vendredi 2 décembre 2016

Merci pour ce quinquennat !


Un fond bleu apparaît. Une seconde passe. Un homme entre dans le champ. Ce n’est pas François Fillon, non, le costume est noir : on reconnaît François Hollande. Les yeux humides et le regard froid, il s’accroche à son pupitre. Raclement de gorge, « mes chers compatriotes », il se met enfin à parler. La voix est blanche, le ton est faible, la liste est longue : François Hollande énonce son absence de bilan. A ses mots, il est flatteur. Et plus ça dure, plus on y pense : « il a osé ! » Et c’est à ça qu’on le reconnaît… Mais non, non le président le plus impopulaire de la Ve République ne se représentera pas. Et fait ainsi preuve de décence, pour la toute première fois.
A moins qu’on ait mal compris ? J’ai réussi et donc je ne me représente pas : voilà finalement ce que vient de dire – sans y croire ? – François Hollande, dans une ultime tentative de transformer le plomb en or. En se retirant de la course, il choisit la voie de la moindre humiliation et ouvre en même temps une longue période d’inter-regnum. Le pouvoir, déjà très affaibli par Hollande, sera désormais encore plus faible. Le Premier ministre – dont on comprend mieux le petit jeu de ces derniers jours – démissionnera sûrement bientôt. Le sommet de l’Etat restera lui, ce qu’il a été pendant cinq ans : impuissant, sans importance.
François Hollande à l’Elysée c’était la France divisée. Par le chômage, qui n’a pas vraiment baissé, par le « mariage », qui n’a jamais vraiment été accepté. François Hollande à l’Elysée c’était la France rassemblée. Par le terrorisme, pas trois dates clés : 7 janvier, 13 novembre, 14 juillet. François Hollande à l’Elysée c’était la guerre. Sociale d’abord. Les lois Macron et El-Khomri. Militaire ensuite. Mali, Centrafrique, Irak, Syrie. François Hollande à l’Elysée, c’était le socialisme insurgé… contre lui-même. En un mot, ça se dit « frondeurs ». En plusieurs, Valls, Macron, Montebourg, Hamon…
Les plus indécents ce sont eux.  Qui n’ont même pas voulu attendre. Quitte à manger, autant le faire chaud. Dès ce soir, Hamon s’est redit « plus que jamais candidat ». Dès demain, les autres suivront. Primaire oblige. Après tout, elle est lancée. Et Hollande n’avait aucune chance de la gagner. On ne peut pas dire qu’ils soient très sûrs mais, eux, ont ce mérite d’être francs : de récents sondages ont fait comprendre au marcheur blanc ce qu’il n’a pas su saisir seul : la vérité. Cinquième, derrière François Fillon, Marine Le Pen, Manuel Valls, Emmanuel Macron, François Hollande n’avait rien à espérer, si ce n’est d’être encore plus humilié. Alors, forcé, il a appris l’humilité.
Peut-on lui donner quitus pour autant ? Son courage – ou plutôt sa lucidité – suffit-il pour que tout soit oublié, pardonné ? Non, Hollande peut bien décider de se suicider politiquement plutôt que mourir dans la bataille, il n’emportera pas son bilan dans la tombe. Mais avant de partir, il s’est offert un petit plaisir, celui des « sans-dents » : déjouer tous les pronostics !

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