jeudi 24 mai 2018

Koolulam “Ce qui compte: avoir un projet commun”


Cela sonne comme un cri de joie et c’est encore plus puissant que cela. Koolulam est un projet social autour de la chanson qui a été lancé avec un succès immédiat, il y a tout juste un an.
Le principe est aussi simple qu’audacieux: réunir des centaines voire des milliers de personnes qui ne se connaissaient pas avant, leur apprendre par groupe, en 45 minutes, les différentes voix de l’arrangement d’une chanson connue puis la chanter tous ensemble. Le résultat, visible sur YouTube, est époustouflant! Une chorale spontanée, émouvante et qui rassemble des personnes de tous les horizons.
LPH a voulu en savoir plus sur ce phénomène Koolulam. Nous nous sommes entretenus avec Mihal Shahaf Shneiderman, l’une des initiatrices du projet.

Le P’tit Hebdo: Comment est né Koolulam?
Mihal Shahaf Shneiderman: A l’origine du projet se trouve Or Taicher. Il ressentait le besoin de réunir les gens autour d’une aventure commune. Pour lui, la chanson s’est imposée comme vecteur idéal de rapprochement des cœurs et pour contrebalancer la violence qui se répand sur les réseaux sociaux. Il a été renforcé dans ce sentiment par une vidéo des slih’ot au Kotel. La force qui s’en dégageait l’a convaincu qu’il y avait un terrain favorable. Après avoir essuyé plusieurs refus, il s’est tourné vers Ben Yaffet et moi. Nous avons été emballés.

Lph: Quel souvenir gardez-vous de la première?
M.S-S.: C’était le 2 mai 2017, à Tel Aviv, autour de la chanson ”Or Gadol” d’Amir Dadoun. 540 personnes qui ne s’étaient jamais croisées auparavant ont appris les voix de la chanson en moins d’une heure. Quand nous avons vu le résultat, nous nous sommes dit que nous étions sur la bonne voie! Nous avons compris le besoin, nous avons prouvé la raison d’être de Koolulam.

Lph: Pourquoi un tel succès?
M.S-S.: Dans notre vie quotidienne, nous sommes amenés à nous définir, en fonction de notre profession, de notre pratique religieuse, de nos idées politiques, de notre niveau socio-économique et encore bien d’autres étiquettes. Un projet comme Koolulam efface ces cases. C’est une plateforme pour s’unir. Ces personnes, qui ne se connaissent pas, passent par un processus d’apprentissage commun. Elles sont à égalité, peu importe d’où elles viennent. Quand on participe à Koolulam, on comprend que ce qui compte ce n’est pas ce que l’on est mais d’avoir un projet commun.

Ben Yaffet, Mihal Shahaf Shneiderman et Or Taicher

Lph: Ce qui est très frappant, en effet, c’est la diversité des participants. Est-ce le pouvoir de la musique?
M.S-S.: La musique possède clairement un pouvoir puissant d’union. Mais je pense que ce n’est pas la seule explication. Comme je le disais, Koolulam se base, certes, sur un concept musical, mais il apporte une réponse idéale à un besoin de s’unir. Par ailleurs, nous, les organisateurs, avons absolument tenu à ce que nos événements soient accessibles à tous. Nous avons, de ce point de vue, des principes très stricts: nos rendez-vous sont accessibles aux personnes à mobilité réduite, nous prévoyons des traducteurs en langage des signes, nous fournissons des chaises pour les personnes âgées et nous veillons à ce que toutes les générations connaissent la chanson. Les chansons sont pour la plupart en hébreu, mais nous avons aussi chanté en anglais et en arabe. Ainsi ce rendez-vous est universel!

Lph: En un an, combien de Koolulam ont-ils eu lieu?
M.S-S.: Nous avons organisé 10 événements dans tout le pays, du nord au sud. A chaque fois, il y avait un but, un message à passer, pas uniquement une chanson à chanter. Pour Yom Hashoah, par exemple, nous avons réuni des survivants de la Shoah avec leurs descendants, pour Yom Haatsmaout, ce sont 12000 personnes qui ont chanté avec Shlomi Shabbat et le Président Rivline, un témoignage d’amour à notre pays. Nous avons aussi organisé un Koolulam dans un hôpital pour enfants. Chaque personne qui participe est un monde qu’elle transporte avec elle et qui lui donne l’énergie pour sublimer le chant et le message.

Lph: L’énergie est aussi largement transmise par le chef d’orchestre principal, Ben Yaffet. Il bouge sur scène avec un tel enthousiasme, il électrise les participants!
M.S-S.: Ben possède une énergie extraordinaire, en effet. Il parvient de manière exceptionnelle à prendre une foule et à lui apprendre à s’écouter les uns les autres, à mettre sur pied, en quelques minutes, ensemble, une véritable création artistique de haut niveau. Ben est très talentueux et cela se ressent sur la motivation des participants et le résultat final.

Lph: Les personnes qui ont participé à Koolulam en ont-elles été transformées?
M.S-S.: Les témoignages que nous recueillons montrent que les participants ressentent une osmose avec les autres lors de ces rendez-vous qui leur font oublier leurs soucis et bien souvent leur solitude. Il se crée une harmonie humaine. Pour ma part, je peux vous assurer que Koolulam m’a donné espoir dans un avenir meilleur. Voir ces personnes s’unir, cela m’a rassurée: notre peuple sait être ensemble et pas uniquement dans les drames. Koolulam donne une image si positive et optimiste de notre société que ce projet transforme forcément ceux qui y participent ou l’observent.

Lph: Koolulam existe-t-il dans d’autres pays?
M.S-S.: Les chorales, les veillées chants sont des concepts vieux comme le monde. Néanmoins, tel que le propose Koolulam, non, ce principe est né en Israël et ne s’est pas inspiré de quelque chose qui existait ailleurs.

Lph: Koolulam se développe en Israël, comment voyez-vous son avenir?
M.S-S.: Nous sommes impressionnés par le nombre de participants qui se lèvent à chaque rendez-vous pour chanter ensemble. Nous voulons voir ce chiffre grandir encore et nous savons que ce sera le cas. Koolulam va aussi traverser la mer, puisque nous sommes déjà sollicités par d’autres pays pour venir organiser de tels événements. Nous nous apprêtons à voyager avec le concept auprès des communautés juives mais pas seulement. Koolulam s’est installé dans le paysage, il est là pour grandir et durer.



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