mardi 15 novembre 2016

Israël met-il le génie Juif en danger ? ©


L’important, pionnier et compositeur Arnold Schoenberg est revenu à ses racines juives en 1933. Il est né juif et s’est converti au luthéranisme auquel il est resté fidèle pendant de nombreuses années. Il a ensuite traversé une période de doute et a finalement pris la décision de retourner au judaïsme. L’ascension au pouvoir des nazis en Allemagne y a assurément contribué. À sa cérémonie de retour au judaïsme, ses témoins étaient le docteur David Marianoff, beau-frère d’Albert Einstein et le peintre à succès Marc Chagall.
Le compositeur Gustav Mahler, s’est converti au catholicisme, afin qu’il puisse être nommé directeur de l’opéra de Vienne. Il a épousé une femme non juive et a été accompagné à sa dernière demeure par un prêtre catholique. Cependant, les antisémites continuent à prétendre que sa musique est une «musique juive», tout comme ils l’ont dit de la musique de Schoenberg, et comme ils le disaient de la physique d’Einstein.
Le monde a vu un grand nombre de Juifs réussir au cours des 150 dernières années, proportionnellement à leur nombre. Ils ont réussi dans les arts plastiques, en tant que compositeurs, remporté des prix Nobel, se sont illustrés comme philosophes, et dans beaucoup d’autres domaines.
Combien de Juifs ont atteint les cimes du succès dans la société moderne? La réponse est: cela dépend de qui l’on considère comme étant ‘Juif’.
Faut-il compter ceux qui n’ont pas été élevés comme juifs, comme Karl Marx? Mais si, de ce fait,  on ne comptait pas Marx, Mahler, converti au christianisme, serait-il considéré comme juif ? Et Schoenberg, qui a quitté la religion et qui y est revenu? Faut-il compter seulement ceux qui sont restés juifs pendant toute leur vie, comme Einstein et Chagall?
Pourquoi y a-t-il tant de Juifs exceptionnels?
C’est une question qui n’a l’air de rien. Cependant, il se cache derrière une question beaucoup plus profonde, et peut-être même plus intéressante. Étant donné le petit nombre de Juifs dans le monde, et le fait qu’ils sont sur représentés quand il s’agit d’exceller dans leurs compétences, la question ne doit pas être posée de cette manière. En effet, il ne s’agit pas de savoir ‘pourquoi’, mais qu’est-ce qui rend les Juifs si exceptionnels?
Si la physique d’Einstein était «juive» et que la musique de Mahler était «juive», il semble que l’on puisse arriver à une conclusion très intéressante: il n’est pas nécessaire d’être un Juif actif et pratiquant pour avoir le «don juif de l’excellence».
Marx a grandi dans une maison complètement déconnectée du judaïsme. Einstein est issu d’une famille qui, bien qu’elle se soit identifiée comme juive, n’a pas pratiqué beaucoup. Maher s’est converti et a abandonné le judaïsme, et Schoenberg n’a pas produit de musique moins extraordinaire pendant sa période chrétienne.
Par conséquent, il est clair que vivre un style de vie juif n’est pas le catalyseur de l’exceptionnalisme juif.
Alors, qu’est-ce que c’est? Eh bien, il y a plusieurs hypothèses.
L’une de ces hypothèses se rapporte à la coutume juive d’être lettré et à la haute valorisation de l’étude dans l’acquisition du savoir. Il y a aussi le fait que, en raison des circonstances uniques dans lesquelles les Juifs se sont retrouvés en Diaspora, les Juifs ont simplement dû travailler plus dur pour réussir, car ils étaient considérés comme des «étrangers» partout où ils résidaient.
Il y a aussi le fait qu’il y a des gènes juifs, du fait que des Juifs ont voulu préserver leur judaïsme et en refusant les mariages mixtes. Cela peut avoir causé une mutation génétique qui conduit à une propension plus élevée pour le génie. Bien que cette dernière théorie puisse alimenter l’antisémitisme et le racisme, c’est néanmoins une théorie valable qui doit être prise en compte et débattue.
