mardi 18 juillet 2017

La fuite acide de la mer Morte a transformé un chemin populaire de randonnée en zone sinistrée...


Deux semaines après que des tonnes de boue acide se sont déversées dans le cours d’eau d’Ashalim, près de la mer Morte, des experts travaillent encore 24h/24 pour contenir ce qui semble être l’un des désastres environnementaux les plus graves de l’histoire d’Israël.

L’effondrement d’un mur retenant un bassin de phosphate constitué de rejets de l’industrie de production d’engrais, a libéré environ 100 000 mètres cubes d’eaux acides et d’autres polluants qui se sont déversés le long d’un chemin de randonnée populaire le 30 juin dernier.

Les défenseurs de l’environnement avertissent qu’il faudra des années avant que l’ampleur totale des dégâts ne soit connue, et plus de temps encore pour pouvoir réhabiliter la zone.
L’Autorité de la nature et des parcs (ANP) et le ministère de l’Environnement essaient encore de faire le bilan des dégâts, alors que des dizaines d’employés de l’ANP travaillent 24h/24 pour enlever les eaux acides qui ont maintenant envahi le canyon.
Le 3 juillet, le ministère de l’Environnement a annoncé qu’il ouvrait une enquête criminelle contre Rotem Amfert, l’entreprise qui gère le bassin d’évaporation où l’effondrement s’est produit, et son entreprise mère, Israël Chemicals.
Le ministère a également ordonné que l’entreprise cesse d’utiliser le bassin d’évaporation partiellement effondré et qu’elle utilise, en remplacement, les bassins temporaires existants jusqu’à ce que l’enquête soit achevée et les changements effectués.
Rotem Amfert coopère et paie pour le nettoyage, selon l’ANP.
Les déchets acides, qui contiennent aussi des métaux lourds, se sont propagés sur plus de 20 km le long du lit du cours d'eau après la fuite du 30 juin 2017. (Crédit : Sharon Tal/Autorité de la nature et des parcs)
Les déchets acides, qui contiennent aussi des métaux lourds, se sont propagés sur plus de 20 km le long du lit du cours d’eau après la fuite du 30 juin 2017. (Crédit : Sharon Tal/Autorité de la nature et des parcs)
Au moins huit bouquetins, de nombreux renards et des oiseaux sont morts ces deux dernières semaines en conséquence de la fuite, selon le ministère de l’Environnement. Les septième et huitième bouquetins ont été retrouvés samedi ; seulement 26 bouquetins vivaient dans la région du désert de Judée avant la fuite.
« La mort de huit bouquetins de cette population est un coup majeur porté à la l’espèce de bouquetins dans la zone et en général », a déclaré Gilad Gabbay, le directeur du district sud de l’Autorité de la nature et des parcs.
La topographie accidentée du site, avec des canyons profonds et étroits qui ne sont accessibles qu’à pied, limite grandement les tentatives pour enlever les déchets acides ; cela implique que des animaux sauvages continueront à mourir à cause de la pollution.
Le site sera fermé aux randonneurs pour, au moins un an et le nettoyage devrait coûter des millions de shekels, selon Gabbay. « Il faudra beaucoup de temps pour réhabiliter cette zone, a-t-il indiqué. Au moins 20 kilomètres, y compris des zones populaires de randonnées, ont été pollués. »
Actuellement, l’ANP utilise des pompes géantes pour aspirer l’eau polluée.
Un bouquetin mort retrouvé à Nahal Ashalim, le 15 juillet 2017. (Crédit : Autorité de la nature et des parcs)
Un bouquetin mort retrouvé à Nahal Ashalim, le 15 juillet 2017. (Crédit : Autorité de la nature et des parcs)
Le cours d’eau d’Ashalim est un chemin de randonnée populaire, où les randonneurs pataugent dans des bassins d’eau profonde au milieu des murs du canyon de chaque côté. Habituellement, à ce moment de l’été, les derniers bassins se vident. Mais le 30 juin, les eaux provenant de la fuite se sont déversées précipitamment dans le canyon. Au point le plus fort, la vague d’eau toxique s’est répandue sur la route 90, forçant les autorités à la fermer pendant une courte période.
Si des randonneurs avaient été sur le site au moment de la fuite, les conséquences auraient pu être dévastatrices, ont déclaré les experts.
Gabbay a expliqué que la puanteur acide des eaux était insupportable au moment de la fuite et que les eaux étaient noires. Maintenant que l’odeur s’est quelque peu dissipée, l’eau a pris une teinte verdâtre.
Une gazelle morte retrouvée à Nahal Ashalim, après une fuite massive de déchets acide le 30 juin 2017. (Crédit : Mark Katz/Autorité de la nature et des parcs)
Une gazelle morte retrouvée à Nahal Ashalim, après une fuite massive de déchets acide le 30 juin 2017. (Crédit : Mark Katz/Autorité de la nature et des parcs)
« Cela prendra beaucoup de temps pour comprendre les effets de ce genre d’événements, et quelles sont les espèces en danger. Nous ignorons encore beaucoup d’éléments, mais les choses commencent à être plus claires », a déclaré Oded Nezer, écologiste pour le district du sud qui travaille avec le ministère de l’Environnement.
« Il y a plus de 1 000 points d’eau contaminés [des mares créées temporairement après les inondations et la pluie] dans le cours d’eau, a expliqué Nezer. Certains se trouvent à l’intérieur du canyon et ils resteront contaminés pendant un long moment, certains se trouvent encore dans des parties ouvertes et ils vont s’évaporer beaucoup plus rapidement. »
Ces bassins contaminés constituent la principale préoccupation immédiate, parce que des animaux assoiffés par le soleil d’été y boiront dans les mois qui viennent, ont souligné les experts. Le ministère de l’Environnement essaie d’installer des abreuvoirs avec de l’eau propre dans la zone, dans l’espoir que les animaux y boiront plutôt que dans les bassins contaminés.
Il est impossible de bloquer l’accès de la zone entière aux animaux car cela interromprait leurs migrations, a expliqué le professeur Eilon Adar de l’Institut Zuckerberg pour la recherche sur l’eau de l’université Ben Gurion dans le Néguev.
« La préoccupation majeure est le dépôt, la grande quantité de polluants qui va se répandre dans l’eau le long de l’Ashalim, a souligné Adar, expert en nappes phréatiques et hydrologie. Ce n’est pas seulement l’eau [qui s’est déversée dans le canyon], c’est l’eau et la boue de mares. » Ces sédiments contiennent toutes sortes de polluants.

