dimanche 2 octobre 2016

Magda Haroun la dernière juive communiste d’Égypte....


Magda Haroun est née à Alexandrie (Égypte) en 1952, dans une famille de la communauté juive du pays, alors nombreuse : autour de cent mille personnes. Elle est la fille d’un intellectuel local membre du parti communiste. Depuis 2013, elle est la présidente de ce qui reste de cette entité multi-millénaire remontant, au moins, au temps de Moïse (puisque le réformateur connu sous ce nom a une consistance historique quasiment prouvée) : quatre mille ans environ…
Qu’est-ce que ce titre de présidente recouvre exactement de nos jours ? Six personnes au Caire et une à Alexandrie ! Comme elle est la plus jeune et de loin ( les autres ayant toutes dépassé les 80 ans), il est infiniment probable qu’elle sera la dernière égyptienne de confession juive…Comment un tel gâchis, car s’en est un, a-t-il pu se produire ?
L’Égypte était, autrefois, un pays assez tolérant où vivre en tant que juif, chrétien orthodoxe, arménien ou copte posait peu de problème. Certains des membres de ces divers groupes accédèrent à de très hautes fonctions, y compris celles de ministres. Le fanatisme religieux n’existait presque pas…On vit même des juifs français émigrer vers le pays du Nil après l’Affaire Dreyfus !
Le Caire comme Alexandrie étaient des villes cosmopolites, avec de fortes minorités : juifs, grecs, levantins, italiens, russes, qui enrichissaient, culturellement, socialement, financièrement, le pays qui les avait acceptés.
La création des Frères musulmans ( à Ismailia en 1928) introduisit le fondamentalisme islamique jusqu’au fond des campagnes où le fellah fut très réceptif… Progressivement, la situation changea… Dès 1936, les Juifs d’abord, et les autres « étrangers » après, commencèrent à être ressentis comme des ennemis par la population, la présence militaire britannique limita le phénomène. Le règne du roi Farouk s’accommodait de cet état de fait sans chercher à l’aggraver mais les autorités demeurèrent sourdes à la misère du peuple, à sa pauvreté, voire à la faim qui était son « pain quotidien ». La raison fondamentale de cet alourdissement du dénuement populaire ? L’explosion démographique en premier, le refus du partage des richesses par une « élite » dirigeante, coupée de la réalité, en second…
En 1945 il y avait 20 millions d’habitants dans le pays, dont une centaine de milliers de juifs…Ils appartenaient à toutes les classes de la société : élites politiques, professions libérales, commerçants ou paysans…
Le fait juif en Palestine posa à la minorité israélite locale le problème du départ vers Israël… Il est impossible de chiffrer exactement le nombre de ceux qui partirent mais, incontestablement, il fut important. Pendant ce temps-là, le peuple égyptien s’éveillait à un nationalisme nouveau…
Arriva la déclaration d’indépendance d’Israël (mai 1948) qui provoqua la guerre que perdirent les états arabes… Le mécontentement suivit l’humiliation, les autorités refusant de comprendre les événements. Et en 1952, Farouk fut renversé au profit des militaires. Néguib puis Nasser devinrent les chefs suprêmes. Le nationalisme arabe l’emporta.
Curieusement, entre 1948 ( création de l’état juif) et 1956 ( l’affaire de la nationalisation du canal de Suez), la minorité israélite égyptienne ne connut pas de véritable persécution mais une lente mise à l’écart, que les membres et les meneurs de cette communauté, aveuglés par l’ancienneté de leur présence dans le pays du Nil et leur nationalité égyptienne majoritaire, furent incapables d’anticiper. Le réveil fut terrible : considérés par Nasser comme « une cinquième colonne », l’immense majorité des juifs fut chassée en moins d’une semaine au moment de Suez (1956), en grande partie pour la France. Ne restèrent que quelques milliers d’irréductibles, dont la famille de Magda : si sa mère possédait la nationalité française, son père était égyptien, nationaliste, communiste  ! Il poussa très loin ses idées : il refusa de partir alors que sa fille aînée âgée de deux ans, atteinte d’une leucémie, ne pouvait être soignée qu’en France. Le motif de cet acte terrible ? On voulait bien lui accorder un sauf-conduit pour quitter le pays, pas un passeport, mais ce serait sans retour possible : un one-way exit…
Magda ne découvrira les faits que beaucoup plus tard…Elle porte toujours en elle les idées de son géniteur…
Magda Haroun est née à Alexandrie (Égypte) en 1952, dans une famille de la communauté juive du pays, alors nombreuse : autour de cent mille personnes. Elle est la fille d’un intellectuel local membre du parti communiste. Depuis 2013, elle est la présidente de ce qui reste de cette entité multi-millénaire remontant, au moins, au temps de Moïse (puisque le réformateur connu sous ce nom a une consistance historique quasiment prouvée) : quatre mille ans environ…
Qu’est-ce que ce titre de présidente recouvre exactement de nos jours ? Six personnes au Caire et une à Alexandrie ! Comme elle est la plus jeune et de loin ( les autres ayant toutes dépassé les 80 ans), il est infiniment probable qu’elle sera la dernière égyptienne de confession juive…Comment un tel gâchis, car s’en est un, a-t-il pu se produire ?
L’Égypte était, autrefois, un pays assez tolérant où vivre en tant que juif, chrétien orthodoxe, arménien ou copte posait peu de problème. Certains des membres de ces divers groupes accédèrent à de très hautes fonctions, y compris celles de ministres. Le fanatisme religieux n’existait presque pas…On vit même des juifs français émigrer vers le pays du Nil après l’Affaire Dreyfus !
Le Caire comme Alexandrie étaient des villes cosmopolites, avec de fortes minorités : juifs, grecs, levantins, italiens, russes, qui enrichissaient, culturellement, socialement, financièrement, le pays qui les avait acceptés.
La création des Frères musulmans ( à Ismailia en 1928) introduisit le fondamentalisme islamique jusqu’au fond des campagnes où le fellah fut très réceptif… Progressivement, la situation changea… Dès 1936, les Juifs d’abord, et les autres « étrangers » après, commencèrent à être ressentis comme des ennemis par la population, la présence militaire britannique limita le phénomène. Le règne du roi Farouk s’accommodait de cet état de fait sans chercher à l’aggraver mais les autorités demeurèrent sourdes à la misère du peuple, à sa pauvreté, voire à la faim qui était son « pain quotidien ». La raison fondamentale de cet alourdissement du dénuement populaire ? L’explosion démographique en premier, le refus du partage des richesses par une « élite » dirigeante, coupée de la réalité, en second…
En 1945 il y avait 20 millions d’habitants dans le pays, dont une centaine de milliers de juifs…Ils appartenaient à toutes les classes de la société : élites politiques, professions libérales, commerçants ou paysans…
Le fait juif en Palestine posa à la minorité israélite locale le problème du départ vers Israël… Il est impossible de chiffrer exactement le nombre de ceux qui partirent mais, incontestablement, il fut important. Pendant ce temps-là, le peuple égyptien s’éveillait à un nationalisme nouveau…
Arriva la déclaration d’indépendance d’Israël (mai 1948) qui provoqua la guerre que perdirent les états arabes… Le mécontentement suivit l’humiliation, les autorités refusant de comprendre les événements. Et en 1952, Farouk fut renversé au profit des militaires. Néguib puis Nasser devinrent les chefs suprêmes. Le nationalisme arabe l’emporta.
Curieusement, entre 1948 ( création de l’état juif) et 1956 ( l’affaire de la nationalisation du canal de Suez), la minorité israélite égyptienne ne connut pas de véritable persécution mais une lente mise à l’écart, que les membres et les meneurs de cette communauté, aveuglés par l’ancienneté de leur présence dans le pays du Nil et leur nationalité égyptienne majoritaire, furent incapables d’anticiper. Le réveil fut terrible : considérés par Nasser comme « une cinquième colonne », l’immense majorité des juifs fut chassée en moins d’une semaine au moment de Suez (1956), en grande partie pour la France. Ne restèrent que quelques milliers d’irréductibles, dont la famille de Magda : si sa mère possédait la nationalité française, son père était égyptien, nationaliste, communiste  ! Il poussa très loin ses idées : il refusa de partir alors que sa fille aînée âgée de deux ans, atteinte d’une leucémie, ne pouvait être soignée qu’en France. Le motif de cet acte terrible ? On voulait bien lui accorder un sauf-conduit pour quitter le pays, pas un passeport, mais ce serait sans retour possible : un one-way exit…
Magda ne découvrira les faits que beaucoup plus tard…Elle porte toujours en elle les idées de son géniteur…



