mardi 10 juillet 2018

Les lois les plus dures ne sembleront pas dissuader les Israéliens de fumer....


JTA – Le 11 juin, jour officiel sans tabac de la Knesset, Yehuda Glick du Likud a annoncé qu’il entamait une grève de la faim jusqu’à ce que les députés votent une taxe sur le tabac en vrac égale à la taxe sur les cigarettes.

La démarche radicale de Glick est le signe d’une crise rarement évoquée en Israël : Le tabagisme a fait un retour en force dans l’État juif, où les taux généraux de consommation de tabac dépassent ceux des pays développés comparables.

JTA – Le 11 juin, jour officiel sans tabac de la Knesset, Yehuda Glick du Likud a annoncé qu’il entamait une grève de la faim jusqu’à ce que les députés votent une taxe sur le tabac en vrac égale à la taxe sur les cigarettes.
La démarche radicale de Glick est le signe d’une crise rarement évoquée en Israël : Le tabagisme a fait un retour en force dans l’État juif, où les taux généraux de consommation de tabac dépassent ceux des pays développés comparables.
Selon un rapport officiel du gouvernement israélien, les ventes de tabac pour les pipes à eau ont augmenté de 28 % entre 2016 et 2017. Au cours de la même période, les ventes de tabac à cigarettes ont augmenté de 9,3 %. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) rapporte que 25,4 % des Israéliens de 15 ans et plus fument du tabac ; la moyenne mondiale est de 21,9 %.
« En Israël, les taxes sur les pipes à eau et le tabac à rouler sont nettement moins élevées que les taxes sur les cigarettes, il n’est donc pas surprenant que la demande soit en hausse », a déclaré à JTA la Dr Avital Pato Benari, responsable du département d’information et de promotion de la santé de l’association à but non lucratif Israel Cancer Association.
Selon l’indice de développement humainIDH du Programme des Nations Unies pour le développement, Israël est un pays à IDH très élevé, comparable aux États-Unis, au Canada et à l’Allemagne, entre autres.
Pourtant, Tobacco Atlas note que 41,2 % d’hommes et 19,3 % de femmes de 15 ans et plus fument plus en Israël qu’en moyenne dans les pays développés équivalents. Israël, qui préfère se distinguer de ses voisins du Moyen-Orient, leur ressemble donc beaucoup à cet égard.
Mme Benari reproche au gouvernement de ne pas avoir suffisamment appliqué la Convention-cadre de 2003 de l’Organisation mondiale de la santé pour la lutte anti-tabac, ou CCLAT, qui préconise des symboles d’avertissement bien visibles, des campagnes de sensibilisation du public, l’interdiction de la publicité sur le tabac et des taxes élevées sur les produits du tabac.
« Bien que le gouvernement israélien ait signé la CCLAT en 2003 et l’a ratifiée en 2005, sa mise en œuvre fait défaut », a déclaré Mme Benari. « L’augmentation des prix par le biais de taxes plus élevées sur les produits dérivés du tabac, comme le tabac à rouler, n’est pas suffisante pour provoquer un changement de comportement et réduire la demande. »
La consommation de tabac est particulièrement répandue dans l’armée israélienne. Selon une étude réalisée en 2017, 36,5 % des Israéliens fument lorsqu’ils quittent l’armée, alors qu’ils étaient 26,2 % avant d’être enrôlés.
« Je peux vous dire avec certitude que tout au long du service militaire, les gens fument et un grand pourcentage d’entre eux ont commencé pendant leur service », a indiqué à JTA Itay Margalit, un jeune homme de 21 ans originaire de Haïfa qui sert dans l’unité de contrôle au sol de l’armée de l’air israélienne.
« Je pense que les deux principales raisons de cette [consommation de tabac] sont les pressions sociales. Pas forcément que les gens font pression directement, mais l’atmosphère sociale crée cette pression. »
« La deuxième raison est que vous pouvez avoir des pauses pour ça. Dans les unités de combat, vous avez droit à une pause de sept minutes pour fumer une cigarette de temps à autre pendant la journée. Dans les moments difficiles, ça peut vous soulager. »
