Egypte, l'éruption
Après la révolution tunisienne, l'Egypte s'est embrasée. Manifestations et répression s'enchaînent.
Egypte: Moubarak limoge son gouvernement pour calmer la rue
Le président égyptien Hosni Moubarak. (DR)
- L'ESSENTIEL — La situation est très tendue en Egypte ce vendredi, au quatrième jour de manifestations contre le régime de Hosni Moubarak. L'accès à Internet a été coupé dans la nuit de jeudi à vendredi, les communications téléphoniques sont difficiles. Les manifestants ont mis le feu, au Caire, au siège du Parti national démocrate. Le couvre-feu décrété n'est absolument pas suivi. Dans les rues de la capitale, certains militaires pactisent avec les manifestants. En fin de soirée, le président Moubarak annonce le limogeage du gouvernement.
00h20. - Le président Barack Obama s'est entretenu avec le président Moubarak pendant trente minute. Il a exhorté son homologue égyptien à prendre des mesures «concrètes» en faveur de réformes politiques et à ne pas avoir recours à la violence contre les manifestants hostiles à son régime.
23h20. - Le président égyptien Hosni Moubarak annonce la démission de son gouvernement, la formation dès samedi d'un nouveau cabinet et des réformes démocratiques dans une allocution télévisée. Le président égyptien, âgé de 82 ans, a aussi plaidé en faveur d'une série de réformes démocratiques.
«Il y aura de nouvelles mesures pour une justice indépendante, la démocratie, pour accorder davantage de liberté aux citoyens, pour combattre le chômage, améliorer le niveau de vie, développer les services et soutenir les pauvres», a ajouté M. Moubarak.
22h31. Des sources médicales à Suez annoncent que les affrontement entre manifestants et forces de l'ordre à Suez ont fait treize morts et 75 blessées dans la ville.
22h06. Les voyagistes français décident de suspendre tous les départs de vacanciers prévus ce week-end à destination de l'Egypte. Pour les clients actuellement au Caire, les tour-opérateurs «élaborent des solutions d’un retour anticipé en France».
21h30. Des sources médicales indiquent qu'au moins cinq personnes ont été tuées et des centaines blessées dans des heurts entre manifestants et policiers vendredi au Caire. «Il y a cinq morts jusqu’à présent et plusieurs centaines de blessés», précise une source médicale, un bilan confirmé par des médecins à l’hôpital Kasr al-Ayni al-Faransi, dans le quartier Garden City du Caire. Une personne a aussi été tuée vendredi à Suez au cours de manifestations antigouvernementales.
21h13. Le chef d'état-major égyptien, Sami Anan, qui conduisait une délégation militaire pour des entretiens au Pentagone prévus jusqu'à mercredi, décide de rentrer en Egypte.
21 heures. Le gouvernement recommande aux tour-opérateurs de suspendre les départs de vacanciers prévus samedi pour l’Egypte, a fait savoir le secrétaire d’Etat au Tourisme, Frédéric Lefebvre. 20h55. Manif de soutien à Paris. Entre 300 et 400 personnes se sont réunies aux Halles, dans le centre de Paris, pour manifester leur soutien au mouvement de contestation. «Moubarak dégage», «A bas Moubarak», «Le peuple veut la dissolution du gouvernement», criaient-ils réunis notamment à l’appel de la Ligue des droits de l’Homme (LDH).Parmi les manifestants se trouvaient de nombreux Egyptiens mais aussi des Tunisiens venus par solidarité.
20h38. Scènes de liesse dans les rues de la capitale. Plus de deux heures après l’imposition d’un couvre-feu, près de la place de l’Opéra, dans le centre-ville du Caire, des militaires faisaient des signes de victoire à la population qui y répondait par des applaudissements. Des manifestants sont même montés sur des chars de l’armée avec des militaires. Des policiers ont aussi serré la main de manifestants, a constaté un journaliste de l’AFP.
20h35. Confusion sur l'extension du couvre-feu.
«Merci d’annuler l’information intitulée extension du couvre-feu à tous les gouvernorats de la République», demande l’agence de presse officielle Mena dans un message aux abonnés. L’agence de presse officielle a annulé l’annonce de l’extension du cessez-le-feu à tout le pays, alors que la télévision d’Etat a indiqué qu’il avait été décrété dans les trois villes du Caire, d’Alexandrie et de Suez.
20h30. Le Pentagone appelle l'armée à faire preuve de «retenue».
20h16. La diplomate en chef de l'Union européenne, Catherine Ashton, a appelé les autorités égyptiennes à libérer «immédiatement et sans condition» tous les manifestants ayant été arrêtés pendant les mouvements de protestation contre le régime.
19h40. Le gouvernement français, jusque-là muet, se décide enfin à réagir. La ministre des affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie «appelle à la retenue et au dialogue».
A voir: notre diaporama photos dans les rues du Caire.
19h30. En France, plusieurs partis politiques appellent la France à prendre ses responsabilités, «en condamnant fermement les crimes du régime Moubarak.» C'est à lire ici.
