samedi 18 août 2018

Des olim médecins américains espèrent aider un système de santé surchargé......


Dans un contexte de pénurie de ressources humaines et matérielles, les olim sont ravis et impatients de combler le manque....


Alors que le système de santé israélien fait face à une pénurie de médecins, d’infirmières, de lits et d’équipement, un nombre croissant de médecins originaires d’Amérique du nord pourraient combler ce manque.
Le dernier avion d’immigrants, qui est arrivé mercredi matin, comptait à bord 27 professionnels de santé sur les 239 nouveaux Israéliens. Médecins et infirmiers, ils sont un atout pour le système de santé israélien, mais ils devront d’abord relever les défis inhérents à l’adaptation à un système de santé étranger, et accepter une baisse salariale conséquente.
« Malheureusement, je ne sais pas comment cela va se passer », déclare Abby Lazar, 31 ans, pédiatre de Philadelphie. « Mais c’est une bonne chose de pouvoir vivre en Israël, mais aussi de contribuer à la société, particulièrement dans une région où c’est nécessaire. »
Ce vol est l’un des nombreux vols affrétés chaque année par le groupe d’immigration Nefesh B’Nefesh, en coopération avec le ministère de l’Immigration et de l’Intégration, l’Agence juive, le KKL, Garin Tzabar et JNF-USA. Fondée en 2002 par le rabbin Yehoshua Fass et l’homme d’affaire américain Tony GElbart, Nefesh B’Nefesh vise à encourager l’immigration depuis l’Occident vers Israël en simplifiant les procédures pour les Juifs américains, canadiens et britanniques. Selon les chiffres de l’organisation, Nefesh B’Nefesh a, à ce jour, fait venir 57 000 olim en Israël.
Dans ce dernier groupe, on compte 11 médecins, deux infirmières, cinq psychologues et neufs professionnels du paramédical.
Nefesh B’Nefesh cherche à attirer les professionnels de la Santé en Israël, et travaille avec le ministère de la Santé, les hôpitaux et les centres de soins pour simplifier les procédures d’équivalences et pour les mettre en contact avec des employeurs.
« Ils ont désespérément besoin de bons professionnels, et les professionnels américains sont considérés comme faisant partie des meilleures », a déclaré Ronen Fuxman, le chargé de liaison pour les équivalences de diplômes médicaux. Avoir 11 médecins immigrants sur le même vol est probablement un record, a fait remarquer Fuxman.
Les professionnels de la santé arrivent dans un système surchargé en Israël, et qui risquent de faire face à davantage de défis pendant les années à venir. Un rapport diffusé le mois dernier par le ministère de la Santé qui compare les soins en Israël et dans le reste des pays de l’OCDE a mis en évidence qu’Israël emploie moins de médecins et d’infirmières par habitant que les autres pays développés, avec 3,1 médecins pour 1 000 résidents, par rapport à la moyenne de 3,3 dans l’OCDE.
Israël est en bas de l’échelle en ce qui concerne le recrutement des infirmières, avec 5 infirmières pour 1 000 habitants, donc largement en dessous de la moyenne de 9,3 de l’OCDE. Israël est également assez bas dans le ratio par habitant en internes, en machines d’IRM, scanners et lits d’hôpitaux vacants.
Les chirurgiens du centre médical Wolfson en train de réaliser une opération à cœur ouvert, le 12 septembre 2011 (Crédit : Nati Shoahat/Flash90)
Israël a un score au-dessus de la moyenne en espérance de vie, taux de suicide, de natalité et de mortalité infantile, selon le rapport.
Une étude de 2017 a déterminé que seuls les 74 % des médecins diplômés travaillaient. Les chercheurs ont évoqué le burn-out et les mauvaises qualités de travail comme facteurs expliquant ce chiffre, et ont suggéré que les étudiants israéliens brillants étaient plus attirés par des carrières plus lucratives et moins exigeantes dans le secteur du high-tech et de l’ingénierie.
