Revivre à 17 ans, après la déportation.
C'est cette période de sa vie qu'évoque Appelfeld dans Le garçon qui voulait dormir. Erwin, son jeune narrateur, a 17 ans. Il vient d'arriver en camion dans un camp de réfugiés, près de Naples. Encore traumatisé par ce qu'il a enduré, il s'accroche au sommeil "avec une force phénoménale", en espérant pouvoir oublier ses souffrances et la mort de ses parents. Et malgré son extrême fragilité, il suit un entraînement physique intense sous les ordres d'Efraïm, un émissaire de l'Agence juive grâce auquel il s'initie aussi à l'hébreu, avant de monter sur un bateau et de se retrouver dans une ferme, au coeur des montagnes de Judée.
"Parler hébreu était une obligation et, ainsi, nous serions en mesure de faire le lien entre la langue et la terre", dit Erwin, qui raconte ensuite sa très périlleuse adaptation dans un monde inconnu où il devra apprendre à s'enraciner, tout en lisant très intensément la Bible et en rêvant de devenir écrivain, comme son père, afin de "le ramener à la vie et de lui rendre la parole". Avec ce récit autobiographique,
Appelfeld - Prix Médicis étranger en 2004 - signe une parabole magnifique sur l'exode, sur les tourments d'une enfance sacrifiée et sur les pouvoirs rédempteurs de la langue, lorsqu'elle devient le miraculeux instrument d'une renaissance.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire