jeudi 26 janvier 2017

Shoah : détournements de Commémoration ©..



Actuellement, un débat important se poursuit au sein du Parti AfP d’extrême-droite, en Allemagne, autant qu’au sein de la société allemande dans son ensemble. Bjorn Hoecke, le dirigeant de l’AfD dans l’Etat Fédéral de Thuringe, a déclaré que les Allemands sont « Le seul peuple au monde à avoir établi un mémorial du déshonneur au cœur même de sa capitale[1]« . Il faisait ainsi référence aux dalles de pierre qui constituent un mémorial à Berlin. 

Ce lieu a été inauguré en 2005 et commémore les six millions de Juifs d’Europe assassinés par l’Allemagne. L’AfD de l’Etat Fédéral de Bade-Wurtemberg veut interrompre les subventions apportées par l’Etat au profit du mémorial français du camp d’internement de Gurs, où avaient, à l’origine, été déportés les Juifs du Bade-Wurtemberg[2].

Les premiers monuments relatifs à la Shoah dans les pays anciennement occupés par les Nazis ont souvent été instaurés au sein d’environnements juifs -synagogues, institutions juives et cimetières. Souvent, il n’y avait aucun intérêt manifesté par les autorités locales, voire même parfois de l’hostilité, à les installer dans le domaine public.

Aux Pays-Bas, la situation était plutôt embarrassante. Le tout premier monument évoquant la Shoah à Amsterdam reflétait une image=déformée de l’attitude de la société hollandaise dans ces années-là. Il s’agissait d’un monument de reconnaissance envers les Non-Juifs ayant aidé des Juifs pendant la guerre et on l’a forgé en 1950. Les Juifs survivants s’étaient apparemment faits mobilisés par les autorités pour qu’ils comprennent qu’il était tout-à-fait souhaitable d’élever un tel monument[3].

Je passais devant ce monument chaque jour en chemin pour me rendre au lycée juif. J’étais, cependant, bien trop jeune pour comprendre ce qui n’allait pas avec cet établissement commémoratif, à cette époque-là.  Au cours de ces dernières années, on a donné plus d’ampleur à la publicité contre cette attitude scandaleuse des autorités.

Et même pire : les autorités d’Amsterdam se sont opposées à l’installation d’un monument à l’intention des Juifs assassinés, dans le square principal du quartier juif détruit[4]. Ce monument aurait été dédié à la majorité des Juifs néerlandais qui ont été assassinés avec l’assistance hollandaise au cours de leur arrestation, de leur transport et de leur garde.

Pour ajouter l’insulte à l’injure, un monument appelé « le Docker » a été é »rigé en 1952 dans ce même square, en mémoire des deux jours de grève de solidarité avec les Juifs persécutés par la population d’Amsterdam en février 1941. Après ces deux jours, presque tous les dockers ont abandonné les Juifs à leur sort. Quand on a érigé le « Docker », M.H Gans, alors rédacteur en chef du  NIW, l’hebdomadaire des Juifs de Hollande, a écrit : « C’est comme un monument de défense anti-aérienne sur la tombe de ceux qui ont été tués par le bombardement[5]« .

Ce n’est qu’aujourd’hui, plus de soixante-dix ans après la guerre, qu’il existe un projet d’ériger un monument à Amsterdam, avec les noms des 102.000 Juifs Hollandais et d’autres citoyens assassinés au cours de la Shoah[6]. Dans beaucoup de villes néerlandaises où des Juifs ont été tués, les monuments commémorant la Shoah ont, finalement, augmenté et d’autres sont en projet.

Lorsque les gouvernements communistes dirigeaient l’Europe de l’Est, ils n’autorisaient aucun monument spécifique dédié aux Juifs dans le domaine public. Ils considéraient qu’il ne devait y avoir aucune marque de différenciation entre ceux qui avaient été tués, même si seulement les Juifs avaient fait l’objet d’extermination.

Efraïm Zuroff, du Centre Simon Wiesenthal, mentionne qu’en Lituanie, les responsables locaux se sont opposés à l’intégration de la phrase « et de leurs complices locaux » sur un mémorial de Ponar (Paneriai), le site du meurtre de masse des Juifs de Vilnius. Par conséquent, il n’attribue ces meurtres qu’aux seuls Nazis et a préféré ignorer leurs collaborateurs lituaniens[7].

Bien que ce soit moins permanent et visible, les jours et cérémonies de commémoration sont aussi devenus des moments de discorde et ils sont souvent utilisés comme des occasions pour faire des déclarations politiques. Sous l’influence musulmane, le Conseil local de la ville britannique de Bolton n’a pas organisé de Jour de commémoration de la Shoah en 2007 et il l’a remplacé par un Jour du Souvenir du Génocide[8]. L’année suivante, il a marqué les deux événements.

On peut appeler la commémoration de la Nuit de Cristal « une commémoration préalable à la Shoah ». Ces cérémonies ont fréquemment été l’occasion de déformations. En 2010, le maire Démocrate-Chrétien de l’époque, Petra Roth, avait invité le survivant de la Shoah, Alfred Grosser à livrer un discours douteux sur la Nuit de Cristal à l’Eglise St Paul. Cet intellectuel Juif-Français né Allemand est un incitateur anti-Israélien notoire et il a maintenu que la politique israélienne est la raison fondamentale de l’antisémitisme[9].

A Helsingborg, en Suède, la communauté juive a refusé de participer à la cérémonie de commémoration de la Nuit de Cristal de 2012. Le journal local Helsingborgs Dagblad soulignait que le dirigeant de la communauté, Jussi Tyger, avait déclaré que cette commémoration était organisée par des partis d’extrême-gauche et les Musulmans, connus pour être les pires racistes envers les Juifs[10].

La communauté juive croate a annoncé qu’elle boycottera la commémoration nationale de la Shoah, cette semaine, comme façon de protester contre la minimisation par ce pays de ses crimes extrêmes durant la Shoah[11].

Un ancien dirigeant juif yougoslave,  Ivan Ceresjnes, qui vit actuellement en Israël, a souligné à quel point l’explosion de la République Fédérale de Yougoslavie, au cours de ces dernières décennies, offre un véritable cas d’école de très nombreux aspects de ces processus de destruction de la mémoire. Les Etats qui ont succédé à la Yougoslavie réécrivent leur propre histoire, au cours de laquelle leur mémoire collective est modifiée. La mémoire de la Shoah est ainsi très fragmentée, à l’istar du contexte national présent[12].

Les faits mentionnés ci-dessus offrent quelques aspects seulement des nombreuses façons dont la mémoire de la Shoah peut se trouver publiquement falsifiée. Malheureusement, on peut être sûr que d’autres exemples supplémentaires apparaîtront à l’avenir.



Par Manfred Gerstenfeld

http://jforum.fr/detournements-de-commemoration-de-la-shoah.html



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