vendredi 30 juin 2017

Simone Veil est décédée....


Rescapée de la Shoah, l’ancienne ministre de la Santé, qui fit voter la légalisation de l’avortement, est décédée à l’âge de 89 ans.
Une image ou plutôt des images de Simone Veil. Ses yeux, éblouissants, bleus comme le ciel. Ses colères qui explosaient, aussi brutales qu’inattendues. Son émotion à l’Assemblée quand des députés l’injuriaient lors de la loi sur l’IVG en 1974. Ou encore cette silhouette si fragile qui lui ressemblait si peu, là, debout, immobile, entraînée par son mari, le regard dévoré par la maladie. Elle était là, pour saluer les manifestants qui défilaient contre le Mariage pour tous : ce fut l’une de ses dernières sorties publiques.

Simone Veil, ce sont des mots, aussi, qu’elle nous tenait en 1995, il y a plus de vingt ans : alors ministre des Affaires sociales du gouvernement Balladur ; elle était en voyage officiel à Beyrouth. «Vous savez, malgré un destin difficile, je suis, je reste toujours optimiste. La vie m’a appris qu’avec le temps, le progrès l’emporte toujours. C’est long, c’est lent, mais en définitive, je fais confiance.» Propos apparemment banals, propos qui pourraient paraître naïfs s’ils venaient de quelqu’un d’autre. Simone Veil est ainsi.
Par un curieux hasard du calendrier, Simone Veil s’était trouvée quelques jours plus tôt à Auschwitz où elle dirigeait la délégation française aux cérémonies de commémoration de la libération du camp. Un camp où elle-même a été déportée. «Aujourd’hui, nous disait-elle, je ne suis pas émue. Il n’y a plus la boue, il n’y a plus le froid. Il n’y a plus surtout cette odeur. Le camp, c’était une odeur, tout le temps.»
Ce vendredi 26 janvier 1995, il faisait froid, un vent glacial. Dans le haut du camp de Birkenau, beaucoup de monde. Une quarantaine de délégations étrangères. Simone Veil avait pris le bras de son fils qui l’accompagnait aux cérémonies. Et tous les deux s’étaient dirigés vers un des baraquements, marron et gris. Elle y est restée quelques minutes.
«C’est celui-là le baraquement où j’étais, nous dira-t-elle un peu plus tard. J’en suis sûre, avec ma sœur et ma mère, juste en bas du crématoire. A l’intérieur, ça n’a pas changé ; les deux endroits pour la kapo et la sous-kapo. Un poêle. Et puis au fond, tout du long, les couches de bois où on dormait, entassées. Je voulais les lui montrer.» Elle a ajouté : «Pendant toute la cérémonie de commémoration, il y avait quelque chose qui m’intriguait. J’ai eu, toute la matinée, comme tout le monde, un peu froid aux pieds, alors qu’il ne faisait pourtant pas très froid. Et je me demandais comment on avait pu résister à tant de froid. Jusqu’à -30°… Je n’arrive pas à me souvenir comment on faisait. On n’avait rien. Est-ce qu’on se mettait du papier sur le corps ? Ou bien des vieux sacs de plâtre ? Pendant toute la cérémonie, j’essayais de m’en souvenir, et je n’arrivais pas
Simone Veil est dans le présent, toujours. Femme exceptionnelle, adorée des Français, à l’image si pure. Simone Veil la déportée, Simone Veil la combattante de l’IVG, Simone Veil l’Européenne. Toujours la même. Un roc. Elle disait encore : «Je crois, toujours, que cela sert à quelque chose de se battre. Et quoi qu’on dise, l’humanité, aujourd’hui, est plus supportable qu’hier.» Et ajoutant : «On me reproche d’être autoritaire. Mais les regrets que j’ai, c’est de ne pas m’être battu assez sur tel ou tel sujet.»

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