jeudi 19 mai 2011

Affaire DSK : haro sur l'Amérique !


Affaire DSK : haro sur l'Amérique !


Le traitement judiciaire infligé à Dominique Strauss-Kahn réveille en France un vieux fond d'antiaméricanisme toujours prêt à resurgir


"Ce qu'un étranger comprend avec le plus de peine aux États-Unis, c'est l'organisation judiciaire", notait Tocqueville. Depuis l'arrestation de DSK, les Français sont abreuvés de savantes exégèses sur le fonctionnement de la justice américaine.

Des avocats, professeurs de droit et spécialistes de tout poil se relaient inlassablement - au risque de lasser - pour expliquer doctement le cheminement compliqué de la procédure qui frappe le patron du FMI. Nos compatriotes ne devraient plus rien ignorer des subtilités de l'arraignment (lecture de l'acte d'accusation) du grand jury, du rôle du procureur, de celui des avocats, des arrangements possibles.

Le réflexe de caste

Mais cela, au fond, les intéresse modérément. Beaucoup d'entre eux ont déjà leur petite idée : c'est un coup monté, un complot ! On assiste à une curieuse conjonction entre ceux qui marinent dans un vieux fond d'antiaméricanisme et la nomenklatura française, effarée de ce qui arrive à l'un des leurs (Raymond Barre aurait dit "le microcosme"). Les premiers cultivent une méfiance innée pour tout ce qui vient d'Amérique. La seconde s'indigne que l'on puisse traiter quelqu'un de son monde, celui des dîners en ville, des connivences douillettes et de la morale élastique, comme un vulgaire voleur de voiture de Brooklyn. Si les puissants sont mis au même niveau que les pauvres, où va-t-on !

On en vient même, paradoxalement, à vanter les mérites de la justice à la française, la supposée délicatesse de nos policiers, le confort bien connu de nos commissariats et de nos prisons haut de gamme. Certains, qui prônaient la disparition du juge d'instruction et l'instauration d'un système accusatoire à l'américaine, découvrent brutalement les vertus de ce magistrat indépendant et inamovible qui instruit à charge et à décharge.

Le droit, fondement des États-Unis

On peut, bien sûr, critiquer le fonctionnement de la justice américaine, déplorer certaines mises en scène. Par exemple la désormais célèbre perp walk (perpetrator walk, sortie sous les projecteurs de celui qui est supposé avoir perpétré un crime). Mais il n'est pas possible d'ignorer une réalité : aux États-Unis, personne n'est à l'abri du glaive de la justice. Les hommes d'affaires de renom comme les politiciens. En France, l'appareil judiciaire a pour fonction prioritaire d'assurer l'ordre social.

Aux États-Unis, il est aussi le garant d'un certain ordre moral consubstantiel à la nation américaine. La France s'est constituée au fil des siècles grâce à un vecteur politique : la centralisation monarchique, puis impériale et républicaine. C'est l'État qui a construit la nation française. Aucun historien n'est capable de dater la naissance de la France. L'acte de naissance des États-Unis est très précis : 4 juillet 1776, jour de la proclamation de l'indépendance. Et c'est un texte écrit qui le consacre. La Constitution de 1787 est toujours en vigueur, même si elle a été fréquemment amendée. Le droit est le fondement même des États-Unis. Dura lex, sed lex (la loi est dure, mais c'est la loi) pour Dominique Strauss-Kahn comme pour le dealer de Harlem.


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