Cette pénurie devrait s’aggraver dans les années à venir, parce que les milliers de médecins arrivés d’Union soviétique qui ont immigré en Israël dans les années 1990 partent prochainement à la retraite
L’armée a également du mal à faire bénéficier ses soldats des soins adéquats. Les médecins immigrants sont dans l’obligation d’effectuer leur service militaire, après les autres immigrants, ce qui peut-être problématique pour les médecins-chefs de famille, qui peuvent se retrouver enrôlés loin de chez eux et gagner moins d’argent dans l’armée.
L’armée et Nefesh B’Nefesh ainsi que d’autres organisations d’immigration sont en désaccord sur l’âge limite pour le service militaire des médecins. Actuellement, les médecins hommes et les dentistes sont dans l’obligation de faire leur service militaire jusqu’à 34 ans, contre 29 ans pour leurs consoeurs sans enfants.
Deux médecins militaires israéliens réalisent une « chirurgie » pendant un exercice d’hôpital de campagne à Beit Naballah, dans le centre d’Israël, le 9 décembre 2013. (Crédit : unité des porte-paroles de l’armée israélienne)
Heureusement pour Israël, le nombre de médecins immigrants croît rapidement, assure Fuxman. Cette année, 60 médecins sont arrivés en Israël par le biais de Nefesh B’Nefesh. Les médecins, et les immigrants en général, arrivent plus jeunes qu’avant, ce qui signifie qu’ils feront partie de la population active israélienne plus longtemps.
Dans le cadre de ses fonctions pour Nefesh B’Nefesh, Fuxman coordonne des événements annuels pour les professionnels de santé. Ces évènements, qui ont été lancés il y a 5 ans, attirent désormais des représentants du ministère de la Santé, des hôpitaux et des centres de soin.
En plus des médecins, ces évènements concernent les infirmières, les orthophonistes, les dentistes, les assistant(e)s social(e)s et les psychologues. Les participants peuvent venir avec leur diplômes pour commencer les procédures d’équivalence et passer des entretiens.
Les agents de santé en Israël sont très intéressés par les médecins immigrants, explique Fuxman, en poste depuis 3 ans. Ils prennent désormais contact avec lui pour remplir des postes vacants précis, et il peut alors chercher des candidats parmi les personnes qui envisagent d’immigrer en Israël.
La majorité des médecins à bord de ces avions avaient des diplômes qui les attendaient déjà en Israël, indique Fuxman. Le processus prenait auparavant six à huit mois, ce qui signifiait que les immigrants devaient effectuer une visite avant de s’installer en Israël, où alors ne pas travailler pendant les premiers mois après leur arrivée.
L’obstacle principal pour les employeurs et ces médecins immigrants reste la barrière de la langue. Certains centres, notamment Ichilov et les Clalit Health Services, qui dirige un réseau d’hôpitaux et de centres de soins en Israël, ont mis en place des programmes pour aider les médecins à améliorer leur hébreu, notamment au moyen de cours pour les immigrants, et d’un système de mentoring, qui met en relation un immigrant et un ancien immigré de l’équipe.
« Mon hébreu est plutôt bon, mais il n’est pas excellent, donc je pense que je vais travailler sur mes compétences linguistiques, sur les différences culturelles et les différences dans le système de santé pendant notre installation. Je pense que la courbe d’apprentissage sera importante », a raconté Lazar.
Lazar immigre en Israël avec son mari est ses trois enfants. Elle a des proches en Israël, et y a déjà vécu, comme c’est le cas de nombreux médecins qui passent aujourd’hui le cap de l’alyah. Elle a passé l’été après son internat en Israël, a suivi des médecins israéliens pour se faire une idée du système médical. Elle a également des amis et des proches qui pratiquent la médecine en Israël.
Yona Saperstein, 29 ans, médecin de famille originaire de Brooklyn, a également passé du temps dans le système de santé israélien avant de prendre la décision de s’installer dans le pays avec son épouse Lilach, audiologue, et leurs trois enfants.
Yona a participé à un programme au centre médical Shaarei Tzedek à Jérusalem pendant ses études de médecine.
