mardi 24 janvier 2017

Pourquoi et comment Benoît Hamon peut gagner et la primaire et la présidentielle...


«  le Parti socialiste a organisé cette primaire pour régler un problème de ligne politique et ce problème n’est pas du tout réglé. 

Tout le monde a compris qu’ils ne sont d’accord sur rien. Ils seront dans l’incapacité de se réconcilier, de porter une dynamique, d’incarner une alternative à l’offre politique conservatrice de François Fillon et nationaliste de Marine Le Pen ». Et voilà comment en trois coups de cuillères à pot, un Tonton-flingueur d’Emmanuel Macron te règle le destin des deux vainqueurs de ce premier tour des primaires, en directe à la télévision.

Il serait acté de façon définitive de l’existence de deux gauches irréconciliables, chacune dotée de son héraut, Jean-Luc Mélenchon d’un côté, Emmanuel Macron de l’autre, et donc pas de place pour un troisième larron qui pourrait faire l’unité, que ce soit en penchant plus d’un côté que de l’autre. Bref, pour le futur vainqueur de la primaire socialiste, que ce soit  Benoît Hamon ou Manuel Valls, la messe est dite. La victoire de l’un verrait les troupes de l’autre rejoindre massivement et sans hésiter l’un des deux fossoyeurs du Parti socialiste que sont Macron et Mélenchon.

Deux gauches irréconciliables? La belle affaire pour nos deux leaders auto-proclamés « hommes providentiels », qui ce sont pourtant dérobés à la sanction des urnes en refusant de se soumettre à la primaire de la gauche, condition pourtant indispensable pour présenter face à la Droite et l’extrême-droite un candidat unique de la Gauche, porté par une dynamique populaire et un programme clair, puisque élaboré par le plus grand nombre.
Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon ont pris en otage la Gauche, chacun(e) étant sommé de choisir « sa » gauche en ralliant l’un ou l’autre, comme à Cannossa, sans débat, sans discussion, avec  toute la soumission requise dûe à de grands hommes, qui pourtant, jusqu’à présent, n’ont pas fait grand chose, y compris quand ils étaient ministres.

Qui se rappelle que Jean-Luc Mélenchon l’a été dans le gouvernement Jospin? La réponse est dans la question, c’est vous dire s’il a marqué les mémoires. Quelque part, tant mieux pour lui, car on a de fait oublié sa volonté proclamée à l’époque d’instaurer l’orientation vers les filières professionnelles dés le collège, et le déterminisme social qui va avec, comme l’expliquent tous les spécialistes de l’Education. Promettre aux enfants de ceux qui sont en bas de l’échelle sociale d’y rester, est-ce vraiment le combat d’une gauche qui œuvre à l’émancipation des individus, celle que Mélenchon ne cesse de nous chanter aujourd’hui?

Quand à Emmanuel Macron, beaucoup d’intentions et peu de résultats, quand ses réformes ne se sont pas transformées en contraire de ce qui était annoncé, à l’image de sa réforme des professions protégées. A titre d’exemple, grâce à lui, le notariat qui devait aller vers plus d’ouverture pour les jeunes qui démarrent dans le métier en renforçant leurs chances de se mettre à leur propre compte se traduit à l’inverse, par une mainmise encore plus forte sur la profession par les notaires déjà bien installés. Comme le dit la devise de l’almanach du marin Breton, « entre le dire et faire, il y a la mer »!

Et, puis soyons sérieux, pourquoi les électeurs de gauche voteraient-ils pour un homme qui pose comme condition à ceux qui veulent le rejoindre de souscrire à l’article 2 de la Loi travail, qu’il a inspiré? Jusque là, un(e) futur(e) salarié(e) qui négocie avec son futur(e) patron la durée et la rémunération de son labeur peut le faire sur les bases des conventions de la branche de l’entreprise. C’est quand même mieux que de négocier sur les bases établies par l’employeur. Sinon, à ce tarif, on peut aussi supprimer le salaire minimum garanti et dire que c’est « de gauche »…

Comme pour vendre du papier, mieux vaut annoncer qu’il va y avoir du sang sur les murs, la théorie des deux gauches irréconciliables va nous être assené et martelé par le microcosme politico-médiatique. Le plus étonnant, c’est que le premier tour de la primaire nous montre plutôt le contraire, la formidable convergence des vues et programmes des candidats. Certes, il y a bien quelques pierres dans le jardin, mais rien de bien compliqué à régler.

Les journalistes, qui par essence n’ont jamais mené de campagne électorale, ont du mal à comprendre ce que veulent dire les politiques quand ils leur expliquent qu’une élection, ce n’est pas une question d’arithmétique, mais de dynamique. Ils ont l’impression que c’est de la langue de bois, alors que c’est du vécu.

La tâche de Benoit Hamon est plus facile. Ce qui est compliqué dans une dynamique, ce n’est pas de l’entretenir, mais de la créer. Il l’a fait et on sait que la force va à la force. Il devrait l’emporter, mais cela dépend maintenant de sa capacité à opérer dés maintenant le rassemblement, autrement dit à mettre de l’eau dans son vin. Nous sommes à la mi-temps, c’est le moment d’opérer les changements pour gagner le match.
Première visée, sa proposition d’instaurer dés son élection son idée de Revenu Universel. Puisque Arnaud Montebourg le rejoint après avoir tiré à boulet rouge sur sa proposition phare qui l’a fait percer, Benoit Hamon serait bien avisé de dire qu’il a entendu les multiples réticences qu’elle suscite, et qu’en conséquence il ne propose plus de l’appliquer tout de suite une fois élu, mais de convoquer une grande conférence nationale sur le sujet, chargée d’en déterminer les modalités, le financement et le calendrier.

Dans sa déclaration d’hier soir après cette première victoire, Benoît Hamon a mis en avant les deux piliers sur lesquels il compte s’appuyer, le social et l’environnemental, alias la transition énergétique. C’est bien, mais pour un futur président, ce n’est pas assez. S’il en reste là, il laissera ouvert un angle de tir béant que les seconds couteaux de Manuel Valls ne manqueront pas de pilonner, comme ils ont commencé à le faire dés hier soir, la stature internationale pour parler d’égal à égal avec Trump, Poutine et le Président chinois, dont tout le monde ignore le nom, mais pas le poids.

Aussi, il devrait se saisir de la magnifique idée de Jean-Luc Benhammias de proposer un pacte social, fiscal et environnemental à l’Italie, l’Espagne et le Portugal, afin de parler d’une même voix à l’Allemagne, et d’infléchir sa politique économique, si désastreuse pour ses voisins et si avantageuse pour elle  (bien que ce soit au prix d’une natalité décadente, d’infrastructures délabrées, d’une précarité dramatique pour un bon paquet de sa population). Benoît Hamon pourrait compléter cette proposition en annonçant la mise en place entre nos quatre pays d’un comité de pilotage permanent, une sorte de gouvernement qui ne dirait pas son nom, mais qui permettrait d’agir ensemble sur quelques grands sujets pré-définis. Il comblerait ainsi un trou béant de son programme, qui est pourtant la ligne de fracture de la vie politique française, qui s’appelle la mondialisation et affirmerait sa volonté de donner un nouveau souffle à l’Europe, seule à même de nous protéger de multiples dangers.

La tâche est plus ardue pour Manuel Valls, et à entendre sa déclaration d’hier soir, il est bien parti pour se la compliquer. Quand on l’entend dire que les électeurs de gauche aurait le choix entre un candidat de la défaite annoncée, Benoît Hamon, et un candidat de la victoire possible, lui-même, on se dit qu’il n’a rien compris à la défaite d’Hillary Clinton et de Mattèo Renzi.

Avec pour seule légitimité que celle de sondeurs dont les plus hauts faits d’armes sont de s’être régulièrement trompé, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon sont des tigres de papier que Benoît Hamon peut allègrement dévorer. Parti de rien et de loin, abandonné par les trois-quart des cadres qui l’avaient jusque là accompagné au nom de sondages et d’une notoriété promettant à Arnaud Montebourg de rafler la mise auprès d’un même électorat visé, il a su s’imposer. Il a son destin entre ses mains et celui de la Gauche avec. 

Hier soir, une étoile est née, elle doit maintenant se porter à son firmament pour gagner et la primaire et l’élection présidentielle. Cela dépend d’elle… et des électrices et électeurs qui se déplaceront dimanche prochain.

Texte publié par le Huffington Post le 23 janvier 2017.

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