
Par Nathalie Mihal-Hayat
Une enquête démontre que 21 des 56 économistes les plus influents du monde estiment que le gouverneur de la Banque d'Israel Stanley Fischer devrait succéder à Dominique Strauss-Kahn pour le poste de directeur du FMI, bien que France Christine Lagarde soit la mieux placée.
Cette enquête, effectuée auprès d'une soixantaine d'économistes à travers le monde, révèle une forte volonté de l'Europe de garder son emprise sur le plus haut poste du FMI après que Dominique Strauss Kahn ait démissionné mercredi 18 mai suite à des accusations d'agression sexuelle sur une employée d'un hôtel à New York.
Dans la catégorie "des plus probables" Christine Lagarde a reçu plus de la moitié des votes avec 32 sur 56 , faisant d'elle la favorite dans ce domaine. Cependant, les résultats ont révélé que la plupart d'entre eux estiment que M. Fischer est plus approprié pour ce poste.
L'honneur revient donc à Stanley Fischer, gouverneur de la Banque d'Israel âgé de 67 ans qui a reçu 21 votes contre 10 pour Christine Lagarde.
Mais tous les deux auront à faire face à l'éventualité d'une autre candidature.
En trente-trois ans d'existence le FMI a connu des directeurs français pendant 26 années. Cette donnée porte fortement préjudice à la ministre française des Finances.
Un facteur plus désavantageux encore joue contre elle : elle pourrait être faire l'objet d'une enquête sur son rôle éventuel dans l'attribution de compensation dans le procès de l'homme d'affaire Bernard Tapie.
André Perfeito de "Gradual Investissement", trader à Sao Paulo au Brésil, a affirmé :"Christine Lagarde possède à la fois le passeport politique ainsi que les compétences techniques. Sa nomination sera sans aucun doute bénéfique pour les économies émergentes."
Dans le cas de Fisher, la législation actuelle du FMI semble saboter ses chances puisqu'elles stipulent que toute personne de plus de 65 ans ne devrait pas être à la tête du FMI.
Le président de la banque central européenne, Jean-Claude Trichet, âgé lui de 68 ans pourrait également être évincé aux vues de cette règle.
Michael Woolfolk de la banque de Mellon à New-York, a déclaré : "Fischer est perçu comme étant capable de diriger, il a le potentiel et il est généralement bien apprécié."
Après Fisher, on trouve le président de la "Bundesbank" Axel Weber qui comptabilise 11 votes en tant que meilleur prétendant. Il est suivi de près par la ministre française Christine Lagarde et le Premier ministre anglais Gordon Brown avec 5 votes.
Avant même la démission de Dominique Strauss-Kahn mercredi 18 mai, les politiciens des marchés émergents vantaient leur candidature pour le poste de directeur du FMI. Jeudi 19 mai, le ministre turc des Finances, Mehmet Simsek indiquait que la pratique européenne de la nomination du directeur devait changer.
Paradoxalement le sondage montre que ces économistes seraient susceptibles d'être déçus si les pouvoirs émergents choisissaient un de leurs représentants pour le poste de directeur.
D'après 48 des 57 analystes,il est fortement probable que le successeur soit un européen.
Parmi les candidats des marchés émergents, le gouverneur de la banque centrale turque Kemal Dervis est à la tête avec 6 votes pour la catégorie "des plus probables" et 3 votes dans celle "des plus capables".
Alfredo Viegas du groupe capitaliste Knight du New Jersey, a déclaré :"Kemal Davis serait le compromis idéal car il représenterait à la fois le côté européen et le côté marché émergent".
Le ministre des Finances de l'Afrique du Sud, Trevor Manuel, à quant à lui reçu quelques votes le désignant comme successeur possible parmi les représentants des marchés émergents .
Par ailleurs ,l'enquête a aussi montré que la plupart des analystes estiment qu'il est peu probable que l'arrestation de Dominique Strauss-Kahn ait des conséquences sur le délai imputé à la Grèce qui a reçu un avertissement du FMI pour redoubler d'efforts afin de réformer son économie considérant sa dette.
Selon l'économiste, Guy Lebas du marché Janney à Philadelphia : "Quand Dominique Strauss-Kahn était une figure importante du FMI, il était le seul à défendre la politique en faveur de la Grèce".
Il a poursuivi : "Les pays membres du FMI ont un poids plus important que Dominique Strauss-Kahn dans ce qui est de la prise de décision concernant la Grèce".
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