Yona (à droite) et Lilach Saperstein, tous deux professionnels de santé, arrivent en Israël à bord d’un vol d’alyah, le 15 août 2015. (Crédit : Luke Tress/Times of Israel)
« Quand j’ai vu que je pouvais être à la fois Juive et docteur en Israël, c’est devenu une réalité », a expliqué Yona. « En me penchant un peu sur la question, j’ai appris qu’il n’y a pas seulement de la place, mais un besoin pour les médecins de famille en Israël. »
Les Saperstein, qui vont s’installer dans la périphérie de Haïfa, ont obtenu leurs équivalences et ont commencé à suivre les entretiens lors d’un récent évènement organisé par Nefesh B’Nefesh. Leur principale motivation était d’offrir à leurs enfants une éducation et une atmosphère juive dans laquelle grandir. Leur expertise médicale a également été un facteur décisif.
« Le fait qu’il y ait une pénurie montre qu’Israël grandit. Ils y a tant de jeunes et tant de personnes âges. C’est une bonne chose. Nous essayons de jouer un rôle dans tout cela », a expliqué Lilach, 27 ans, dont les parents sont Israéliens.
Chaim Arias, un autre médecin à bord du bol de mercredi, n’est pas non plus découragé par les défaillances du système de santé israélien. Âgé de 35 ans, ce pédiatre de Los Angeles va s’installer à Beer Sheva, avec ses 4 enfants. Il a étudié la médecine au Technion de Haïfa, et dit avoir déjà fait face à des surcharges de travail.
En tant que médecin, j’ai l’impression qu’il y a un grand besoin, et particulièrement un besoin de pédiatres », a déclaré Arias. « Vegas aussi est une zone mal desservie (en médecins). Il y a trop de gens par rapport au nombre de médecins. A Vegas, je recevais déjà 40 personnes par jour. »
Illustration: Un infirmier de l’hôpital Hadassah Ein Karem à Jérusalem, le 3 septembre 2017 (Crédit : Hadas Parush/Flash90)
L’inconvénient principal pour Arias et les autres, c’est l’aspect financier, dit-il. Travailler dans le système de santé publique signifie que les médecins gagneront bien moins bien leurs vies qu’aux Etats-Unis.
« En ce qui concerne les salaires, on ne peut pas y faire grand chose », a déclaré Fuxmn. « Professionnellement, c’est un peu démotivant. Le salaire, mais aussi le système de santé israélien, qui est encore un peu en dessous du système de santé américain », en termes de qualité des soins et de structures, ajoute-t-il.
Certains docteurs ont l’intention de revenir aux Etats-Unis quelques mois par an pour compléter leurs salaires, dit-il. Les employeurs qui ont besoin d’eux sont prêts à les laisser partir pour compenser cette perte de revenus.
Les Saperstein ont fait remarquer qu’ils n’auront plus autant de dépenses pour la scolarisation de leurs enfants, puisqu’ils n’auront pas besoin de les envoyer dans des yeshivot onéreuses de New York City.
« C’est une vie très différente. Une fois qu’on aura dépassé la comparaison en terme de mentalité, je pense que ce sera la clé. C’est une économie différente, une culture différente, des besoins différents », a prédit Lilach.
De nouveaux immigants arrivent en Israël à bord d’un vol d’alyah, le 15 août 2015. (Crédit : Luke Tress/Times of Israel)
Laza a reconnu que sa famille devra s’adapter à leur nouveau niveau de vie pour gérer cette perte de revenus, mais elle dit avoir vu les avantages de travailler pour un système de santé publique après avoir travaillé deux ans au Children’s Hospital of Philadelphia. Elle se souvient avoir suivi un enfant leucémique. Sa famille n’avait pas d’assurance et avait tardé pour le faire hospitaliser, et il avait déjà commencer à régresser.
« Bien évidemment, sa leucémie est revenue et c’est horrible de penser qu’une mère peut ne pas amener son enfant à l’hôpital parce qu’elle ne peut pas se le permettre », a raconté Lazar. « Je ne me suis pas lancée en pédiatrie pour faire de l’argent.
Luke Tress et d’autres journalistes, ont été envoyés à New York et ramenés en Israël par Nefesh B’Nefesh. Nefesh B’Nefesh n’a commandé aucune couverture médiatique du vol au Times of Israel.

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