mercredi 5 juillet 2017

Pourquoi comparer les musulmans d’aujourd’hui avec les juifs d’hier est inacceptable.....


Barbara Lefebvre, professeur d’histoire-géographie, elle a publié notamment Élèves sous influence (éd. Audibert, 2005) et Comprendre les génocides du 20è siècle. Comparer – Enseigner (éd. Bréal, 2007). Elle est co-auteur de Les Territoires perdus de la République (éd. Mille et une nuits, 2002).Les analogies historiques venimeuses

On s’indigne, à raison, que le prédicateur Hani Ramadan ait déclaré très récemment via Twitter que «le nazisme n’a pas disparu: il a seulement remplacé le juif par le musulman». Mais pourquoi n’a-t-on rien entendu lorsque les autorités de la Grande mosquée de Paris ont tenu des propos identiques? L’islam «modéré» de son recteur bientôt en retraite a lui aussi le goût de la captation victimaire au mépris de l’histoire. Dans sa «Proclamation de l’islam en France» rendue publique en mars 2017, inspirée par le politologue Thomas Guénolé inventeur du mot islamopsychose – énième néologisme pour décrire les ténèbres dans lesquels sont plongés les Musulmans de France – Dalil Boubakeur déclare en préambule que la Grande mosquée de Paris «s’alarme du fait que l’islamophobie et l’islamopsychose françaises soient de nos jours assurément comparables en gravité à l’antisémitisme français de la fin du XIXe siècle».
Pourquoi n’entend-on rien quand Edwy Plenel s’empare du sujet juif pour dénoncer la situation de parias dont les Musulmans – il emploie toujours l’article défini pour marquer qu’il s’agit d’une catégorie générale d’êtres – seraient victimes en France? Ainsi avait-il capté il y a quelques temps un beau texte de Zola sur l’antisémitisme datant de 1896 (avant l’affaire Dreyfus) intitulé «Pour les Juifs» pour dresser une analogie avec cette haine antimusulmane que Plenel décèle dans une large partie du monde intellectuel et politique français.
En 2011, Marwan Muhammad, tout à son œuvre de victimisation pour provoquer le ressentiment de l’éternel humilié musulman, s’était aussi prêté à cette analogie: «c’est l’histoire d’un pays qui chaque jour bascule un peu plus dans l’islamophobie. Ce pays, ce n’est pas l’Allemagne des années 30. C’est la France des années 2010. Cette façon de nommer un culte, cette façon de nommer des croyants, cette façon de les stigmatiser et de dire qu’ils posent problème et qu’ils mettent en péril l’identité du pays, c’est exactement la manière dont on stigmatisait les Juifs au début du siècle dernier. C’est pas dans l’Allemagne des années 30 qu’on mitraille des mosquées». N’en jetez plus, la coupe est pleine.
On comprend aisément que les adeptes de l’islam politique incarnés en Europe occidentale par les frères Ramadan aient des difficultés à entrevoir les subtilités de l’histoire, eux les petits-fils et héritiers ‘spirituels’ d’Hassan al-Bâna fondateur de la Confrérie des Frères Musulmans d’inspiration fasciste. Leur agenda politico-religieux, calqué sur celui de leur illustre grand-père en version 2.0, fonctionne sur l’identitarisme islamique, le complotisme victimaire, la vindicte perpétuelle pour laver les humiliations dont les Musulmans sont victimes quand les Infidèles chrétiens et/ou Juifs ont le malheur de les dominer en politique ou au combat.
Mais pourquoi les propos de Boubakeur inspirés par Guénolé, de Plenel, Muhammad, de Todd et consorts ne sont-ils pas interrogés? Jamais il ne leur est demandé d’expliciter cette comparaison historiquement, factuellement. En quoi la situation des Musulmans qui vivent en France aujourd’hui est-elle comparable à celle des Juifs à la veille de la disparition de près de la moitié du peuple juif? Parce que c’est ce qu’on entend en creux dans ce type de comparaison: un génocide se prépare contre les Musulmans de France. Rien que ça! Qui le prépare intellectuellement, politiquement, concrètement? On compte sur les vigies de l’«islamopsychose» pour débusquer les planificateurs du génocide qui vient.
Ces vigies de l’islamophobie-islamopsychose n’ont pas dû lire beaucoup de livres d’histoire quand ils convoquent ce sujet sur un ton grave. Dans la France des années 1890-1900, puis des années 1930, le climat était tout autre qu’en 2017: les publications antisémites étaient nombreuses et les formations politiques fondées sur l’obsession antijuive actives, ayant pignon sur rue et imprégnant une large part de la droite française. L’antidreyfusisme en fut une illustration. La gauche révolutionnaire n’était en outre pas épargnée par l’antisémitisme au nom de l’anticapitalisme.
En France aujourd’hui, des Musulmans sont, à ma connaissance, libres de se constituer en association pour exprimer et revendiquer leur vision identitaire singulière comme en témoignent le CCIF ou le PIR. Ces associations ‘antiracistes’ souvent rejointes par la LDH ou le MRAP, qui trouvent des alliés bienveillants au Bondy Blog ou dans la Revue du crieur, exercent une vigilance de tous les instants au point d’entraver la liberté d’expression commune quand il s’agit de critiquer l’islam politique ou de dénoncer l’antisémitisme transmis comme une vulgate dans nombre de familles musulmanes, cet «antisémitisme déjà déposé sur la langue, dans la langue» comme l’a dit Smaïn Laacher.
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Barbara Lefebvre

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