« On retrouve aussi des métaux lourds dans ces eaux, a dit Nezer. Ils sont absorbés par les plantes et ensuite par les animaux qui mangent ces plantes ; cela peut faire beaucoup de mal aux animaux. »
Les préoccupations à court terme concernent les bassins de consommation contaminés, mais, à long terme, le problème se situe au niveau de la pollution souterraine, a ajouté Nezer. « La base principale de l’écologie est le sol, et quand le sol est contaminé, cela affecte tout. Nous nous attendons à ce que ce soit un coup vraiment difficile pour l’écosystème en général. »
Même si chaque catastrophe écologique est différente, les experts pensent que la fuite dans le cours d’eau d’Ashalim pourrait être plus grave que la marée moire Evrona de 2014, considérée comme l’une des pires catastrophes de l’histoire d’Israël.
« C’est plus grave car il est plus difficile d’enlever [les polluants], a expliqué Adar. A Evrona, il s’agissait de quelques semaines et le sable contaminé avait été retiré. Ici, j’ai l’impression qu’il ne sera pas possible de l’enlever. Nous devrons compter sur les inondations naturelles pour le faire partir et cela prendra des années. »
Les déchets acides, qui contiennent aussi des métaux lourds, se sont propagés sur plus de 20 km le long du lit du cours d'eau après la fuite du 30 juin 2017. (Crédit : George Norkin/Autorité de la nature et des parcs)
Les déchets acides, qui contiennent aussi des métaux lourds, se sont propagés sur plus de 20 km le long du lit du cours d’eau après la fuite du 30 juin 2017. (Crédit : George Norkin/Autorité de la nature et des parcs)
Le 4 décembre 2014, cinq millions de litres de pétrole ont jailli d’un oléoduc endommagé et se sont répandus dans la réserve naturelle d’Evrona, dans le sud d’Arava. Cinq millions de litres, c’est l’équivalent de la taille de deux piscines olympiques, mais les déchets chimiques qui se sont déversés le 30 juin représentent l’équivalent de 40 piscines olympiques.
La fuite d’Ashalim ne mettra probablement pas en danger les aquifères des réserves d’eau souterraines d’Israël, même si « rien dans la nature n’est complètement protégé », a noté Adar. Dans cette zone, les aquifères sont situés à des centaines de mètres de profondeur, sous une formation poreuse de calcaire qui agira comme un filtre naturel.
En outre, les aquifères de cette zone sont des eaux saumâtres, ou des eaux salées, qui ne sont pas utilisées pour la consommation. La majorité des eaux des aquifères de la région est utilisée pour les travaux de la mer Morte, ou d’autres utilisations industrielles.
Uri Schor, porte-parole de l’Autorité de l’eau, a déclaré qu’il n’y « a absolument aucune préoccupation concernant l’eau potable », même si le ministère procède à des contrôles réguliers pour suivre la progression des polluants.
Une carte du conseil régional de Tamar montre les zones où la randonnée est interdite près du Nahal Ashalim, au 2 juillet 2017. (Crédit : Facebook/Conseil régional de Tamar)
Une carte du conseil régional de Tamar montre les zones où la randonnée est interdite près du Nahal Ashalim, au 2 juillet 2017. (Crédit : Facebook/Conseil régional de Tamar)
Gabbay travaille avec les employés de l’ANP pour pomper autant d’eaux acides que possible des zones qui sont accessibles aux véhicules, en installant de grandes pompes sur des tracteurs. Ils essaient d’empêcher que les polluants pénètrent dans le sol et entraînent des dommages futurs. Il estime que cela prendra deux mois pour pomper toute l’eau présente.
« Maintenant, nous demandons à la population de ne pas venir dans la zone parce que c’est vraiment dangereux », a-t-il précisé.
« Cet acide est si fort qu’il brûle et tue, a affirmé Nezer. Les animaux qui n’ont pas été tués dans l’inondation ont peut-être été brûlés. » Il a ajouté que le ministère de l’Environnement, qui est responsable de la surveillance d’entreprises comme Rotem Amfert, doit s’assurer qu’elles respectent les normes de sécurité pour l’environnement, et examine encore la question. Il est trop tôt pour déterminer s’il y aura des modifications dans les réglementations ou leurs applications.
« Nous ne savons pas pourquoi cela s’est produit et pourquoi le mur s’est effondré, a-t-il déclaré. C’est pour cela que l’enquête est si importante à nos yeux, pour que nous puissions comprendre comment empêcher ces catastrophes à l’avenir. »
Un renard mort retrouvé à Nahal Ashalim, après une fuite massive de déchets acide le 30 juin 2017. (Crédit : Mark Katz/Autorité de la nature et des parcs)
Un renard mort retrouvé à Nahal Ashalim, après une fuite massive de déchets acide le 30 juin 2017. (Crédit : Mark Katz/Autorité de la nature et des parcs)


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