mercredi 11 avril 2018

Israel signale à la Russie et à l’Iran : Nous ne redoutons pas le conflit ...


Analyse : l’attaque contre la base aérienne T-4 en Syrie, qui a été attribuée à Israël, a fait grimper les tensions entre Jérusalem et Moscou et envoie un message démontrnat qu’Israël ne permettra pas de présence militaire Iranienne en Syrie, même au prix de frictions armées avec la Russie.

  Si Israël est bien à l’origine de la frappe de missiles contre la base aérienne militaire T4 en Syrie, on peut supposer avec certitude que l’attaque a été menée pour empêcher les Iraniens de continuer à établir leur présence militaire en Syrie et à améliorer la capacité des Gardiens de la Révolution et les milices chiites d’agir plus en profondeur contre Israël.
La base T-4 est située à des centaines de kilomètres de distance de la frontière israélienne, entre la ville de Homs et celle de Palmyre. En plus de forces aériennes et terrestres syriennes, la base est utilisée par les Gardiens de la Révolution iranienne. Une petite force aérienne russe (hélicoptères) est aussi stationnée sur la base. La localisation de la Base T-4 jouer un rôle crucial dansles combats au Moyen-Orient, puisqu’elle est située au beau milieu de la section syrienne du couloir aérien et terrestre allant de Téhéran, à travers le Liban et les ports syriens de la Méditerranée.
C’est véritablement l’éloignement de la localisation de cette base qui offre à l’Iran un certain sentiment de sécurité – bien plus que l’Aéroport international de Damas, qui n’est situé qu’à 40 km d’Israël – et c’est là que les composants technologiques des milices sous les ordres des Gardiens de la Révolution sont stockés.
Il  y a à peine deux mois, un drone furtif des gardiens de la révolution a tenté d’infiltrer l’espace aérien israélien en décollant de cette base aérienne T-4. De plus, chacun sait que les gardiens de la révolution supervisent les passages de la frontière irao-syrienne qu’ils contrôlent à partir de cette base T-4.

La Russie a très vite dénoncé Israël

Et donc, si Israël a bel et bien attaqué la base T-4 – comme la Russie et la Syrie le prétendent – c’était pour empêcher  toute modification du rapport de forces dans la guerre entre les guerres. Cela signifie que cette action a été menée pour éviter “l’érosion” de la supériorité d’Israël en matière de renseignements et de conduite opérationnelle dans les zones de combat proches de ses frontières, érosion qui rendrait plus difficile pour Tsahal la gestion de certaines menaces en temps de guerre.
La deuxième raison de cette attaque consiste à prouver à la Syrie et en particulier à l’Iran et à la Russie, qu’Israël st déterminé à empêcher le retranchement de l’Iran en Syrie d’une manière qui mettrait en danger sa propre sécurité nationale, en faisant usage de toutes les mesures possibles à sa disposition.
Cependant, il y a deux mois, les responsables iraniens ont déclaré que toute attaque contre les forces iraniennes en Syrie recevrait “de fortes représailles iraniennes”. Lors de la frappe nocturne de la base T-4, selon des sources de l’opposition -qui ne sont pas toujours fiables – il y aurait eu au moins 14 morts, dont des Iraniens, experts et officier supérieur (colonel Mehdi Deghan).
Par conséquent, il est possible que nous assistions très bientôt – peut-être même dans les jours à suivre – à une action de représailles iraniennes. IL est important de conserver à l’esprit que les Iraniens répliquent, normalement, non seulement où ils ont été attaqués, mais aussi par l’entremise de leurs infrastructures terroristes à travers le globe (Inde, Amérique latine, Thaïlande, Europe)…
Le fait est particulièrement intéressant à noter que le Kremlin et le régime Assad ont été prompts à diffuser des communiquer pour affirmer que ni les Américains ni les Français n’étaient responsables de cette frappe, mais bien Israël.
Ceci en dépit du fait que les missiles provenaient de la Mer Méditerranée, ont survolé le Liban et frappé la base T-4, exactement comme les Américains lavaient fait, i l y a un an, après l’usage d’armes chimiques au gaz Sarin contre des rebelles dans la province d’Idlib, qui avait fait 84 morts, essentiellement des civils. Alors, Trump avait décidé de répliquer par le tir de missiles de croisière Tomahawks contre la base de Shayrat d’où avaient décollé les avions lanceurs de bombes chimiques.
Netanyahu and Putin meet in Moscow (Photo: EPA)


