jeudi 27 octobre 2016

Réfugiés : quand leur accueil se passe... bien !


REPORTAGE VIDÉO. À Tramayes (Saône-et-Loire), le conseil municipal s'est porté volontaire pour accueillir deux familles, l'une syrienne, l'autre afghane.



La décision de la mairie de Tramayes (Saône-et-Loire) de se porter « volontaire » pour accueillir deux familles de réfugiés, l'une syrienne, l'autre afghane, n'est pas passée inaperçue. La délibération visant à mettre à disposition deux logements (l'un propriété de la municipalité, l'autre de l'Opac) a été adoptée en conseil municipal, le 16 octobre 2015, après l'annonce, par François Hollande en septembre 2015, que la France accueillerait, sur deux ans, 24 000 demandeurs d'asile pour faire face à la « crise des migrants » que traverse l'Europe depuis 2014. 
« Il nous est apparu naturel de faire montre d'un minimum de solidarité », expose le maire de la commune. L'édile, non encarté mais qui ne dissimule pas sa proximité avec le groupe Europe Écologie-Les Verts (EELV) à la région, s'est impliqué personnellement dans cet accueil, allant jusqu'à installer lui-même la connexion internet de l'un des deux foyers. De nombreux citoyens, originaires de tout le canton, se sont engagés au sein d'un collectif visant à faciliter l'arrivée de ces 11 personnes. « L'élan de solidarité a été formidable et a soudé près de 80 personnes autour de ces deux familles », témoigne Sylvie Morin, coordinatrice de ce mouvement spontané.

Des familles en danger

Hasan, Delal et leurs quatre enfants, originaires d'Alep (Syrie), sont arrivés dans le village le 2 septembre, un peu plus d'un mois après la famille afghane d'Ahmad. « Les deux familles étaient en danger dans leurs pays d'origine, et ce pour des raisons différentes », expose le maire. Les Syriens sont yézidis et, à ce titre, persécutés par l'organisation État islamique. Quant aux Afghans, l'engagement du père auprès des forces de la coalition mettait sa famille dans une situation périlleuse.
« Nos enfants ont été scolarisés au bout de trois jours », s'enthousiasment Hasan et Delal, 52 et 47 ans. Exfiltré par les Nations unies du camp d'Orfa en Turquie, le couple syrien ne regrette pas un instant d'avoir rejoint Tramayes. « Les bombardements étaient devenus insupportables. Les enfants (Yezen, 10 ans, Teym, 9 ans, Izal, 7 ans et Evelyne, 4 ans) étaient en danger. Nous sommes partis dès que nous avons pu [le 21 septembre 2013, NDLR] », confie Delal, qui avait été blessée à la cheville par un éclat de mortier quelques jours avant leur fuite.
« Nous espérons pouvoir rendre un jour tout ce que la population locale nous a apporté », ajoute Hasan, particulièrement touché par la manière dont son fils handicapé (Teym) est accompagné par un trio de bénévoles et une psychomotricienne qui se relayent trois jours par semaine. « La prise en charge de Teym lui permet d'effectuer de grands progrès, notamment dans le langage », se réjouit Dominique Michelez, qui suit cet enfant trisomique.

Un projet d'insertion rodé

Le mouvement Accueil migrants de Tramayes, qui s'est formé autour des deux familles, est organisé en petits groupes, dédiés à des thématiques précises (voisinage, transports, santé, école), sur le modèle des associations créées par la communauté chrétienne de Taizé, très engagée sur ce dossier. « Notre premier objectif a été de leur permettre d'acquérir des bases de français afin de faciliter leur insertion », indique Sylvie Morin. Hasan et Delal suivent, en parallèle, un stage de formation de 2 h 30, deux fois par semaine, au Foyer rural de Cluny, délivré par l'association AEFTI.
« Les progrès des enfants sont spectaculaires, ceux des parents plus lents mais prometteurs », pointe Malou Langinieux qui leur fait répéter, aux côtés de sept autres particuliers, des listes de mots pour améliorer leur prononciation, encore hésitante. Hier agent immobilier, contraint à divers métiers (fraiseur-tourneur, chauffeur de taxi, commerçant) à cause de la guerre, Hasan espère pouvoir trouver rapidement du travail dès qu'il saura s'exprimer convenablement. « Je ferai ce qu'on me demandera. Je suis prêt à exercer toutes sortes de métier », exprime-t-il, pour l'heure dans un mélange d'anglais et d'arabe.

Ce qu'en dit l'opposition

À ce jour, aucune opposition ne s'est exprimée ouvertement au sein de ce village de 1 015 habitants. Mais une poignée d'administrés ne dissimule pourtant pas son hostilité. « Il est anormal que ces gens venus d'ailleurs se voient offrir toutes ces facilités avec l'argent de nos impôts, là où des Français en difficulté ne touchent rien », s'énerve une commerçante, qui souhaite rester anonyme.
Ces réactions n'étonnent pas Denis Touchard, conseiller municipal (ex-UMP) entre 2008 et 2014. « Même si je suis favorable à l'accueil humanitaire de familles de réfugiés dans notre commune, on ne peut pas sous-estimer les difficultés économiques dans lesquelles sont plongés nombre d'administrés de Tramayes », émet-il. « Et l'image que renvoient certains migrants à Calais ou ailleurs n'est pas de nature à améliorer les choses », poursuit-il.
Même son de cloche chez Luc-Mickaël Dargaud qui s'était présenté, sans étiquette, contre Michel Maya aux dernières élections municipales. « Il était naturel que nous accueillions ces gens qui ont vécu des choses inimaginables chez eux. Et les choses se passent très bien depuis leur arrivée. Mais les habitants ne comprennent pas la manière de faire du maire », pointe-t-il.
Il y a quelques jours, un cocktail Molotov a été jeté sur la voie publique près de La Poste, non loin du domicile de l'une des familles. Un passant a permis d'éviter que le feu ne se propage à une voiture garée à proximité. La rumeur a alors couru que ce geste était lié à l'arrivée des migrants. Ce que récuse vigoureusement le maire. « À ce stade, rien ne permet d'établir de lien entre les deux événements. Des incidents de ce type se produisent régulièrement à Mâcon sans qu'on fasse le rapprochement avec l'arrivée de demandeurs d'asile », énonce-t-il. Une enquête est en cours. Les gendarmes disposent d'un signalement : l'auteur du délit a été aperçu par des témoins.

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