A écouter: le témoignage de notre envoyée spéciale au Caire, Elodie Auffray, enregistrée ce vendredi soir.
19h05. Tous les opérateurs de téléphonie mobile présents en Egypte «ont reçu l’ordre de suspendre leurs services dans certaines zones sélectionnées», a affirmé dans un communiqué à Londres le géant britannique des télécommunications Vodafone.
19 heures. Le sénateur américain John Kerry a estimé que l’Egypte devait choisir un nouveau dirigeant en 2011 au cours d’élections «libres, transparentes et démocratiques». «Le président Moubarak a l’occasion de calmer l’agitation en garantissant qu’un processus (électoral) libre, transparent et démocratique sera mis en place lorsque le temps viendra de choisir le nouveau dirigeant du pays plus tard cette année», a-t-il indiqué dans un communiqué.
18h49. Le président Hosni Moubarak étend le couvre-feu à toute l'Egypte, près de deux heures après un premier décret imposant le couvre-feu dans les villes du Caire, Alexandrie et Suez, a indiqué la télévision d'Etat.
18h42. La chancelière allemande Angela Merkel a appelé depuis Davos le président Hosni Moubarak et son gouvernement à «autoriser les manifestations pacifiques». «Nous sommes tous peinés par les images qui nous parviennent d’Egypte et j’appelle tous les participants et d’abord le gouvernement égyptien et le président à faire en sorte que les manifestations pacifiques soient autorisées et que la liberté d’opinion ait une chance», a-t-elle déclaré.
18h27. La secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, réclame que le gouvernement égyptien engage «immédiatement» des «réformes économiques, politiques et sociales».
18h20. A voir: le liveblogging sur le site web d'Al Jazeera, une mine d'infos...
Où l'on a pioché ce graphique montrant l'effondrement brutal des communications internet:
Pour aller plus loin, à lire: L'Egypte, un pays entier déconnecté d'Internet. Depuis jeudi, le gouvernement de Moubarak a osé faire ce que la Chine ou l’Iran n’ont jamais ne serait-ce que tenté : couper l’accès à Internet d’une nation entière. C'est à lire sur Ecrans, ici.
17h28. Les manifestants ont mis le feu vendredi au Caire au siège du Parti national démocrate (PND) au pouvoir en Egypte. Le bâtiment, qui donne sur le Nil, est pris par les flammes, selon des images retransmises en direct par la télévision.
Autre vidéo impressionnante, où l'on voit des manifestants se faire tirer dessus, sur un pont, au Caire:
D'autres vidéos à voir ici: Postées sur YouTube avant la coupure d'Internet, des vidéos tournées dans la rue par les manifestants.
17h17. Premières réactions internationales de la journée:
- Les Etats-Unis jugent les événements «profondément inquiétants», appelant à «respecter les droits fondamentaux, éviter la violence, et permettre les communications».
- La Suède recommande d’éviter tout voyage «non absolument nécessaire».
17h11. Les quartiers de garden city (ambassades, sièges sociaux) et du Parlement sont en feu, selon Al Jazeera.
17 heures. A lire, le témoignage de notre journaliste Sibylle Vincendon, à Louxor, en Haute-Egypte.
16h35. Selon Al Jazeera, des unités de l'armée sont aux abords du siège de la radio et de la télé égyptienne.
16h34. Un couvre-feu a été instauré à partir de ce soir 18 heures jusqu'à 7 heures du matin dans les villes de Suez, Alexandrie, Le Caire, selon la télévision d'Etat.
16h25. Incendies. Les manifestants mettent le feu à deux commissariats de police au Caire. Pendant ce temps, à Alexandrie, des manifestants ont incendié le siège du gouvernorat d’Alexandrie, dans le centre de la deuxième ville d’Egypte. Des colonnes de fumée s’élevaient du bâtiment en flammes après des accrochages entre policiers et manifestants, alors que plusieurs manifestants ont forcé l’entrée de l’enceinte d’un commissariat d’un autre quartier du centre-ville.
16h15. Malgré un réseau internet très difficile, des vidéos des manifs, très violentes, circulent sur Dailymotion et YouTube. Comme celle-ci postée ce vendredi et tournée vraisemblablement au Caire:
Postée sur BBC Arabic, ce vendredi:
16 heures. Les manifestants mettent le feu au gouvernorat d'Alexandrie.
15h36. Huit morts au cours des quatre derniers jours. Un manifestant a été tué dans la ville de Suez, à l'est du Caire, lors d'accrochages avec la police, ce qui porte à huit le nombre de décès au cours des quatre jours.
(Dans les rues de Tunis, ce vendredi/AFP)
«On veut dire que les Tunisiens sont avec les Egyptiens. Ils souffrent comme nous avons souffert, il est temps que ça change», résume une manifestante.
14h40. Les quatre journalistes français interpellés ont été relâchés, annonce le Figaro. «Ils ont été arrêtés dans une rue par des policiers en civil qui les ont relâchés après plus d’une heure de discussions. Ils n’ont pas été conduits dans un commissariat», a précisé Philippe Gelie, rédacteur en chef étranger du Figaro.