Deux fois emprisonné, comme juif puis comme communiste, le père de Magda est mort et a été enterré au cimetière juif du Caire, l’un des plus vastes et des plus anciens du monde… Aujourd’hui devenu une sorte d’immense décharge où des tombes éventrées par les pillages successifs de la population locale, qui récupéra à son usage personnel les marbres des caveaux et les métaux de la grille d’entrée, laissent voir au grand jour des ossements humains rongés par les chiens et autres animaux nuisibles…
Le dernier homme de cette communauté résiduelle s’est éteint voici quelques années… Ne sont donc vivantes que quelques femmes très âgées… Certaines, comme Magda et sa sœur décédée, ont épousé des musulmans, espérant mener une vie normale. Généralement, leurs enfants ignorent l’origine juive de leur mère. Ce qui vaut mieux : au décès de leur grand-père, homme connu, les deux filles de Magda découvrirent avec stupeur que leur mère était juive. Le traumatisme fut énorme, l’incompréhension totale. Ne nous leurrons pas : la population égyptienne déteste tout ce qui est juif ou israélien, confondant les deux termes dans une haine commune de « l’ennemi sioniste »…
Si la situation des quelques juifs vivants encore dans ce pays s’est améliorée sous Sadate et Moubarak, avec Morsi, issu des Frères musulmans, les vexations ont repris ( refus de continuer à accorder une petite aide pour que ces vieilles personnes subsistent). Avec Al-Sissi un calme, très relatif, est revenu en ce qui concerne les juifs… Mais, réduite à six femmes très âgées, la communauté va s’éteindre d’ici quelques années… Magda, remariée avec un catholique italien d’Égypte, sera l’ultime juive égyptienne…. Une terrible responsabilité pour cette femme que l’Histoire a tant affectée…. Ce qu’elle veut, c’est obtenir du gouvernement qu’il protège les lieux saints du judaïsme local. Notamment, la transformation de la grande synagogue du Caire en musée… Les choses sont en cours…Peut-être que son rêve se réalisera.
Ne voulant pas confier à Israël, ni aux organisation juives américaines, les innombrables trésors (rouleaux de torah…) que renferme les bibliothèques des synagogues, car elle les considère comme partie intégrante de l’héritage spirituel de son pays, Magda n’a pas d’alternative : il lui faut convaincre les autorités. Souhaitons-lui bonne chance….

http://jforum.fr/magda-haroun-derniere-juive-degypte.html

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