vendredi 22 juin 2018

L’interaction croissante entre Gaza et le théâtre syrien ©


Le front de Gaza ne peut pas être détaché de l’arène syrienne d’Israël


En minimisant les attaques du Hamas depuis la bande de Gaza, les dirigeants israéliens espèrent dissimuler l’implication grandissante de Tsahal dans deux, si ce n’est trois fronts de combat. On a donc longtemps empêché les forces de défense israéliennes de frapper fort contre les cerfs-volants et les ballons enflammés du Hamas. Mardi soir, le 19 juin, l’armée de l’air israélienne a mitraillé 25 structures du Hamas, déclenchant un tir de barrage de 30 roquettes contre les communautés israéliennes autour de la bande de Gaza.
Suivant la même politique concernant le front syrien, Israël a également refusé de confirmer la révélation américaine que ses avions de combat, tôt le lundi 18 juin, ont arrêté le passage des brigades irakiennes chiites du Kata’ib Hezbollah dans l’est de la Syrie, en bombardant l’une de leurs bases à l’ouest de l’Euphrate. Les sources militaires de DEBKAfile nomment le chef de cette milice comme étant Qais al-Khazali, qui sert sous le commandement du général Qassem Soleimani, chef d’Al Qods, et le chef du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah, par le biais de la salle de commandement de guerre iranienne-Hizballah près de Damas.
Cette interaction est apparue il y a sept mois, lorsque Khazali a été aperçu en train de visiter la frontière israélo-libanaise en compagnie des officiers de Nasrallah. Sa tournée était prévue pour vérifier les futures positions de ses miliciens irakiens, lorsqu’ils atteindraient le Liban depuis l’Irak via la Syrie. A l’époque, Tsahal, bien qu’ayant enregistré la présence du chef de cette milice irakienne à la frontière, avait alors décidé de ne pas le prendre pour cible.
Le besoin pressant d’arrêter le passage de la milice en Syrie le 18 juin n’était pas le seul défi auquel l’armée israélienne était confrontée. Pendant près d’une semaine, l’armée syrienne et le Hezbollah ont massé une grande force dans le sud-ouest de la Syrie autour de Quneitra – en face de la frontière du Golan en Israël – et Daraa – face à la frontière jordanienne. Cette accumulation de renforts a suivi une annonce de Damas d’une offensive à venir pour capturer les deux régions frontalières des mains rebelles. Jusqu’à présent, le régime d’Assad n’a pas donné l’ordre à ses troupes de passer à l’offensive, en attendant l’approbation russe. Cependant, alors que ces troupes avancent, ni Israël ni la Jordanie ne peuvent rester les bras ballants et permettre à deux armées ennemies d’atteindre leurs frontières.
Cette situation était au cœur de l’entretien que le Premier ministre Binyamin Netanyahu a eu avec le roi Abdallah de Jordanie à Amman lundi.
Il devient de plus en plus évident que les fronts de bataille de Gaza et de Syrie sont interactifs. L’argument que le Hamas espère, en augmentant le niveau de violence à Gaza, encaisser des dividendes économiques en aide internationale, afin de maintenir sa domination, est déjà de l’histoire ancienne. Il a été dépassé par les événements. Les roquettes, les obus de mortier, les cerfs-volants et les ballons de ces derniers jours pointent sur un objectif : acculer Israël sur un front de guerre supplémentaire et forcer l’armée israélienne à diviser ses forces entre les deux arènes. Par conséquent, le défi d’une guerre à front multiples est devenu une réalité pour les forces armées israéliennes. Savoir si et comment cela aurait pu être évité n’a plus aucune pertinence. Tsahal doit maintenant se concentrer sur les différents fronts et organiser ses priorités de la meilleure façon possible.
Pour l’instant, l’agression de Gaza continue d’être reléguée comme un défi secondaire par rapport à la Syrie. Et donc, mardi soir, Les frappes aériennes israéliennes ont continué à bombarder des bâtiments vidés par le personnel du Hamas, après que les terroristes du Hamas et d’autres groupes palestiniens eurent une chance d’échapper aux frappes ; tandis que le Hamas, pour sa part, continue de confiner ses volées de roquettes et de mortiers à proximité de Shear Hanegev, du district d’Eshkol et des conseils de Hof Ashkelon, causant des dégâts mais pas de victimes. Ces populations ont été avisées le lendemain d’envoyer leurs enfants à l’école et de suivre leurs habitudes de vie routinières.
En même temps, le gouvernement et les chefs militaires israéliens ne se font pas d’illusions. L’intensification des affrontements militaires en Syrie provoquera une menace accrue en provenance de la bande de Gaza. Les roquettes seront plus précises et de plus longue portée pour atteindre les populations au-delà du voisinage immédiat, y compris les villes du sud d’Ashkelon, Ashdod et Beersheba ou plus au nord. Il serait peut-être préférable que Tsahal donne la priorité à la destruction des capacités de guerre palestiniennes dans la bande de Gaza avant que le front syrien ne se transforme en un champ de confrontation majeure.

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