«Liberté! liberté! liberté»
14 heures. Les manifestations contre le régime de Moubarak s’étendent à travers tout le Caire. Malgré un déploiement massif des forces de sécurité, les manifestations, marquées par les cris «A bas Hosni Moubarak» et «le peuple veut la chute du régime», se sont étendues à tout le Caire, une métropole de 20 millions d’habitants.«Moubarak est un dictateur, nous voulons sa chute. Ce n’est plus le temps des réformes. Les gens en ont marre. La situation économique devient intenable», souffle Ahmed, un jeune avocat qui marche avec les manifestants.
La police a fermé la rue qui traverse le coeur de la capitale égyptienne, littéralement prise d’assaut par les manifestants, jeunes et vieux, laïcs et islamistes confondus.
«88% du réseau internet n’est plus disponible»
13h23. Une première dans l’histoire d’internet. La coupure du réseau internet pour contrecarrer les manifestations anti-Moubarak est une première par son ampleur, les précédents exemples en Birmanie ou en Iran n’ayant occasionné que des ruptures partielles. «Selon nos informations, environ 88% du réseau internet n’est plus disponible en Egypte, c’est une première dans l’histoire d’internet», a déclaré à l’AFP Rik Ferguson, expert sécurité pour Trend Micro, troisième éditeur de solutions de sécurité mondial. «Les réseaux les plus importants du pays sont coupés, mais il reste encore quelques réseaux minoritaires qui répondent toujours, comme Noor Data Networks», indique-t-il.12h50. Arrestation de quatre journalistes au Caire. Michèle Alliot-Marie, la ministre des Affaires étrangères, «a demandé à notre ambassade de s’informer sur la situation de nos compatriotes, d’entrer en contact immédiatement avec les autorités égyptiennes, et si cette information était vérifiée, de demander leur libération immédiate», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Selon une source diplomatique, il s’agit de journalistes travaillant pour le Journal du Dimanche, le quotidien Le Figaro, l’agence photo Sipa et l’hebdomadaire Paris-Match.
Vu sur Twitter:
Une manière de dénoncer la censure en Egypte, alors que depuis cette nuit l'accès Internet a été bloqué par les autorités voulant couper court au mouvement de révolte. Ce modèle de tweet avait été aussi utilisé lors du mouvement populaire en Iran.
12h10. Lacrymogènes et balles caoutchoutées pour disperser la foule à Alexandrie rassemblés après la prière du vendredi dans le centre d’Alexandrie, deuxième ville d’Egypte.
11h30. L’opposant Mohamed ElBaradei participe à la prière hebdomadaire avec 2.000 personnes sur une place publique du centre du Caire.
Analyse: «Un régime à bout de souffle, coincé par les islamistes».
11 heures. Le secrétaire-général des Nations unies, Ban Ki-moon, à Davos: La liberté d'expression doit être «totalement respectée».
10 heures. La police a quadrillé les rues du Caire, postée dans les endroits stratégiques de la capitale. Les forces de sécurité sont mobilisées pour faire face à une quatrième journée de manifestations sans précédent contre le régime de Hosni Moubarak.
De nouveaux appels ont été lancés pour des manifestations vendredi, à l’issue des traditionnelles prières musulmanes qui ont lieu en milieu de journée.
Mais le ministère de l’Intérieur a, dans un communiqué, «renouvelé sa mise en garde» contre de nouvelles manifestations et affirmé que «des mesures décisives seront prises pour y faire face, en conformité avec la loi».
9 heures. Un post de notre blogueur, un Cairote qui raconte la crise de l'intérieur: «Vous lisez ces quelques mots grâce à ma soeur qui vit à l'étranger et à qui j'ai pu les dicter par téléphone. Je vais faire court. Au Caire, nous sommes privés de SMS et d'Internet depuis 1h00 ce matin.» La suite ici.
«30 ans de Moubarak ça suffit!»
(Lors des manifestations, le 26 janvier/ AFP)
Reportage à lire dans Libé ce matin. Accessible ici en zone abonnés.
Interview: La chercheuse Basma Kodmani pointe le verrouillage total du régime: «On est objectivement devant un processus révolutionnaire». A lire, ici.
Pendant la nuit. Au moins vingt membres des Frères musulmans, première force d'opposition en Egypte, ont été arrêtés, selon l'avocat de cette formation, Abdelmoneim Abdel Maqsoud. Les Frères musulmans, qui avaient au départ appuyé du bout des lèvres les manifestations ont annoncé leur participation aux protestations «de la colère» de vendredi.
Mohamed ElBaradei. L’ex-patron de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), devenu une figure de proue de l’opposition égyptienne est arrivé jeudi soir au Caire pour participer aux manifestations. «C’est un moment critique dans l’histoire de l’Egypte. Je suis venu ici pour participer avec le peuple égyptien» aux manifestations, a -t-il dit.
(Mohamed ElBaradei, à son arrivée au Caire, le 27 janvier/ AFP)
Et aussi: La contestation populaire gagne le Yémen.Plus de 16.000 personnes ont manifesté hier pour réclamer le départ de l'inusable président Saleh.
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