Mais, peu importe comment on relie les caractéristiques et leurs causes probables, les résultats sont les mêmes: du milieu du XIXe siècle à aujourd’hui, les Juifs se sont révélés exceptionnels, surtout proportionnellement à leur nombre. Les juifs ont réussi, qu’ils aient grandi dans un foyer religieux ou complètement assimilé, ou qu’ils aient réussi sans s’être eux-mêmes identifiés comme juifs, ou même en ayant essayé de se débarrasser complètement de l’étiquette de «juif».
Jews in Rome (Photo: Reuters)
Mendelssohn comme une parabole
Bien que cette floraison soudaine de Juifs dans le monde de la culture semble en fait une tendance, tous ces exemples devraient être examinés dans le contexte de ce qui se passait à l’époque; Si ils vivaient parmi des non-Juifs, si ils vivaient dans une période de troubles politiques et civils, et si ils vivaient dans un endroit où leur créativité pouvait s’épanouir, entre autres facteurs.
Mais il ressort de tout cela, que les juifs étaient considérés juifs sur la base de leur héritage, et qu’il n’y avait rien qui puisse changer cela.
Par exemple, le philosophe Moïse Mendelssohn était juif, mais son petit-fils, le compositeur Felix Mendelssohn – qui s’est convertit et pour devenir un chrétien zélé, fut toujours considéré comme un Juif par ses contemporains, dont Richard Wagner par exemple.
Il ne reste pas grand-chose
Les juifs d’Israël ne vivent pas aujourd’hui dans un pays où ils sont minoritaires, et ils ont une culture complètement différente de celle des juifs américains et européens du XIXe siècle ou du XXe siècle. En fait, leur culture est étonnamment, beaucoup plus semblable à celle d’autres nations, dans lesquelles ils étaient en diaspora avant d’obtenir la citoyenneté israélienne.
Et les Juifs de Diaspora eux-mêmes ont changé: Bien qu’ils ne se convertissent plus pour s’intéger, – il n’y a aucune raison de le faire de nos jours – leur spécificité culturelle tend à faiblir Il en va de même de la spécificité biologique, qui est rapidement diluée par les mariages mixtes.
  conclusion troublante
En d’autres termes: Si les Juifs doivent être différents pour être intelligents, alors il y a de quoi s’inquiéter car ils sont aujourd’hui déjà bien moins différents qu’autrefois et que les non-juifs des nations. S’ils ont besoin de se marier entre Juifs pour exceller, ils le font aussi beaucoup moins et c’est donc préoccupant.
La moitié des Juifs qui vivent en Israël n’ont pas à entretenir de relation avec le monde non-juif. La moitié des Juifs qui vivent en diaspora ne sont ni persécutés ni discriminés. Cela signifie que toutes les explications proposées jusqu’à présent peuvent être des hypothèses valables pour déterminer ce qui a permis aux Juifs de réussir par le passé, mais elles ne conviennent plus à notre époque, pas plus que pour l’avenir. Elles ne garantissent pas que les Juifs – s’ils étaient autrefois plus intelligents – seront également plus futés à l’avenir.
Cette conclusion est troublante pour ceux qui comptent sur l’esprit juif pour créer et inventer, et pour quiconque compte sur le fait que les Juifs seront en mesure de se maintenir dans une position favorable vis-à-vis d’autres peuples et communautés, à l’avenir. Les Juifs sont un peuple plutôt vulnérable. Israël un petit pays. Ce qui a permis aux Juifs d’exceller doit être cultivé, et surtout pas négligé ou abandonné, afin de garantir leur pérennité.
Par conséquent, il faut tirer des enseignements de cette inquiétante conclusion : il est impératif de favoriser l’excellence, insister sur l’alphabétisation, favoriser l’élitisme culturel, garder un esprit ouvert sur le monde sans renoncer au tribalisme familial.
Pourvu que l’État juif ne rende pas les Juifs moins intelligents !
Shmuel Rosner est l’auteur du livre en hébreu « Les Juifs : 7 Foire aux questions ». Le septième chapitre de cet opus aborde la question: «Y a-t-il un génie juif? »
Publié:  sur YNET
Traduction adaptation JFORUM

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