samedi 4 août 2018

Une victime israélienne du terrorisme : C’est la gentillesse qui me fait pleurer....


Poignardée à 13 reprises et laissée pour morte il y a 8 ans, Kay Wilson raconte comment elle a trouvé la paix grâce à la bonté et à un nouveau docu qui retrace sa quête de justice...


Kay Wilson connaît intimement le mal. Il y a huit ans, par un après-midi ensoleillé de décembre, des terroristes palestiniens ont sauvagement poignardé Wilson et son amie alors qu’elles se promenaient dans une forêt située à l’extérieur de Jérusalem.
Alors qu’elle assistait impuissante au meurtre de son amie Kristine Luken à la machette, Wilson a décidé en une fraction de seconde de faire semblant d’être morte – une décision qui finira par lui sauver la vie.
Ligotée, bâillonnée et poignardée à 13 reprises, Wilson était déterminée à ne pas mourir en pleine forêt aux côtés de Luken où leur corps risquaient de ne pas être découverts. Tant bien que mal, elle a trouvé la force de marcher sur une distance d’un kilomètre à travers la forêt dans ce qu’elle appelle sa propre « marche de la mort » pour appeler à l’aide.
Sa déposition de témoin oculaire et les traces de l’ADN du tueur ont conduit à l’arrestation des tueurs de Luken. Ils ont ensuite avoué le meurtre d’une autre femme, Neta Sorek, plus tôt en 2010.
L’histoire extraordinaire de la volonté de Wilson à survivre et l’enquête policière qui a suivi ont fait l’objet d’un documentaire télévisé israélien en 2018 intitulé « Black Forest », réalisé par Hadar Kleinman Zadok et Timna Goldstein Hattab.
Le film de 50 minutes produit par le radiodiffuseur public Kan a constitué un exutoire thérapeutique pour Wilson, qui, des années plus tard, souffre toujours du traumatisme physique et émotionnel qu’elle a subi lors de cette horrible attaque.
Lundi soir, Wilson et les réalisateurs du film ont présenté une projection en anglais de « Black Forest », qui a suscité l’horreur du public et en a fait pleurer plus d’un. Mais la tristesse qui régnait dans le théâtre Beit Avi Chai de Jérusalem a basculé lorsque Wilson est montée sur scène pour parler du film avec le journaliste Matthew Kalman.
En l’espace de quelques minutes, Wilson a fait rire le public par son auto-dérision sur sa façon de s’habiller, les coups portés au Bituach Leumi et les histoires absurdes de ses agresseurs au tribunal.
Wilson a expliqué à l’auditoire que le fait d’avoir raconté son expérience douloureuse dans le documentaire l’a aidée à reprendre un peu le contrôle de la situation.
« J’ai fait [le film] avec un but. Je raconte mon histoire depuis cinq ans, et cela a un énorme impact sur mon mental. Et je ne le fais pas par plaisir, mais pour que les gens sachent ce que le mal peut faire », précise Wilson.
Kleinman Zadok et Goldstein Hattab ont confié au Times of Israel que le retour dans la forêt pour filmer les scènes de reconstitution était une idée de Wilson. « Ce n’était pas facile pour elle de revivre tout ce traumatisme, mais c’était son idée », a indiqué Goldstein Hattab.
Wilson a expliqué que revenir sur le site où Luken a été assassinée était « bizarre… mais plutôt intéressant parce que j’avais l’impression de contrôler la situation ».
Mais le chemin de la guérison physique et émotionnelle au cours des huit dernières années n’a pas été facile pour Wilson et a soulevé des questions complexes au sujet de la mort et de la souffrance.
Au cours de sa discussion avec Kalman, Wilson a décrit l’immense culpabilité qu’elle ressent encore aujourd’hui envers la famille de Luken.
« Pourquoi moi ? Il ne sert à rien de poser cette question, parce qu’il y a quelque chose qui se cache derrière cette question. Quand une attaque terroriste ou une tragédie arrive à des gens que je ne connais pas, je pense pendant cinq secondes : ‘Oh, comme c’est terrible !’ Mais quand cela m’arrive, pourquoi devrais-je être le centre de l’univers ? demanda Wilson.
« Je ne sais pas pourquoi je suis resté en vie, je ne pense pas être si importante. Je n’ai pas encore réglé ces questions », a déclaré Mme Wilson.
Wilson dit que la question très souvent posée de « Où était Dieu » pendant l’attaque « est un non-sens ».
« Dieu était dans la forêt, parmi les oiseaux, dans le goût du sang dans ma bouche et dans l’odeur des pins », a-t-elle raconté au public. « Je pense que ce n’est pas la bonne question à se poser… Où était l’homme ? Comment les gens peuvent-ils faire ça à d’autres personnes ? »
« Quand vous ne réussissez pas, d’autres mauvaises choses arrivent »
Comme on le découvre dans « Black Forest », le 24 février 2010, Sorek a quitté la maison d’hôtes de Beit Jamal pour aller se promener. Amoureuse de la nature et militante engagée pour la paix, la professeure d’anglais de 54 ans, originaire du centre d’Israël, passait un week-end tranquille dans le monastère isolé des collines de Judée. Quand elle n’est pas revenue de sa marche, la police a été appelée et une recherche a été lancée. Sorek a été retrouvée poignardée à mort un jour plus tard dans la forêt près de Beit Jamal.
