomme aussi
les malvoyants graves « aveugles civils ». Souvent, les valides
trouvent qu'il est difficile de se comporter avec une personne limitée
visuellement parce qu'en fait, on ne sait pas comment aborder le
mieux un aveugle ou un malvoyant. C'est pourquoi la Nederlandse
Vereniging van Blinden en Slechtzienden (NVBS) * a décidé de se
baser sur la brochure de Herman Van Dyck pour réaliser un film
d'information destiné à tous ceux qui sont amenés à entrer en contact
avec des aveugles et des malvoyants. Une cassette audio fut aussi tirée
du film Niet zo, maar zo pour que chacun puisse en recevoir le
contenu et le message sous la forme qu'il désire.
Cette brochure est une adaptation de celle parue en 1971. Son contenu
est adapté à notre époque et on y trouve des éléments intéressants
pour les aveugles et les malvoyants eux-mêmes. Enfin, que nous
soyons aveugles, malvoyants ou valides, nous essayons de nous sentir
aussi bien que possible les uns avec les autres. Et avec un peu de
compréhension mutuelle, on y arrive toujours.
* NVBS : Association Néerlandaise des Aveugles et des Malvoyants.
(1) en France, on estime à 3 100 000 le nombre des personnes
qui font état d'une atteinte visuelle, à 225 000 celles atteintes
d'une cécité partielle et à 55 000 le nombre d'aveugles
(source: I.N.S.E.E.).
L'ange gardien
Pour un aveugle ou un malvoyant, il n'est pas toujours facile de
trouver son chemin dans la rue, dans une gare ou dans quelque
autre endroit. En général, les gens voudraient bien les aider.
Mais souvent, ils n'osent pas car ils ne savent pas comment faire
ou bien doutent que leur aide sera appréciée. Parfois, ils
talonnent un handicapé visuel comme une espèce d'ange
gardien afin de pouvoir l'empêcher à temps de se heurter contre
un quelconque obstacle. L'intention est évidemment excellente,
d'autant plus qu'ils croient que la personne ne s'apercevra de
rien. C'est pourtant tout l'inverse. Les aveugles et les
malvoyants n'observent pas qu'avec leurs yeux : un aveugle
utilise l'ouïe, l'odorat et le toucher pour percevoir ce qui
l'entoure. En un rien de temps, il aura repéré son « ange
gardien ». Son attention s'en trouvera perturbée et la situation
risque de le rendre très nerveux.
N'hésitez pas à proposer votre aide. Ne jouez surtout pas les
« anges gardiens » .
Traverser la rue
Il est souvent difficile pour un handicapé visuel de traverser seul
avec sa canne, surtout aux heures de grande circulation. Si vous
pensez qu'il a besoin d'aide, le mieux est de lui poser la question.
Il arrive parfois qu'un aveugle ou un malvoyant, qui attend le
tram ou le bus au bord du trottoir, soit brusquement attrapé par
le bras et entraîné de l'autre côté de la rue. Tout en se débattant,
il tente d'expliquer au « serviable » inconnu qu'il ne souhaitait
absolument pas traverser. Il vaut mieux demander : « Puis-je
vous aider à traverser ? ». Si la réponse est positive, vous
pouvez alors l'emmener de l'autre côté de la rue. Bien sûr, un
aveugle ou un malvoyant peut aussi demander spontanément de
l'aide.
Comment guider un aveugle ?
Si un aveugle ou un malvoyant vous demande de le guider, par
exemple pour traverser, se diriger dans un restaurant ou dans un
autre bâtiment, offrez-lui votre bras ou votre épaule. Ne poussez
jamais la personne en avant, mais précédez-la. Autrement, vous
auriez beaucoup de mal à la guider et elle ne se sentirait pas du
tout en sécurité.
