samedi 10 décembre 2016

Et un savant fou inventa le radar pour « passage piétons »





La déresponsabilisation totale du citadin suit son cours. Surtout s’il est à pied.
Dans la famille radar routier, nous avions le modèle de base, l’ancêtre de la surveillance qui vous photographie le danger public en train de risquer sa vie à 54 km/h au lieu de 50. Au fil des années, l’appareil se reproduisit comme un lapin. De tous côtés, dans les descentes, les montées, les lignes droites, au sortir des villages, à l’entrée, dans le jardin de monsieur le maire, partout les radars sortaient de terre en une floraison métallique qui faisait le ravissement des poètes du Trésor public.

Face à tant d’enchantement, monsieur z’autorité laissa libre cours à son inspiration et créa le radar à feux rouges. Une folie issue des amours d’un rond-point avec un ralentisseur. Puis nous assistâmes à la naissance du radar pour STOP, dont les panneaux comme par miracle se multipliaient, et plus particulièrement aux endroits où il n’y avait aucune raison de s’arrêter. Sinon, à quoi bon ? Contraindre à stopper les automobilistes en plein milieu d’une rue pour laisser la priorité à d’hypothétiques véhicules sortant d’un lotissement de quatre maisons trouvait tout son sens fiscal. 
Et puis la logique de gauche n’est-elle pas de faire s’incliner la majorité au profit de la minorité ? Le rentable rejoignait l’agréable. L’impact négatif sur l’environnement généré par le freinage et le redémarrage inutiles de milliers de voitures ne gênait en rien monsieur z’autorité, par ailleurs pétri de réchauffement climatique.
À cette collection, l’inventif épicier de la sécurité routière ajoute aujourd’hui le radar pour passage piétons. Un dispositif à côté duquel une usine à gaz fait sourire.
Les lecteurs en dessous bac + 8 peuvent arrêter là la lecture de cet article… Ils ne comprendront pas.
Pour les initiés, voici le détail du dispositif (à ne répéter à personne) : un mât de quatre de mètres de haut est planté devant le « passage piétons ». En haut de ce mât sont accrochées deux caméras capables de distinguer les piétons des voitures. Peut-être y a-t-il quelqu’un à l’intérieur ? Le détail n’est pas précisé… 
Lorsqu’un passant franchit une ligne de sécurité virtuelle et qu’un véhicule approche, badaboum, un troisième appareil, accroché également en haut du poteau, scanne l’immatriculation. À tout hasard. Les images sont ensuite envoyées à un agent qui décide s’il faut taxer l’automobiliste de 135 € et lui enlever quatre points sur son permis de conduire. Et voilà le travail. Si le piéton s’en sort, il épouse l’agent, l’automobiliste danse un tango avec un passant, etc. Happy end.
La déresponsabilisation totale du citadin suit son cours. Surtout s’il est à pied. Pas foutu de s’abstenir de traverser si une voiture survient, le piéton est traité comme s’il était aveugle ou suicidaire. Vache sacrée de la ville moderne, il devient gibier de potence dès qu’il s’assoit dans sa bagnole. La solution ne reviendrait-elle pas à se contenter de pousser sa voiture pour devenir un être hybride mi-automobiliste mi-piéton ? Un inclassable qui sème le trouble dans la technologie des radars, qui dérègle les caméras… Et ne va pas moins vite que les autres !

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