Lorsqu’il a été contacté, le ministère israélien de la Santé a déclaré qu’il travaillait avec Tsahal pour réduire l’usage du tabac dans ses rangs tout en avançant que l’usage du tabac est tout simplement répandu parmi les jeunes adultes.
« L’augmentation des taux de tabagisme chez les jeunes de 18 ans se vérifie dans de nombreux pays et est associée aux caractéristiques comportementales et sociales de cet âge, en particulier la sortie du cadre éducatif de l’école et l’adoption de caractéristiques et de comportements qui expriment ostensiblement l’indépendance et la maturité », a déclaré Eyal Basson, porte-parole du ministère de la Santé, à JTA.
« Le chef d’état-major de Tsahal a déclaré son intention de diriger la politique anti-tabac de l’armée, y compris l’arrêt progressif de la vente de produits dérivés du tabac dans les bases militaires. »
Il sera bientôt interdit de fumer dans toutes les bases de Tsahal, en dehors des zones fumeurs désignées par le commandant, a précisé M. Basson.
L’usage du tabac est également particulièrement élevé dans la communauté arabe.
« Je sais que c’est plus courant dans la société arabe normale que dans la société juive », a déclaré Margalit à JTA.
Une étude de 2009 a montré que les taux de tabagisme chez les hommes et les femmes juifs étaient respectivement de 27,9 % et 16,6 %. Chez les Arabes, les taux correspondants étaient de 48,8 % et 5,2 %. Un article paru en 2017 fait état de résultats similaires.
M. Basson a déclaré à JTA que le budget du ministère de la Santé prévoit des centaines de milliers de shekels pour les mesures anti-tabac dans le secteur arabe.
« Le ministère prévoit également de former les imams des mosquées pour qu’ils discutent de la question dans leurs sermons du vendredi, d’augmenter le nombre de conseillers et de fournir des conseils personnels et téléphoniques à ceux qui désirent arrêter de fumer », a-t-il ajouté.
Mme Benari a déclaré que l’Association israélienne contre le cancer est également en train de préparer des campagnes anti-tabac ciblant les communautés vulnérables et s’attaquant à certains facteurs de motivation. « Afin d’empêcher les jeunes de commencer à fumer et de renforcer la norme selon laquelle fumer n’est pas ‘viril’, l’ACI a lancé une nouvelle campagne en arabe. La vidéo a été visionnée plus de 50 000 fois », a-t-elle expliqué.
« Une autre campagne concernant le narguilé a été lancée en hébreu et en arabe », a-t-elle ajouté. « Les deux vidéos sont devenues virales du jour au lendemain. »
Le mois dernier, la Knesset a adopté l’interdiction de fumer dans les lieux publics, y compris les concerts, les salles d’événements, les salles de sport, les zoos et les parkings. Après cette mesure, le vice-ministre de la Santé Yaakov Litzman a publié des chiffres indiquant que 22,5 % de tous les Israéliens de plus de 18 ans fumaient. Litzman a également promis d’augmenter les taxes sur le tabac à rouler.
Le ministère appuie également le projet de loi visant à restreindre davantage la publicité sur le tabac.
Mme Benari, cependant, est nettement moins enthousiaste à l’égard de l’action récente du gouvernement.
« La récente réglementation, notamment l’interdiction de fumer dans les lieux publics par la Knesset, est un pas dans la bonne direction », a-t-elle déclaré.
« Cependant, il est important de souligner que seules les interdictions totales sont efficaces. Les ONG doivent surveiller avec vigilance les manœuvres et les stratagèmes de l’industrie du tabac pour saper ou contourner les efforts de lutte anti-tabac ».
Le 21 juin, Glick et Eitan Cabel, président de la Commission des affaires économiques de la Knesset, ont annoncé que la commission avait adopté une loi interdisant la publicité pour les produits dérivés du tabac.
Glick l’a qualifié de « pas important dans la guerre contre le facteur de mort n°1 dans le monde ». Mais dimanche, il a mis fin à sa grève de la faim, accusant le ministre des Finances, Moshe Kahlon, de ne pas coopérer.

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