mercredi 29 juin 2011

Deux femmes, deux hommes et 4 000 poulets !

Le Point.fr

Chaque mercredi, Anna Cabana, grand reporter au Point, livre une analyse politique pour le 6/7 de France Inter.

Deux femmes, deux hommes et 4 000 poulets !

Nicolas Sarkozy et François Fillon visitent un élevage de poulets jaunes de la coopérative de Loué, le 28 juin 2011. © Eric Feferberg / AFP

Ce matin, vous voulez nous parler de deux femmes et de deux hommes

Et de 4 000 poulets ! La folle journée d'hier mérite qu'on y revienne. La séquence s'ouvre à 11 heures du matin dans la Sarthe, dans un champ, sous un ciel gris blanc, par un lâcher de 4 000 poulets, donc, aux pieds de Nicolas Sarkozy et François Fillon, tout en complicité surjouée et surmédiatisée. Trente minutes plus tard, tandis que Nicolas Sarkozy sourit aux photographes en caressant ostentatoirement un petit poussin - que, soit dit en passant, il n'a pas osé prendre dans sa main -, à 475 kilomètres de là, à Lille, Martine Aubry prononce sa déclaration de candidature tant attendue. Et c'est précisément à ce moment-là qu'à Paris, à l'Assemblée, Christine Lagarde fait, avant même sa nomination à la tête du FMI, un discours d'adieu aux députés UMP. Bref, l'info politique du jour, qui - il ne faut pas se tromper - est l'officialisation de l'entrée dans la bataille présidentielle de Martine Aubry, est prise en sandwich entre la chorégraphie champêtre de la romance Fillon-Sarkozy et le ramdam autour de la nomination de Christine Lagarde.

Vous y voyez le fruit du machiavélisme de Nicolas Sarkozy ?

J'y vois surtout la baraka de Sarkozy. Le chef de l'État rêvait que la nomination de Lagarde intervienne avant les JT de 20 heures et le bouclage des quotidiens, pour qu'Aubry ne soit pas la seule femme à la une. Il a été exaucé au-delà de ses espérances. La nomination de Lagarde ayant été annoncée à 19 h 30 heure française, c'est elle, et non Aubry, qui fait le premier titre du JT de TF1. Sur France 2, les deux femmes se partagent l'ouverture. Et ce matin, même Libération fait sa une sur Lagarde. Au final, la nouvelle directrice du FMI aura relégué Aubry en deuxième sujet. Le sort a souri à Sarkozy. Mais comme on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même et qu'il n'était pas sûr que la nomination de Lagarde intervienne à temps, il avait prévu un plan D. D comme diversion. La diversion campagnarde avec les poulets et les poussins télégéniques. De l'image, rien que de l'image. Sarkozy et Fillon comme un tandem stable et solidaire dans un pré piqué de pissenlits.

Le bonheur politique est dans le pré, c'est ça ?

Presque. Les organisateurs ont eu quelques déconvenues de mise en scène. Primo : les poulets, intimidés par ces messieurs, ont rechigné à sortir du poulailler, au lieu de venir picorer comme il se devait les pieds de Sarkozy. Secundo : le staff présidentiel avait prévu que le couple exécutif s'offre une marche de quelques minutes en tête à tête sur un chemin tracé à la tondeuse. Toute la délégation, y compris les élus, a été priée de sortir du champ des caméras. Tout ça pour quoi ? Pour que Fillon, crispé par le nombre de journalistes, danse d'un pied sur l'autre à côté de Sarkozy et fasse signe au sénateur du cru de se joindre à eux. Il a fallu qu'un collaborateur élyséen aille tirer ce sénateur par le bras pour qu'il ne gâche pas les photos. Trop tard : la marche au sommet n'a pas eu lieu. Si Fillon a été nerveux et déconcentré pendant tout le déplacement, Sarkozy, lui, s'est contrôlé comme rarement. Ça fait longtemps qu'il ne s'est pas si manifestement obligé à être aimable avec les journalistes, qu'il a invité à boire un jus de pomme par-ci, à manger une mousse au chocolat par-là. Hier, Sarkozy a fait sa première journée de campagne.


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