vendredi 23 juin 2017

Scoop: Alain Goldman ouvre Légende Production à Tel Aviv...


C’est à l’occasion de l’avant-première à Tel-Aviv du film HHhH, « L’homme au cœur de fer », un film de Cédric Jimenez sur un roman de Laurent Binet, organisée par l’Association des Amis francophones de l’Université de Tel-Aviv, qui a eu lieu vendredi 16 mai à la Cinémathèque, que nous avons rencontré Alain Goldman, le célèbre producteur de cinéma qui a créé Légende Production il y a une vingtaine d’années avec le film Christophe Colomb 1492, incarné par Gérard Depardieu. Depuis Alain Goldman a produit de très grands films, la liste est longue nous ne citerons que Casino, les Rivières Pourpres, la Môme, la Rafle, la French et sa dernière production HHhH, « L’homme au cœur de fer »,..
Interview Exclusive d’Alain Goldman

Tel-Avivre : Bonjour Ilan (Alain), tout d’abord, qu’est-ce qui vous a motivé pour produire le film HHhH « L’homme au cœur de fer », dont le sujet est l’ascension et  l’assassinat de Reinhard Heydrich, un des plus grands monstres du nazisme, considéré comme le bras droit d’Himler et qui fut l’architecte de la Solution Finale, une histoire peu connue  que nous avons découverte à travers ce film époustouflant…
Ilan Goldman : Il y a d’abord eu une interpellation et une curiosité et ensuite une volonté de rendre hommage. J’ai été interpellé, en lisant le livre de Laurent Binet, par la façon dont se fabrique un monstre tel que Heydrich. Au départ Heydrich est un homme plutôt doué et intelligent, il est officier dans la marine allemande, il est cultivé, parle plusieurs langues, est violoniste, séducteur et sportif de haut niveau (dans l’équipe d’Allemagne d’escrime). Sa vie bascule lorsqu’il se fait renvoyer de la Marine et se sent humilié. Peu de temps après il fait la rencontre de celle qui deviendra sa femme, une très belle femme proche d’Himler par sa famille. C’est elle qui va le conduire sur le chemin de la barbarie. Profondément frustré parce qu’il a été renvoyé de la Marine, Heydrich développera une sauvagerie monstrueuse. Cet homme cherchera par tous les moyens à faire une grande carrière et deviendra le numéro trois du régime nazi, le Reich-Protector d’Hitler en Bohême-Moravie, l’organisateur de la Shoah par balles, le patron de la Conférence de Vancy. Il est antisémite comme tout le monde, pas plus, c’est ce qui est fascinant et que je ne comprends toujours pas.
Tel-Avivre : Que veut dire le titre du film HHhH ?
Ilan Goldman : C’est l’acronyme en allemand de « Heydrich est le cerveau d’Himler » une boutade des dignitaires nazis qui ne considéraient pas Himler comme quelqu’un de très intelligent et pensaient qu’Heydrich était le véritable cerveau.
Tel-Avivre : Entendu, pour la curiosité et l’interpellation, mais alors à qui vouliez-vous rendre hommage avec ce film?
Ilan Goldman : Je veux rendre un hommage à ce qui représente l’opposé de cette barbarie, l’aspect le plus noble du genre humain incarné par les deux jeunes soldats résistants, Jan Kubis et Jozef Gabcik. L’un est tchèque, l’autre slovaque. On est dans un niveau de résistance au dessus de celui de la France. Pourquoi? Parce qu’en France, on résiste mais l’Etat français qui baigne dans la collaboration avec Pétain,  continue aussi d’exister avec la voix de Londres. Alors qu’en République Tchèque, lorsque Hitler arrive, on dit aux tchèques : votre pays n’existe plus, il s’appelle maintenant la Bohême-Moravie. Ces gens ont donc résisté à double titre et leur sens du sacrifice est pour moi, une source d’admiration profonde.
Tel-Avivre: L’antisémitisme est-il préoccupant aujourd’hui en France selon vous?
