mercredi 7 novembre 2018

Après l’attaque de Pittsburgh, des juifs américains s’entraînent à manier les armes....


Des centaines de juifs vivant aux États-Unis ont récemment contacté un centre d’entraînement pour apprendre le maniement des armes à feu, à la suite de l’attaque meurtrière qui a touché la synagogue de Pittsburgh, en Pennsylvanie, le 27 octobre. Ce centre privé, basé à la fois en Pennsylvanie et en Arizona, enseigne des techniques de tir « stratégiques israéliennes ». Une vision que critique vivement un rabbin pennsylvanien.

« Il est hors de question que les juifs soient menacés en Amérique. Est-ce que vous diriez à des soldats qui se trouvent sur le front ‘déposez vos armes et laissez l’ennemi vous tuer’ ? Non. Donc les juifs ont besoin d’être armés ». Yonatan Stern, ancien officier des forces de défense israéliennes, a une idée très claire pour répondre aux violences antisémites. Il a d’ailleurs fondé le centre d’entraînement Cherev Gidon il y a six ans, car il était persuadé que la communauté juive allait être attaquée dans le pays au cours des années suivantes.

Depuis la fusillade qui a touché la synagogue « Tree of Life », il assure avoir reçu plus de messages provenant de la communauté juive que depuis la création du centre. Cette tuerie est l’attaque antisémite la plus meurtrière de l’histoire des États-Unis, avec 11 morts.


En temps normal, le centre propose des entraînements avec différents types d’armes à feu – fusils, pistolets, fusils de chasse et pistolets-mitrailleurs Uzis – pour tous les niveaux. Mais depuis la fusillade, l’accent a été mis sur les entraînements, expliquant comment réagir face à un assaillant dans une synagogue où se trouvent de nombreux civils.
Yonatan Stern explique pourquoi il pense qu’il est vital que les juifs soient armés aux États-Unis.
« Nous avons besoin de citoyens capables de se protéger eux-mêmes »
La police ne peut pas protéger la communauté juive partout, en permanence : c’est un fait. Il n’y a pas l’argent et pas assez de policiers pour cela. Nous avons donc besoin de citoyens capables de se protéger eux-mêmes en cas d’attaque. J’ai d’ailleurs reçu des appels de la police venant de tout le pays pour me féliciter, car en entraînant les gens à utiliser des armes, nous facilitons leur travail.


L’antisémitisme progresse à tous les niveaux : à droite, à gauche, chez les Noirs, chez les Blancs… Cette culture de la haine va générer de la violence. Voulons-nous être comme des moutons allant à l’abattage ? Voulons-nous être assassinés ? Ou allons-nous nous lever et combattre ? Moi, je sais ce que je vais faire.

Certains juifs de gauche disent de ne pas utiliser d’armes. Mais ces voix-là sont de plus en plus rares. Ceux qui encouragent le fait d’avoir une arme sont en train de devenir majoritaires. Le contrôle des armes à feu ne fonctionne pas. Donc lorsque nous sommes confrontés à des personnes armées et mal intentionnées, nous devons être prêts. Notre objectif est que la population soit entraînée.

Mendel Levine est un cuisinier de 20 ans. Il vit dans l’État de New-York. Le 30 octobre, il a participé à un entraînement au sein du centre Cherev Gidon. Selon lui, parmi les neuf personnes ayant suivi l’entraînement, il y avait un couple qui n’avait jamais touché à une arme à feu auparavant, tandis que les autres avaient des niveaux variables.
Cela faisait déjà plusieurs années que je tirais, dans le cadre de ma pratique sportive. Mais à la suite du massacre de Pittsburgh, j’ai décidé qu’il fallait que je commence à m’entraîner vraiment.
Cette fusillade a confirmé ce que je pensais : les gens ont besoin de porter des armes à feu, notamment dans les endroits où ils ne sont généralement pas censés en avoir, afin de pouvoir se protéger si besoin. Une attaque de masse peut se produire partout.
Depuis la fusillade, j’ai remarqué que la perception des gens concernant les armes à feu avait changé. Par exemple, auparavant, mon chef était opposé à l’idée d’avoir une arme dans le restaurant et mes parents ne voulaient pas avoir d’armes non plus à la maison. Mais c’est quelque chose qu’ils semblent accepter davantage désormais.
Quand j’aurai 21 ans, je ferai une demande de permis pour pouvoir détenir une arme à feu. Je pense que j’achèterai une sorte de pistolet avec des munitions à pointe creuse, qui endommagent plus le corps à l’impact. Elles sont donc plus efficaces. De plus, il y a moins de chance qu’elles touchent quelqu’un d’autre, après avoir touché la personne ciblée. Si je me retrouve un jour dans une fusillade, j’espère que j’arriverai à appuyer sur la gâchette rapidement.

Tous les membres de la communauté juive ne partagent cependant pas ces positions. Certains estiment ainsi qu’il ne devrait pas y avoir d’armes dans les lieux de culte. C’est le cas de Rabbi Daniel Swartz, de la synagogue Temple Hesed à Scranton, en Pennsylvanie.
Contacté par la rédaction des Observateurs de France 24, il indique qu’il ne souhaite pas autoriser les armes à feu dans sa synagogue car il estime qu’il existe des stratégies de défense plus efficaces. Il ajoute que le judaïsme interdit la présence d’armes à feu dans les sanctuaires et préconise une utilisation minimale de la violence.
Selon lui, « lorsqu’un système de défense est imparfait, en raison notamment du coût élevé que cela présente pour la plupart des synagogues, des portes sécurisées et gardées, par exemple, sont bien plus efficaces pour empêcher les tueries. » Il préconise par ailleurs le fait de réduire l’accès aux armes et leur utilisation, d’améliorer l’accès aux soins relatifs à la santé mentale et de lutter contre la rhétorique antisémite.

Des études montrent qu’il y a moins de morts par armes à feu dans les États américains où il existe un contrôle plus strict des armes à feu. De plus, il y a moins de morts par armes à feu dans les pays ayant adopté des lois pour les contrôler. Selon le Bureau des statistiques nationales du Royaume-Uni, il y a eu 26 victimes d’homicides par armes à feu dans ce pays entre mars 2015 et mars 2016, un chiffre à mettre en comparaison avec les 11 004 homicides par armes à feu aux États-Unis en 2016.

L’Anti-Defamation League (ADL), une organisation défendant les juifs contre l’antisémitisme et les discriminations, a indiqué dans son audit annuel de 2017 que les attaques antisémites avaient augmenté de 57 % en un an, une augmentation record.
Cet article a été écrit par Catherine Bennett (@cfbennett2).

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