jeudi 27 octobre 2016

Un célèbre cinéaste iranien fustige le silence israélien concernant la Syrie......


Makhmalbaf propose aux Israéliens un autre cinéma, pointant du doigt la Syrie
Israël connaît bien le célèbre cinéaste, écrivain et militant Mohsen Makhmalbaf, l'un des pionniers du mouvement le plus important de la nouvelle Vague cinématographique iranienne.
C'est sa cinquième visite en Israël, et son lien avec le Festival du Film de Haïfa est très particulier: revenir à Haïfa, cette ville de Galilée, perchée sur le mont Carmel, c'est comme un retour aux "racines".
Makhmalbaf avait par ailleurs déjà mis en scène, en 2012, un film entièrement tourné en Israël. Sous les "radars", Mohsen Makhmalbaf, l'un des plus grands réalisateurs de l'histoire du cinéma iranien, filmait Le jardinier, et avait choisi de projeter la première mondiale de ce film au Festival international du film de Busan en Corée du Sud.
Ce documentaire réalisé dans les villes de Jérusalem, Haïfa et Akko (Saint-Jean d’Acre) en Israël était financé par la Corée du Sud, un mélange a priori étrange, mais tout à fait naturel aux yeux de ce maître du cinéma.
Haifa Film Festival/Galit Rosen
Haifa Film Festival/Galit Rosen 
"Mohsen Makhmalbaf"
Il est non moins étrange d'ailleurs de constater que le mouvement BDS qui avait largement boycotté à Beyrouth, non loin de Haïfa, le dernier film de Maha Haj, "affaires personnelles", ne s'était pas opposé à ce que Makhmalbaf présente "Les Nuits de Zayandehroud" dans la capitale libanaise, malgré l'objection de l'ambassade iranienne.
La moitié des réalisateurs iraniens ont quitté la République islamique depuis longtemps. Et nombre d'entre eux ont été contraints à l'exil, leurs films ayant déplu au régime. L'alternative était la prison.
Makhmalbaf a connu le même sort, et ne s'est pas rendu depuis plus d'une décennie à Téhéran, sa ville natale. C'est grâce à son passeport français qu'il voyage à travers le monde.
L'artiste revendique un cinéma mêlant réalisme et poésie, précision documentaire et décalage presque surréaliste. Car ce qui l’intéresse, en tant que cinéaste, c’est tout simplement de faire jaillir la poésie de la vie de tous les jours.
Très jeune, sous l'influence de son beau-père, il milite au sein d'une organisation islamiste qui lutte contre le régime du Shah. A 17 ans, il est incarcéré à la suite d'une attaque contre un commissariat de police et reste emprisonné de 1974 à 1979.
Pur produit de la Révolution islamique, Makhmalbaf deviendra petit à petit son critique le plus implacable.
Haifa Film Festival/Galit Rosen
Haifa Film Festival/Galit Rosen 
"Mohsen Makhmalbaf"
Le réalisateur, lauréat de nombreux prix internationaux, revient à présent en Israël avec une rétrospective de plus de vingt films de la Makhmalbaf Film House, sa propre maison de production.
Mais les films produits en Israël ne sont pas à son goût, et cette critique devrait inquiéter les jeunes metteurs en scène, Israéliens et Palestiniens, venus à Haïfa pour assister à sa conférence.
"J'aime les Israéliens, les Palestiniens et les Iraniens de la même manière, mais je déteste les gouvernements", explique Makhmalbaf, pour éviter tout malentendu.
"Regardez ce qui se passe autour de vous, le soleil se lève et se couche dans des pays où la vie est bien plus difficile que la vôtre, et que fait le cinéma ? ", demande le cinéaste.
"Il s'agit à chaque fois d'un individu précis, et de solitude", déplore Makhmalbaf.
"Regardez ce qui se passe en Syrie, les scènes horribles auxquelles on assiste tous les jours depuis près de six ans, et de quoi parlons-nous, non seulement en Israël, mais dans tout l'Occident? De solitude. Cela ne peut plus continuer", s'exclame Makhmalbaf.
"Je ne suis pas religieux, mais vous ne pouvez pas ignorer les facteurs religieux qui existent autour de nous", ajoute Makhmalbaf.
"Le bahaïsme est une religion tolérante, non-violente, et qui pourrait constituer un exemple pour les autres religions", poursuit-il.
"Les autorités iraniennes ont envoyé à plusieurs reprises des assassins pour mettre fin à mes jours", raconte Makhmalbaf.
"J'ai miraculeusement survécu à une attaque à la grenade en Afghanistan. A Paris, je vivais avec des gardes du corps 24 heures sur 24", relate-t-il.
"Tous mes livres et mes films sont bannis en Iran, et quand le ciel apparaît à la fin d'un film en tant que scénariste, il est préférable de supprimer cette image de liberté, qui sera de toute façon censurée", s'indigne-t-il.
En dépit de la lourde censure en Iran, les films de Makhmalbaf sont visionnés sur Youtube et la télévision par satellite.
Et malgré son exil, Makhmalbaf, comme beaucoup d'autres, persiste à définir ses films comme étant des œuvres iraniennes. Une attitude, elle aussi étrange aux Israéliens, qui s'en distinguent.

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