Trottoirs et escaliers
Les trottoirs et les escaliers ne doivent en aucun cas poser de
problèmes au guide. Contentez-vous de signaler au bon moment
un trottoir à monter ou à descendre. Il n'est pas nécessaire
d'arrêter un aveugle ou un malvoyant pour lui faire sentir le
bord du trottoir avec sa canne blanche. Pour les escaliers, dites
simplement : « Attention, nous montons (descendons) un
escalier ». Vous pouvez aussi lui demander s'il préfère se tenir à
la rampe. Si c'est le cas, posez sa main dessus ou dites-lui : « La
rampe est à votre gauche (droite)». Vous pouvez aussi signaler
si l'escalier est grand ou petit. En tous cas, à la dernière marche,
prévenez la personne que vous accompagnez . S'il y a le choix
entre un escalier ordinaire ou un escalier roulant, la décision est
toujours laissée à l'aveugle ou au malvoyant. Il faut toujours
signaler clairement qu'on s'apprête à utiliser un escalier roulant.
Les transports en commun
C'est lorsqu'ils montent dans un tram, un bus, un train ou un
métro que les aveugles et les malvoyants sont le plus souvent
aidés ; du moins, s'ils ne sont pas bousculés dans la cohue des
heures de pointe, ce qui, heureusement, reste assez rare. Mais
souvent, on « hisse » un handicapé visuel dans la voiture, plutôt
que de lui laisser la possibilité de monter normalement. Bien
que cela parte d'un bon sentiment, c'est absolument superflu. Il
suffira de le guider jusqu'à la porte de la voiture et poser sa main
sur la rampe d'accès. Des jambes, il en a ! Il peut donc monter
comme tout le monde. Ces conseils sont aussi valables pour la
descente. Si vous montez ou descendez avec un aveugle ou un
malvoyant, guidez-le comme vous le faites d'habitude. Vous
pouvez éventuellement lui dire si la marche est haute ou basse.
Dans le cas d'une automobile, il est important de signaler à quel
endroit il doit monter. Posez simplement sa main sur la portière
ouverte et il pourra s'orienter seul. Pour sortir, dites-lui s'il est
possible d'ouvrir la portière et comment le faire.
Chaque chose à sa place
Il est essentiel pour les aveugles et les malvoyants que les objets
soient toujours rangés aux mêmes endroits. Sinon, impossible de
retrouver quoi que ce soit. Ceci est particulièrement important
pour les handicapés visuels qui vivent et voyagent seuls ou qui
sont sur leur lieu de travail. Attention aux portes des pièces
comme à celles des meubles ! Les portes des pièces seront soit
grandes ouvertes, soit fermées ; celles des meubles, toujours
fermées. Bien sûr, il est aussi très important de ne pas laisser
traîner seaux, corbeilles à papier, sacs, etc. Vous pouvez
imaginer quel parcours d'obstacles cela pourrait être !
Où est mon manteau ?
Au cours de réunions, dans les trains ou dans les restaurants, on
débarrasse souvent avec empressement un handicapé visuel de
son manteau : « Laissez-moi vous aider » et le manteau s'est
envolé. Quelle histoire pour le retrouver ! Il vaut donc mieux lui
laisser ranger ses affaires. Si vous l'aidez à le faire, dites-lui
précisément où vous avez suspendu son manteau.
Trouver un siège
C'est une idée fort répandue, mais néanmoins erronée, qu'il
convient en toutes circonstances de donner le plus vite possible
une place assise à un aveugle ou à un malvoyant. Le seul
problème, c'est que, s'il cherche à s'asseoir, il met du temps à
trouver un siège. Vous pouvez l'aider en cherchant une place
avec lui. Demandez-lui où et, éventuellement, près de qui il veut
s'installer. Il est facile de lui montrer un siège. Si vous posez sa
main sur le dossier d'une chaise, il sait aussitôt comment elle est
disposée et peut s'asseoir sans difficulté. Vous pouvez
également lui montrer s'il y a une table à côté de lui.
Comment décrire ?