Ilan Goldman : Oui évidemment. Il est préoccupant parce que j’ai le sentiment que contrairement à la période de la Shoah, le nouvel antisémitisme est nourrit par plusieurs feux, c’est à dire que cohabitent plusieurs antisémitismes, il y a l’antisémitisme des banlieues qui est une sorte d’amalgame, en partie logique, entre le destin des juifs et celui d’Israël et comme la communauté juive est considérée comme solidaire d’Israël, ce qui est vrai en grande partie, cet antisémitisme se nourrit de l’importation du conflit. Il y a aussi un antisémitisme d’extrême gauche qui est un antisionisme primaire qui est celui de la France Insoumise et des autres mouvements d’extrême gauche. Et évidement l’antisémitisme classique d’extrême droite sans oublier le plus vieil antisémitisme celui du peuple déicide.  Voyez, ça fait beaucoup….
Tel-Avivre: Vous comprenez donc que ces derniers temps, des personnalités qui n’avaient jamais vraiment évoqué leur judaïsme en public, montent au créneau comme Yvan Attal qui justement a fait un film sur les clichés antisémites et encore la semaine dernière Michel Boujenah qui a repris exactement les mêmes mots que Yvan Attal sur le même plateau télé : « Mais qu’est ce qu’on a fait? »
Ilan Goldman :  Ma grand-mère m’a toujours dit : « Les Juifs qui ne se sentent pas Juifs, c’est pas grave, les antisémites le leur rappelleront ». Je ne dis évidement pas cela en pensant à Michel Boujenah ou à Yvan Attal qui ont toujours été concernés et qui ont depuis longtemps pris fait et cause pour Israël,
Tel-Avivre: Revenons au cinema Ilan, est-ce que le producteur d’un film a son mot à dire sur tout dans la préparation du film. Pour HHhH, c’est vous qui avez choisi le metteur en scène, avez-vous aussi par exemple  participé au casting? 
Ilan Goldman : Oui j’ai mon mot à dire sur tout mais un certain nombre de grandes decisions ne se font pas sans l’accord de tous. Concernant le casting d’un film, c’est en général le job du metteur en scène mais il se peut que le producteur choisisse ou soumette son choix car le financement peut aussi dépendre des « têtes d’affiche ».
Tel-Avivre: Le métier de producteur est-il toujours financièrement très risqué?
Ilan Goldman : « On ne sait jamais si un film va marcher, mais on sait avec qui on le fait, et pourquoi on le fait. Ce voyage-là est déjà une source de richesse qui me suffit. Il faut avoir une conviction, savoir pourquoi on fait les choses. Vous êtes le premier à mettre votre argent, et le dernier à encaisser les éventuels bénéfices. Je suis incapable de produire si je n’ai pas une force qui m’anime, un sujet qui me passionne. Et quand je lance un film, je ne calcule jamais combien je peux gagner. Je décide de ce que je peux perdre. J’ai été élevé dans cette culture ashkénaze.
Tel-Avivre: Est-ce que vous avez déjà eu envie de réaliser un film?
Ilan Goldman : Oui j’y ai déjà pensé mais ce n’est pas pour moi. Si je devais un jour m’essayer à un autre métier, ce serait l’écriture, la musique mais pas la mise en scène.
Tel-Avivre: Avez-vous des projets de production en Israël?
Ilan Goldman: Oui et d’ailleurs j’ai un scoop, nous allons ouvrir à Tel-Aviv, la troisième Légende Productions, après la France et les Etats-Unis pour être présent au quotidien en Israël. Ce pays a un énorme vivier de talents avec des auteurs qui possèdent un grand sens du récit, le monde entier salue la vitalité des scénaristes et des metteurs en scènes israéliens. La société israélienne est passionnante, en ce sens que tous les problèmes du monde s’y retrouvent concentrés. Dans ce tout petit pays, on retrouvent tous les grands conflits qui animent les pays occidentaux, les conflits entre les riches et les pauvres, les gens du Nord et du Sud, les religieux et non-religieux, les conflits politiques entre droite et gauche, entre les gens des villes et de « la périphérie » donc tout ce bouillonnement provoque l’émergence de grands auteurs avec lesquels je souhaite collaborer.
Tel-Avivre: Nous vous souhaitons un grand succès dans ce nouveau projet en Israël, merci Ilan Goldman d’avoir répondu aux questions de Tel-Avivre.

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