samedi 25 juin 2011

L’enfant malade par Sun Art (Sonia Cheniti)



Il n’y a pas dans toute la plaine des Andalous (Galaât el Andeleuss) de propriétaire plus riche, de cultivateur plus important que Hadj Hammed. Ses troupeaux sont innombrables et les plus réputés dans tout le pays. Il est grand et beau, toujours vêtu d’un « ahram » de soie blanche, mais son regard fuyant inspire plutôt la crainte et la répulsion. Son épouse a remarqué qu’il devenait de plus en plus nerveux. Huit jours plus tard, Hadj Hammed, décide de sortir de son mutisme et il lui confie qu’étant lui même stérile il désirerait adopter un enfant.
Ils adoptèrent alors un orphelin dont les parents étaient morts en Palestine. Hadj Hammed et son épouse ne savent pas grand-chose sur ses origines. Il pourrait bien être un petit musulman, ou un petit juif, peu importe ! Devant eux se trouve un beau petit garçon qui a besoin de tendresse comme tous les enfants de la planète Terre.

Des jours plus au moins paisibles s’écoulent. Cependant, l’enfant chétif est faible. Sa carence alimentaire est bien trop importante. Dieu seul sait s’il pourra survivre. L’enfant est malade…très malade. Quelles insouciances ont donc les adultes pour avoir réduit un enfant à cet état de souffrance ?
Tout le monde sait que l’enfant, l’enfant malade va mourir, car les quelques vrais amis sont là. Ils ne seraient pas venus, s’ils n’avaient pas su que l’enfant allait mourir. La mère sait que son enfant agonise bien que personne ne lui ait dit. Elle le sait parce qu’elle sent son sang se glacer dans ses veines. Elle se tient là au bord d’un grand lit où l’enfant a voulu qu’on le mette - car c’est l’enfant qui a demandé qu’on le mette dans le lit de ses parents – Pourquoi l’enfant malade a-t-il demandé cela ? Pour sentir une dernière fois la douceur d’un lit maternel ? Le souvenir si mince d’une cajolerie ? Ou pour se sentir protégé comme il ne l’a jamais été, dans sa grande souffrance, par ses parents ? Ne sont-ils pas tout puissants et ne lui font-ils pas, sans doute, un rempart de leur poitrine contre le mal ?…
Son mince corps se dessine à peine sous la couverture et ses toutes petites mains fines, toute pâles sur la blancheur de drap semblent inertes…Mais la mère lui donne à boire, les mains de l’enfant saisissent la tasse en tremblant. Et dans le silence morne de la pièce, on entend tinter les dents sur la porcelaine…

L’enfant est malade ? A qui est la faute ? L’enfant est malade. L’enfant malade veut boire car il veut vivre… Ses yeux le disent encore quand ils s’entrouvrent dans leur cerne bleuâtre sur les choses d’alentour, inquisiteurs…Pourquoi lui arrive-t-il cela, maintenant qu’il a, lui aussi, une maman et un papa ?
La chambre est dans l’ombre, et de son lit l’enfant malade peut voir la porte da la maison qu’on a laissée entr’ouverte, pour qu’on ne fasse pas du bruit en allant et en venant. La porte de la maison est ouverte et l’enfant qui va mourir dit dans un souffle :
« Attention !… » Puis il ajoute « à mes chats… » Et ensuite :
« Où est papa ?… »

Le père est allé chercher un spécialiste pour qu’il sauve son enfant…
Mais, c’est inutile puisque l’enfant malade va mourir. La mère essuie la sueur qui perle sur le visage de l’enfant… sur les ailes du petit nez fin, sur le front pâle, sur les mains froides maintenant…
« Pas sur les mains », dit l’enfant, « ce n’est pas la peine… »
La mère pleure… Elle le sait, bien sûr, la mère debout près du lit que son enfant va mourir… Mais elle croit que le temps suspendra sa marche, qu’elle restera pour l’éternité figée là, debout auprès de son enfant… Elle le croit et cela aurait été pour elle un bonheur…
Mais les minutes s’égrènent. Un soleil de mai resplendit dehors. Des mouches sur la vitre bourdonnent…, les minutes s’en vont et l’enfant aussi.

L’enfant meurt ; doucement en inclinant la tête sur son cou frêle, avec ses grands yeux purs, bleus, ouverts…
La mort d’un oiseau n’est-elle point semblable à la mort d’un enfant ?…
La maison se vide de son âme, tout comme l’univers. Tous les jours, depuis la nuit des temps, des enfants meurent, hélas, à cause des adultes. Tous les jours, des enfants meurent à cause des guerres.
La maison est muette. Dans le jardin odorant, l’enfant ne courra pas à travers les buissons. Dans le bassin tapissé de mousse, ton image n’apparaîtra pas.
Le printemps est là. Il a fleuri les arbres. La terre palpite de la joie de vivre…Du séjour froid des morts, toi, l’enfant, tu dis avec tendresse : « Maman, viens ! »

(photo de l'enfant de la guerre :orphelin atteint d'encéphalite. Enfant abandonné d'une des centaines de femmes bosniaques violées par les "soldats" serbes. Zénica. Bosnie centrale. 1993)

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