Beaucoup de gens, quand ils sont en compagnie d'un aveugle ou
d'un malvoyant, se croient obligés de parler sans cesse :
« Sinon, il ne sait pas si je suis encore là », ou : « Comme il ne
voit pas, il risque de s'ennuyer ». Cela part, bien sûr, d'un bon
sentiment, mais, comme pour toute autre conversation, il peut y
avoir des moments de silence. En ce qui le concerne, un non-
voyant perçoit son environnement, grâce à ses autres sens,
beaucoup mieux qu'on aurait tendance à le croire.
Vous pouvez toujours lui demander s'il préfère une description
détaillée ou superficielle de ce qui l'entoure, d'une personne ou
d'un objet. Il est superflu de la lui imposer.
Cependant, il est utile de lui mentionner spontanément un détail
extraordinaire ou inhabituel. Par exemple : « La rue est défoncée
de l'autre côté ». Cette information lui servira peut-être plus
tard.
Où est « là »...?
Ne dites jamais : « Il y a une chaise là », « Un peu plus loin, il y
a un vélo en travers du chemin » ou « L'arrêt de bus est après le
coin de la rue, là-bas » tout en montrant d'un geste la direction
en question. Toutes ces indications de direction n'ont souvent
aucun sens pour un aveugle ou un malvoyant car elles sont
basées sur des regards ou des gestes. Il vaut mieux lui dire : « A
trois mètres devant vous, un vélo est posé contre le mur »,
« L'arrêt du bus qui va à la gare est à dix mètres à droite ». En le
servant à table, vous pouvez lui dire : « Votre verre est à droite
devant vous » ou « Votre apéritif est à votre droite ». Vous
pouvez aussi donner un petit coup à l'objet désigné, pour que la
personne puisse le repérer au son. Si vous lui mettez
directement dans la main son verre, son apéritif ou quelque autre
objet, n'oubliez pas de lui dire où il pourra le reposer.
Les toilettes
Comme tout le monde, un aveugle ou un malvoyant a besoin
d'aller aux toilettes. Parfois, il pourra vous demander de l'aide.
Ne vous sentez pas gêné : vous n'avez pas à l'accompagner à
l'intérieur pour attendre à ses côtés. En général, il suffit de lui
indiquer où est la porte des toilettes. Vous pouvez lui demander
s'il peut continuer seul. Il est toujours utile de lui montrer où se
trouve, par exemple, le lavabo. Vous pouvez également lui
demander s'il saura revenir des toilettes.
Devine qui je suis ?
Dans la rue, dans le train ou au cours d'une réunion, il arrive
qu'on interpelle un aveugle ou un malvoyant de la manière
suivante : « Salut, Carine ! Comment vas-tu ?» ou : « Salut,
devine qui c'est ? ».
Il est vrai que les handicapés ont en général une bonne mémoire,
même pour reconnaître les voix. Mais qu'une personne prise par
surprise reconnaisse une voix à partir de quelques mots (et ce,
alors que toute son attention est accaparée par d'autres
perceptions), c'est trop lui en demander.
Si vous n'êtes pas un de ses proches, quelqu'un dont elle
reconnaît immédiatement la voix, faites vous connaître dès le
début de la manière suivante : « Salut Carine ! C'est Vincent ».
Si vous craignez de ne pas être reconnu, ajoutez une petite
explication : « Tu sais, nous nous sommes rencontrés il n'y a
pas longtemps à S... ».
Les mots « voir » et « regarder »
En parlant à un handicapé visuel beaucoup de gens n'osent pas
employer les mots « voir », « regarder » ou « aveugle ». Ils
disent alors : « Mon oncle aussi est... euh... comme ça », ou
« Ma grand-mère a ça elle aussi ». S'ils emploient
involontairement « voir » ou un mot analogue, ils sombrent dans
la confusion. Ils commencent à bégayer ou à se confondre en
excuses. Et ce, alors qu'il arrive fréquemment que les aveugles
et les malvoyants puissent plaisanter de leur handicap. Ils
utilisent le mot « voir » comme n'importe quel autre. Ils parlent
aussi souvent de « voir », ou emploient un autre mot pour
exprimer leur manière spécifique de « voir ». C'est-à-dire :
sentir, toucher, humer et entendre. « J'ai vu (senti, touché) une
jolie statuette». «Oui, moi aussi j'ai vu (entendu) ce film».