Neta Sorek, une enseignante israélienne qui a été poignardée à mort lors d’un attentat terroriste à l’extérieur de Jérusalem en janvier 2010. (Autorisation)
La police a ouvert une enquête sur son meurtre, mais elle s’est immédiatement retrouvée dans une impasse : Les bergers bédouins de la région ont refusé de coopérer à l’enquête, les fouilles approfondies de la région n’ont révélé aucun suspect et les traces d’ADN de la scène de crime ne concordaient pas avec les bases de données des forces de l’ordre.
La zone autour de Beit Jamal est connue pour être problématique pour les forces de sécurité israéliennes ; la forêt chevauche la Ligne verte et constitue un itinéraire connu pour de nombreux Palestiniens sans papiers qui s’introduisent en Israël pour trouver un emploi.
Lorsque les enquêteurs ont commencé à passer au peigne fin les anciens rapports de police de la région, le nom Kifah Ghanimat a été mentionné à plusieurs reprises. Ghanimat, originaire de Hébron, avait été impliqué dans une série d’incidents violents dans la région, notamment des viols et des vols, mais n’avait jamais été condamné ou poursuivi pour l’un de ces délits.
Finalement, un résident bédouin a admis à la police qu’il avait vu Ghanimat dans la région le jour de la disparition de Sorek. Mais les aveux sont arrivés trop tard. Ghanimat avait disparu, ne laissant derrière lui aucune autre trace hormis les ordures éparpillées autour de certaines grottes de la forêt.
Dans « Black Forest », les policiers qui enquêtaient sur le meurtre de Sorek se souviennent de leur frustration devant le fait que Ghanimat a réussi à s’échapper et à échapper à l’arrestation.
Kristine Luken a été assassinée par des terroristes palestiniens le 18 décembre 2010 parce qu’ils pensaient qu’elle était juive. (Crédit : Autorisation)
« Quand vous ne réussissez pas, d’autres mauvaises choses peuvent arriver », déclare avec lassitude un enquêteur de la police dans le film.
Plusieurs mois plus tard, Ghanimat était de retour dans la forêt de Beit Jamal avec un autre homme, lorsqu’ils ont aperçu Wilson et Luken debout à un belvédère situé tout près d’un des sentiers.
Lui et Ayad Fatafta se sont jetés sur les femmes, les ont ligotées et bâillonnées, avant de les poignarder une douzaine de fois avec des machettes.
Wilson raconte les moments où elle a réalisé qu’elle et Luken allaient mourir. Après avoir doucement ôté son pendentif en forme de Magen David, Wilson dit qu’elle a aperçu une lueur du coin de son œil.
« Ce n’était pas Dieu, ce n’était pas ma vie qui défilait devant moi, c’était la lumière du soleil [qui se reflétait] sur sa machette », dit-elle dans le film.
« J’étais ligotée et bâillonnée, regardant le ciel d’automne. Dans ces moments, que je croyais être les derniers, j’ai vu le soleil obscurci par la main d’un homme tenant une machette », raconte Wilson. « A treize reprises, ils nous ont planté leurs machettes dans le corps en criant ‘Allahu Akbar’, Kristine criant ‘Jésus’ et moi-même en gémissant ‘Shema Israël' ».
Wilson poursuit : « Je n’avais jamais envisagé d’être brutalement assassinée. Mais qui envisage une chose pareille ? A seulement 46 ans, même l’idée de mourir m’avait à peine traversé l’esprit. Ce fut une demi-heure de folie si dévastatrice que même les instants nécessaires pour me préparer à mourir furent occupés par la hantise de la façon dont j’allais être exécutée.
D’une certaine façon, raconte Wilson, j’ai réalisé que la seule chance de survivre était de faire semblant d’être morte. « J’ai fait un choix de conscience, et j’ai essayé de ne pas bouger et je l’ai regardé – à peine à deux mètres de moi – en train de frapper Kristine. »
Les tueurs ont poignardé Wilson à 12 reprises avant de la laisser pour morte. Mais ils sont revenus quelques minutes plus tard pour la poignarder une dernière fois, juste pour être sûrs.
Kay Wilson, survivante d’une attaque terroriste, reconstitue l’horrible attaque à l’arme blanche de 2010 à laquelle elle a survécu pour le documentaire « Black Forest ». (Capture d’écran : Kan)
« Il m’a retourné sur le dos pour que je regarde les pins, et le soleil était bas, rose, orange et violet, et soudain l’ombre de cette main tenant un couteau qui cache le soleil… et je le regarde me poignarder dans la poitrine, mais je ne cligne pas des yeux, ne tremble pas et ne bouge pas », précise-t-elle.
