jeudi 17 novembre 2016

Et maintenant, des calissons chinois : à qui la faute ?


Dans ce monde globalisé, rien ne nous est dû ! Nous devons nous battre. Voyager. Ouvrir les yeux.

Rien ne va plus dans la pâte d’amande… Les calissonniers aixois sont au bord de la rupture d’anévrisme. Il est vrai que la nouvelle a de quoi leur rester sur l’estomac : leur confiserie légendaire vient, en effet, de passer sous pavillon chinois. Pris de vitesse, les calissonniers : pendant qu’ils s’écharpaient pour savoir qui fait quoi, les rusés aux yeux bridés ont déposé la marque « Calissons d’Aix ». Et voilà, Madame, pourquoi votre fille est muette…
C’est une horreur, je vous le concède. Car c’est sûr, les Calissons d’Aix made in China vont ressembler à de la pâte à mâcher. Bourrés de E100 quelque chose, de nano-trucs, de chlorobenzo-machins, d’huile de vidange et de sucre chimique. Et le pire, c’est qu’on en trouvera plein les rayons de nos supermarchés, avec une belle pub sur les 13 desserts de Noël façon provençale, entre les herbes de Provence venues de Pologne, les couteaux Laguiole venus de Taïwan, le foie gras du Périgord hongrois, le bordeaux d’Australie, etc.
La faute à qui ? À l’Europe ! crient les uns. Aux Chinois ! crient les autres. À la finance ! reprennent-ils tous en chœur.
Dans ma lointaine jeunesse, mon professeur de flûte traversière racontait en rigolant qu’un jour, des Japonais étaient venus prendre l’empreinte de la bouche de son maître Marcel Moyse et celle de l’embouchure de son instrument. Une flûte Louis Lot, à l’époque le Stradivarius du genre.
C’est ainsi qu’on vit apparaître, quelque temps plus tard, les flûtes Yamaha qui inondèrent le marché… comme les pianos Yamaha, et puis les orgues Yamaha, et puis, et puis.
Et puis on découvre dans La Provence qu’une délégation de Chinois était venue en janvier dernier visiter les confiseries d’Aix. Par ici, Messieurs, chapeau bas et tapis rouge… Pensez, les Chinois ! Hi ! Hi ! Hi ! Tsin tsin ! Ils ont bien rigolé.
Depuis 1990, le Calisson d’Aix bénéficie d’un dépôt à l’INPI. Autrement dit, rien ou presque. Il faudrait, pour le protéger – et le vendre ! – à l’étranger une IGP, c’est-à-dire une « indication géographique protégée ». Une demande a été déposée en 2002… sans succès. Pourquoi ? Parce que les calissonniers n’arrivent pas à se mettre d’accord. Il leur a fallu pas moins de huit ans pour élaborer une charte concernant le mode de fabrication, et maintenant ils pinaillent pour définir l’aire géographique concernée.
Les Français ont beaucoup de problèmes, dont un de taille : ils veulent commercer avec le monde mais persistent à en ignorer les mœurs. Principe de base : dans ce monde globalisé, rien ne nous est dû ! Nous devons nous battre. Voyager. Ouvrir les yeux. Avancer au lieu de se croire toujours le phare éclairant la planète et de pleurnicher sur notre déconfiture.

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