« Au revoir (à la prochaine fois) ».
Vous pouvez donc dire sans crainte à un handicapé visuel :
« Voulez-vous voir ce vase ? » en lui mettant le vase dans les
mains. N'hésitez pas non plus à utiliser les mots « aveugle » et
« malvoyant » s'ils surviennent au cours d'une conversation.
Surtout, n'oubliez jamais qu'avoir une vision limitée n'entraîne
pas la surdité. Gardez pour vous des remarques chuchotées
telle : « Quelle horreur ! Je préférerais plutôt mourir qu'être
aveugle ». Les aveugles et les malvoyants sont souvent d'un
tout autre avis.
Lire le courrier
Bien qu'on ait actuellement des outils technologiques capables
de lire des textes manuscrits ou dactylographiés, un aveugle ou
un malvoyant demande souvent à une tierce personne de lui lire,
entre autres choses, son courrier. Il faut faire preuve de tact et de
discrétion lorsqu'on lit une lettre d'ordre privé ( quand il est
question d'argent, par exemple). En premier lieu, vérifiez si le
nom de l'expéditeur n'est pas écrit sur l'enveloppe. N'ouvrez
jamais une enveloppe sans qu'on vous l'ait expressément
demandé. Il est important de lire exactement ce qui est écrit en
évitant de parler trop vite. Ne commencez jamais par lire la
lettre dans votre tête pour dire ensuite : « Oh, c'est une lettre
d'amour de Vincent ».
Si vous souhaitez vous-même envoyer une lettre à un handicapé
visuel, enregistrer votre message sur une cassette peut être une
bonne solution.
Au moment de partir
Peut-être vous est-il déjà arrivé de parler à quelqu'un alors qu'il
était déjà parti. Sans doute avez-vous ri de ne pas vous être
aperçu que vous étiez seul. Il en est tout autrement pour un
aveugle ou un malvoyant. Dans un restaurant bondé ou dans une
fête, par exemple, il est souvent difficile de savoir si la personne
avec qui on était en train de discuter est toujours là. Il arrive
parfois qu'un handicapé visuel se retrouve à parler à une chaise
inoccupée. Il finit bien sûr par s'apercevoir qu'il est seul, ce qui
n'est pas très agréable.
Dites-lui donc si vous vous absentez un moment et faites de
même à votre retour. Gardez aussi à l'esprit qu'un aveugle ou
un malvoyant s'attend à ce que vous vous exprimiez avec des
mots ; un sourire, aussi amical qu'il soit, ou un signe de la tête
ne servent à rien.
Vraiment, les aveugles et les malvoyants ne sont pas
dangereux.
Souvent, on n'ose pas s'adresser directement à un aveugle ou un
malvoyant. Cela vient peut-être du fait qu'on est habitué à avoir
d'abord un contact visuel avec une personne. Si ce contact est
absent, on hésite à aller plus loin.
Dans la pratique, on résout parfois le problème en s'adressant au
guide d'un handicapé visuel. Par exemple : « Monsieur, que
désire boire madame ? », ou « Voulez-vous que j'accompagne
ce monsieur?». L'intéressé se sent alors traité comme un
incapable, ce qui est à la fois inutile et injuste. Si vous souhaitez
lui demander ou lui proposer quelque chose, adressez-vous
directement à lui. Prononcez son nom si vous le connaissez ou
touchez-lui le bras : « Que désirez-vous boire, madame ? ».
N'oubliez pas d'énumérer les différentes options possibles s'il a
un choix à faire. S'il paye, dites-lui la somme qu'il vous donne.
Vous pouvez aussi compter la monnaie dans sa main : « Vous
m'avez donné un billet de 10 € , je vous rends donc 5 €. »
Vraiment, les aveugles et les malvoyants ne sont pas dangereux.
Vous pouvez leur parler comme à n'importe qui.
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