Le couteau est passé à 4 millimètres de son cœur.
« Ma dernière tâche sur terre était de mourir, mais je voulais mourir plus près de l’endroit où j’avais garé la voiture pour que la police retrouve mon corps », ajoute Mme Wilson. « Je réussis à me tenir debout, je tourne le dos à Kristine – ou ce qu’il en reste – et pas à pas je me mets à marcher. »
« C’était extrêmement difficile, mes poumons se remplissaient de sang, c’était comme si je respirais à travers une paille… tout se refermait. J’ai commencé à penser à la chanson ‘Somewhere over the Rainbow’, et tout s’est effondré, et j’ai ressenti un grand froid ».
Après avoir parcouru un kilomètre à pied, Wilson a atteint le parking au début du sentier et est tombée sur une famille qui faisait un pique-nique et qui a appelé les premiers secours.
Alors qu’elle était transportée d’urgence à l’hôpital Hadassah de Jérusalem pour subir la première des nombreuses interventions chirurgicales d’urgence pour soigner les blessures par coups de couteau qui ont perforé ses poumons et son diaphragme, brisé son épaule et son sternum, Wilson a transmis des informations sur les agresseurs à la police.
« Elle m’a fourni tous les détails pendant qu’elle était à l’hôpital », explique un enquêteur nommé Lilach. « Elle était si faible qu’il n’était pas du tout sûr qu’elle s’en sorte. »
Wilson a indiqué à Lilach qu’elle avait légèrement piqué l’un des agresseurs avec un petit canif qu’elle avait sur elle, ce qui l’avait fait saigner. Bien que ses vêtements aient été imbibés de son propre sang, les médecins légistes ont réussi à trouver un échantillon non contaminé de son sang sur sa chemise et l’ont comparé aux archives de la police. L’échantillon a révélé une concordance avec Ayad Fatafta.
Ayad Fatafta et Kifah Ghanimat, condamnés pour le meurtre de Kristine Luken et pour avoir blessé Kay Wilson dans une attaque au couteau dans la forêt de Jérusalem le 18 décembre 2010, à la cour de district de Jérusalem le 24 novembre 2011 (Crédit : Uri Lenz/Flash90)
Fatafta a été interrogé et a rapidement avoué. Il a associé Ghanimat à ce crime, qui a également avoué avoir attaqué Wilson et Luken. La police a révélé que Ghanimat était le chef d’une petite cellule terroriste basée à Hébron qui comprenait Fatafta et son frère, Ibrahim.
En plus du meurtre de Luken, les trois hommes interrogés ont également reconnu avoir assassiné Sorek plus tôt en 2010 et avoir commis un certain nombre d’autres actes de violence dans la région.
Pour les besoins du film, Wilson est retournée sur les lieux pour reconstituer des scènes de l’agression, ce qui a permis aux spectateurs de revivre cette expérience bouleversante en direct. Les réalisateurs ont également choisi d’inclure des vidéos de police montrant le retour de Ghanimat sur les lieux, où lui aussi reconstitue certaines scènes de l’attaque pour la police après ses aveux.
Dans une juxtaposition brutale avec la reconstitution poignante de Wilson, Ghanimat se tient sur le lieu du meurtre, montre avec nonchalance comment lui et Fatafta ont tendu une embuscade aux femmes, et permet même de retrouver les armes du crime qu’ils ont jetées dans un buisson voisin.
« Nous voulions tuer », explique-t-il avec désinvolture à l’inspecteur alors qu’il se tient debout sur les lieux menotté. Lorsqu’on leur a demandé de préciser qui ils voulaient tuer, Ghanimat a répondu : « Les Juifs », mais ajoute rapidement « sans raison, nous voulions juste tuer ».
Kifah Ghanimat lors de la reconstitution du meurtre d’une de ses victimes devant la police en janvier 2011. (Capture d’écran : Kan)
Un mois après cette effroyable attaque, la police disposait de suffisamment de preuves pour arrêter les trois hommes. Fatafta et Ghanimat ont été accusés du meurtre de Luken et de la tentative de meurtre de Wilson. Les frères Ghanimat ont été accusés séparément du meurtre de Sorek. En 2012, tous les trois ont été condamnés à de multiples peines d’emprisonnement à perpétuité pour les meurtres et les autres délits.
Quant à Wilson, bien que la méchanceté humaine l’ait privée de sa santé, de ses moyens de subsistance et de son anonymat, elle attribue les progrès qu’elle a réalisés jusqu’à présent à la gentillesse des autres.
« La méchanceté ne me fait pas pleurer, c’est la gentillesse qui me fait pleurer », confie-t-elle dans le film. « Quand vous avez fait l’expérience de la bonté, et j’ai été la bénéficiaire de tant de bonté de la part de tant de gens. Je ne voudrais pas leur faire l’honneur de me faire pleurer. »
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