lundi 21 novembre 2016

Le miracle Fillon.....


Derrière la primaire de droite se cachait donc bien un référendum sur le retour aux affaires de Nicolas Sarkozy. Mais aussi un stupéfiant plébiscite en faveur de François Fillon. Succès technique et populaire, le premier exercice du genre pour la droite a mobilisé bien au-delà du noyau dur des sympathisants LR : plus de 4 millions d’électeurs se sont rendus aux urnes dans la journée de dimanche, bien plus que les 2,7 millions de participants à la primaire socialiste en 2011. 
Pour ce stupéfiant résultat : ex- président de la République, chef de l’opposition jusqu’à son entrée en campagne fin août, Nicolas Sarkozy ne participera pas au second tour de la compétition. Surtout, son ancien Premier ministre, François Fillon, a finalement pris le meilleur sur Alain Juppé, longtemps présenté comme le grand favori de la compétition. Les deux hommes se disputeront dimanche prochain l’investiture de leur parti.
Ce dénouement est renversant à plus d’un titre. Il couronne l’incroyable remontée de François Fillon dans les enquêtes d’opinion. Voilà en effet quelques semaines que les instituts de sondage enregistraient une dynamique en faveur du député de Paris. Mais rien qui laissait présager l’ahurissant score obtenu dimanche soir : 44,2 %, selon un décompte partiel à 23 h 30. Loin, si loin devant le maire de Bordeaux et ses 28,4 %. 
La chute est rude pour Nicolas Sarkozy, qui émargeait à peine au-dessus des 20 %. Ne restaient que quelques miettes pour les candidats résiduels, dont un Bruno Le Maire dont les grandes ambitions initiales se voyaient ramenées à un score de poche (2,4 %, juste derrière Nathalie Kosciusko-Morizet).
Reconnaissant rapidement sa défaite, Sarkozy s’est aussitôt rangé du côté de son ancien Premier ministre, dont les choix politiques lui «sont plus proches» et qui lui «paraît avoir mieux compris les défis qui se présentent à la France». Une douche froide pour Alain Juppé, dont les rapports personnels avec Nicolas Sarkozy pouvaient sembler moins difficiles qu’entre l’ex-chef de l’Etat et son ancien «collaborateur»

«Fichu»

Longtemps seul à croire à sa bonne étoile, François Fillon n’a jamais cessé de répéter à ses proches : «Le moment viendra dans les dernières semaines, quand les Français s’intéresseront vraiment à cette campagne.» Dans un débat largement dominé par les slogans identitaires, le Gaulois et le burkini, le rigoureux et conservateur Fillon est longtemps resté inaudible, écrasé par la figure d’Alain Juppé, apparent rassembleur des anti-sarkozystes de tout poil. 
Mais le député de Paris s’est fort bien sorti des trois débats télévisés, vantant la radicalité de ses propositions et ses talents d’austère pédagogue.
Carte maîtresse de la stratégie sarkozyste, le pilonnage anti-Bayrou n’est sans doute pas pour rien dans le succès de François Fillon. L’offensive lancée contre le centriste, soutien d’Alain Juppé, a bel et bien semé le doute parmi certains électeurs de droite, qui ne pardonnent pas à Bayrou d’avoir «fait entrer la France dans le socialisme» en 2012.
Mais c’est sans doute l’électorat de François Fillon, plutôt que celui de Nicolas Sarkozy, que sont venus grossir ces allergiques au «traître» Baryou. «Notre opération a trop bien marché. On a fait le boulot pour Fillon», confirmait dimanche soir un sarkozyste. 
Enfin, déjà en cour auprès des entrepreneurs avec son programme thatchérien, l’ancien Premier ministre a également pu compter sur le renfort de la droite catholique, grâce au soutien de Sens commun, le petit mouvement issu de la Manif pour tous. «Rien ne peut arrêter une nation qui se dresse pour sa fierté», a conclu Fillon, pour expliquer sa fulgurante dynamique.

Réflexe

S’exprimant plus tard dans la soirée, Alain Juppé a eu cette énigmatique formule : «J’ai décidé de continuer le combat» - cela n’allait-il donc pas de soi ? Reconnaissant «la surprise du premier tour», il a promis à ses partisans : «Dimanche prochain, si vous le voulez, comme je le veux, sera une autre surprise.» 
La partie s’annonce pourtant compliquée pour le maire de Bordeaux. Bien réel, le réflexe anti-Sarkozy d’une partie des électeurs de la primaire n’a pas porté Juppé aux hauteurs promises par les sondages. Le candidat accuse un retard de 16 points sur son concurrent, et ne pourra plus jouer, désormais, de l’antipathie suscitée par Sarkozy. 
Et l’argument de sa stature présidentielle ne fait plus mouche face à Fillon qui, comme lui, rechigne à verser dans l’effet de tribune et dans le dérapage démagogique. Alain Juppé dispose d’une semaine, et d’un débat contre son concurrent jeudi, pour renverser un rapport de force lui étant désormais très défavorable.
Dès dimanche après-midi, à son QG boulevard Raspail, l’équipe d’Alain Juppé travaillait à bâtir une nouvelle stratégie de second tour. Il sera question de lui coller sur le dos le bilan du quinquennat de Sarkozy dont il a été le seul Premier ministre et de cibler son programme «pas crédible et pas réalisable». Pas sûr, toutefois, que l’électorat de droite soit le premier à se scandaliser de la promesse de François Fillon de supprimer 500 000 postes de fonctionnaires.
Le camp Juppé souhaite aussi pousser son concurrent dans ses retranchements au sujet du conflit syrien, de la Russie poutinienne dont il souhaite se rapprocher, ou encore sur le mariage pour tous.
«Fillon a monté parce qu’il était tapi dans l’ombre. Personne ne lui a tapé dessus mais désormais ça va changer, on va soulever ses ambiguïtés», prévient un proche de Juppé. Un autre ne cache pas ses doutes et son amertume sur la campagne trop plan-plan de son champion : 
«Il a eu peur de son ombre. Les gens ne l’ont pas découvert. Cet entre-deux-tours va être une démonstration d’envie. Il va falloir prouver qu’il veut gagner, qu’il a les crocs. Qu’il n’est pas là par devoir.» Ce sera très dur.
Alain Auffray Laure Equy Dominique Albertini

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