Dans notre journal de ce 12 juillet, nous parlions d’un article de la revue indépendante Kairos qui s’intéresse à la librairie Filigranes et plus particulièrement aux conditions de travail d’un certain nombre d’employés, qui souffrent d’un management autoritaire, de conditions de travail éprouvantes physiquement et moralement. D’autres anciens travailleurs de Filigranes nous ont donné des témoignages similaires à ceux recueillis par Kairos.
Mis au courant de notre publication, Joël Rubinfeld, président de la Ligue belge contre l’antisémitisme (LBCA), a contacté La Capitale. Il souhaite réagir non sur le sujet principal de l’article de Kairos («que quelqu’un critique la façon de gérer d’un chef d’entreprise, cela ne me regarde pas»), mais sur des propos du journaliste de Kairos qui pour lui sont problématiques.
L’auteur évoque dans Kairos une affaire qui, en 2015, avait fait polémique. Marc Filipson, patron de Filigranes, avait invité le polémiste français Éric Zemmour à la librairie, comme il le fait pour d’autres auteurs. Vu certains propos de Zemmour, notamment sur la population musulmane, cette décision avait suscité un tollé chez des politiques et au sein de la société civile. Finalement, Marc Filipson avait annulé l’événement, allant tout de même au Cercle de Lorraine pour présenter Eric Zemmour, et invitant ce dernier plus tard à une galette des rois, à Filigranes.
C’est là que le journaliste de Kairos écrit: «Mais la cupidité, ou l’âme commerçante, a tout de même ses limites, et on se demanderait s’il n’y a pas là quelques prédilections pour la Kippa plutôt que la Burka. Zemmour, donc, mais pas Dieudonné.» Ensuite, le journaliste continue sur le sujet des invités de Filigranes, parlant de Nabila. «Quelqu’un nous a signalé cet article et vraiment, ça nous gêne. Pourquoi évoquer la confession de quelqu’un alors que l’on parle de management? Ça arrive comme un cheveu dans la soupe. C’est suspect. On insiste sur le fait que M. Filipson aime vendre, ça rappelle le champ sémantique du juif et de l’argent, qu’on retrouve dans l’extrême gauche», tient à déclarer Joël Rubinfeld. Ces mots ont aussi déplu à Marc Filipson. Néanmoins, la LBCA ne pense pas porter plainte, seulement mettre en garde. «Ces propos, c’est jeter de l’huile sur le feu.»
Contacté à ce sujet, le journaliste de Kairos nous dit qu’il n’est «évidemment pas antisémite.» «Je voulais dénoncer le fait qu’on invite certaines crapules racistes, alors que d’autres non. Dans notre société, il est beaucoup plus accepté de taper sur les musulmans. Mais si vraiment il y avait un problème, il porterait plainte. Ce qu’il ne compte pas faire. Il ne faut pas voir le mal partout. Et c’est Marc Filipson qui dit sans arrêt qu’il aime vendre, que pour lui le livre n’est qu’un produit.»
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