La première raison qui explique pourquoi la Russie s’est précipitée à porter cette accusation contre Israël est que si cela avait été une attaque des forces américaines ou françaises, cela aurait embarrassé Moscou au plus haut point et requis de sa part une sévère réplique, probablement militaire en nature. Et c’est encore une des raisons pour lesquelles Moscou est très remonté contre Jérusalem : Poutine soupçonne, non sans motif, que cette attaque israélienne pourrait n’être qu’un premier vol de reconnaissance, en éclaireur, cherchant à tester le niveau et les capacités de réplique russo-iranien, avant d’autres séries de frappes, celles-ci signées par le Pentagone, avec éventuellement l’assistance aérienne de la France (depuis Abu Dhabi).
Mais, s’agissant des frappes aériennes d’Israël en Syrie, Moscou s’est, jusque-là, plutôt montré enclin à fermer les yeux, en particulier puisque Israël ne s’est pas joint au chœur des pays occidentaux accusant le Kremlin de tentative d’empoisonnement d’un ancien espion-double russe et de sa fille à Salisbury, en Angleterre.
De plus, si la frappe était bien israélienne, ce n’était pas en représailles pour l’usage d’armes chimiques par Assad contre ses propres citoyens ; même si les répliques laxistes du monde contre l’usage d’armes non-conventionnelles inquiètent Israël, c’est parce que cela abaisse continuellement la barre de la nécessité de représailles contre des telles attaques, qui, en retour constituent une menace immédiate et tangible contre la sécurité d’Israël.
Les Russes ont déjà fait clairement comprendre qu’une frappe israélienne contre une base où des forces russes sont aussi stationnées met les soldats russes en danger – et qu’elle est, par conséquent, hors de question. Après la dernière attaque du 10 février contre la base T-4, également attribuée à Israël, le Russes avaient diffusé un sévère condamnation et même convoqué l’Ambassadeur d’Israël à Moscou pour le réprimander. Pour les Russes, ce type d’action n’est pas dans la ligne des “accords tranquilles” passés entre Poutine et Netanyahu.
Par conséquent, chaque fois qu’il y a une attaque contre la base T-4 – il y a déjà eu au moins trois attaques de ce type – le Ministère russe des affaires étrangères fait paraître une forte condamnation, tout comme l’a fait le Ministre russe des Affaires étrangères Sergeï Lavrov, lundi matin.
Israël, cependant, ne perçoit pas que la base T-4 serait, pour ses avions, hors-limites et, selon certains reportages étrangers, Tsahal continue de l’attaquer malgré la proximité des Russes. De fait, c’est un point de friction entre la Russie et Israël, mais ce dernier n’est pas du tout dissuadé par ce fait.

La Volatilité de la frontière nord atteint son paroxysme

En fait, il apparaît que, de cette façon, le gouvernement israélien signale son mécontentement, quant aux accords passés, la semaine dernière, entre Poutne, le Président turc Erdogan et le Président iranien Rouhani sur l’avenir de la Syrie. Lors d’un sommet en Turquie, les Russes ont donné leur accord à la poursuite de la présence militaire iranienne en Syrie.
Rouhani, Erdogan and Putin meet in Ankara (Photo: Reuters)
Rouhani, Erdogan et Poutine se congratulent à Ankara (Photo: Reuters)
En outre, la décision du Président Donald Trump de retirer ses troupes de Syrie, abandonnant la Syrie à la Russie, au régime Assad, à l’Iran et à la Turquie, a contribué aux actions d’Israël.
Israël veut démontrer clairement que, quoi qu’il en soit, il ne se laissera pas intimidé par un éventuel conflit militaire avec l’Iran – tout autant que contre la Russie – si les Iraniens continuent d’envoyer des armes sophistiquées et des milices chiites en Syrie qu’ils utiliseraient plus tard contre Israël.
Ce fait, conjugué aux menaces de représailles formulées par l’Iran, accroissent considérablement l’instabilité à la frontière nord à l’horizon de l’été à venir, où l’éclatement d’un conflit fait partie des prévisions (voir Gady Eisenkot, il y a une semaine).
Ron Ben-Yishai|


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