mercredi 19 octobre 2016

Bernard Tapie, l'invité-surprise de la présidentielle....


Silencieux depuis de longues semaines, l'homme d'affaires veut vaincre le chômage des jeunes et revoir de fond en comble la formation professionnelle.


À ceux qui s'inquiétaient : Bernard Tapie est en forme. Du genre patate olympique. Et en pleine course à la présidentielle, cela lui donne envie de s'introduire sur le champ de bataille. À 73 ans, il n'a pas envie de se présenter, se refuse à soutenir publiquement un candidat, mais il veut que « tout le monde se bouge la carcasse ». Ses anciens copains, ses copains de toujours, et les autres. De gauche, de droite.
Entre son roman judiciaire et ses affaires de business, il a pris le temps de coucher sur une quarantaine de pages ses propositions pour les jeunes au travail. « Vous avez entendu un des candidats parler de l'emploi des moins de 25 ans ? » Évidemment, la question est rhétorique. Lui, l'ancien ministre de la Ville, dit : « On ne peut pas baisser les bras quand tout n'a pas été essayé. » Il propose donc deux « électrochocs » :
- Instaurer une brigade de 2 000 fonctionnaires qui chasseraient le travail clandestin de nos jeunes – « un des maux majeurs de notre société ». Ou plutôt des entreprises qui emploient au noir des jeunes. Après enquête, il s'ensuivrait une application des sanctions pénales (jusqu'à trois ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende pour les dirigeants d'entreprise). En parallèle, Bernard Tapie suggère la mise en place d'une sorte de cellule de dégrisement, soit une « procédure de repentir ». Les employeurs qui révéleraient aux autorités leur usage de travailleurs au noir seraient exemptés de poursuites, tout en promettant de régulariser leur situation fiscale. Résultat connexe (à rendre songeur François Hollande ?) : « Cela devrait faire baisser le chômage de plusieurs dizaines de milliers de personnes. »
- Revoir de fond en comble l'organisation de la formation professionnelle, qui pèse aujourd'hui 36 milliards d'euros. « Il faudra allouer 40 % aux chômeurs, dont la moitié aux demandeurs d'emploi de moins de 25 ans. Aujourd'hui, il n'y a qu'un milliard qui est dévolu aux chômeurs. » Là aussi, il veut des sanctions pour les centres de formation inefficients, qu'on leur suspende leur agrément si un minimum de chômeurs formés ne retrouve pas un emploi. « Des entreprises font de la formation comme moi je célèbre la messe. » Bernard Tapie insiste pour que les régions jouent un rôle central dans la formation – ce qui est censé être déjà le cas – en matchant besoins locaux et adaptation des métiers. Sans les syndicats qui « ne représentent personne, et qui se servent, avec la bénédiction des politiques ».

Actif, actif, actif

Bernard Tapie propose aussi pêle-mêle de réhabiliter le compagnonnage, de revoir le fonctionnement de Pôle emploi, de refondre l'apprentissage, de rendre le service civique obligatoire, de s'appuyer sur les compétences de professionnels de renom…
Avec tout cela, le jeune doit se sentir « utile » Et puis qu'importe le métier qu'il fait, il doit être avant tout actif. « Je ne veux pas faire de la psychologie. Mais le cerveau du chômeur agit dans le sens contraire. Il lui fait admettre sa situation, le conduit à mal se juger, à perdre confiance. Son entourage, c'est la clé. Il peut lui dire : Accepte ce boulot de merde, tu rentres dans le circuit. » Bernard Tapie n'est pas contre des activités de type bénévolat rémunérées à hauteur « de 80 % du smic ».

Retour sur investissement

Ne demandez pas à l'ancien eurodéputé combien coûterait son « plan contre le chômage des jeunes ». Il ne sait pas. Il n'a pas calculé. Il s'en fout. Car il est convaincu que cela reviendrait moins cher que l'existant. « Comme dans une entreprise privée, il faut miser sur des plans, investir dans l'attente d'un retour. » Soit.
Il a adressé ses pistes de réflexion à tous les potentiels candidats à la présidentielle : les sept en embuscade à droite et au centre, François Hollande,Ségolène RoyalArnaud Montebourg... Mais pas Emmanuel Macron. « Il est très intelligent, très intéressant. J'espère qu'il aura la patience de ne pas y aller. On ne peut pas écrire des livres de cuisine basiques et espérer devenir chef étoilé. » Autrement dit : « On ne peut pas prétendre à la présidence de la République en ayant été seulement deux ans ministre. »

Nouveau procès

Dans les prochaines semaines, Bernard Tapie livrera un second opus, consacré celui-ci à la laïcité. En fait, toutes ses réflexions devaient être livrées en mai dernier, un an avant la présidentielle. Mais l'actualité judiciaire, avec un énième rebondissement dans son affaire d'arbitrage, avait rattrapé Bernard Tapie. Qui avait préféré enfouir temporairement ses plans pour la France. « Certains pouvaient croire que je faisais le mariole pour adoucir la Cour de cassation. »
Bernard Tapie écrira-t-il un livret sur la réforme de la justice ? Inépuisable, il a engagé une nouvelle plainte à la mi-septembre pour faux et tentatives d'escroquerie au jugement. Le procès devrait s'ouvrir le 6 mars 2017, un mois et demi avant le premier tour de la présidentielle. De quoi susciter l'inspiration chez les candidats de tout bord.

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