mardi 27 septembre 2016

Ces médicaments qui font grossir !


Certaines molécules ont un fâcheux effet secondaire : la prise de poids... François Chast, professeur de pharmacie, nous indique lesquelles.


La prise de poids peut être associée à de nombreuses causes, nutritionnelles, psychiques, environnementales. Les médicaments peuvent être un facteur à ne pas négliger, car ils sont rarement évoqués en première analyse alors que leur signalement pourrait éviter des errances thérapeutiques. Plusieurs mécanismes peuvent être en cause : la stimulation de l'appétit ou de la soif ; la croissance de la masse grasse ; la croissance de la masse musculaire ; la rétention d'eau et de sel.
L'appétit est stimulé par l'arrêt du tabac, la consommation de cannabis, mais aussi par de nombreux médicaments. Plus de la moitié des malades traités pour troubles bipolaires par le lithium (Teralithe) ou le valproate (Depakine, Depakote, Depamide) grossissent. Les mécanismes mis en jeu passent par une modification du métabolisme des sucres et une modulation de la sécrétion de leptine, cette hormone digestive dont dépend le sentiment de satiété.

Un effet réversible pour les antidépresseurs

Les antidépresseurs tricycliques comme l'imipramine (Tofranil) ou les autres comme la mirtazapine (Norset), la paroxetine (Deroxat), la fluoxetine (Prozac), la mianserine (Athymil), les neuroleptiques comme la clozapine (Leponex), l'olanzapine (Zyprexa), la chlorpromazine (Largactil), le risperidol (Risperdal), l'halopéridol (Haldol), etc., exposent à une prise de poids – réversible – très significative : plus de 10 % du poids corporel. En revanche, lors de l'arrêt du traitement, on observe une perte de poids.
Il faut également prendre en compte le fait que certains médicaments dépresseurs du système nerveux, tout comme le vieillissement, peuvent conduire à une diminution de l'exercice physique et donc à une diminution de la dépense calorique.
Certains médicaments induisent une augmentation de la masse grasse par stimulation du stockage dans les adipocytes, les cellules qui constituent le tissu graisseux. C'est bien sûr ce à quoi expose un traitement par l'insuline chez un diabétique de type 1 (diabète maigre), ou par sulfamides antidiabétiques (car ces médicaments hypoglycémiants agissent en stimulant l'insulino-sécrétion) chez les diabétiques de type 2. 
Cet effet, plus particulièrement marqué durant les premiers mois de traitement, est pondéré en adjoignant de la metformine au traitement. Ce médicament, réducteur de la glycémie, complète efficacement l'action des sulfamides antidiabétiques et compense la prise de poids.

Les bêtabloquants également concernés

Les bêtabloquants sont des médicaments plutôt réservés à la cardiologie. Ils ont la propriété de s'opposer à l'action de l'adrénaline sur un ensemble de récepteurs cardiaques et vasculaires. Ils sont précieux dans le traitement de maladies coronariennes (angine de poitrine, infarctus du myocarde), de certains troubles du rythme cardiaque et dans l'hypertension artérielle. Ils ont été étudiés dans le traitement des tremblements, du stress, des migraines. 
Or, il semble que les bêtabloquants, tels que l'atenolol (Tenormine), le metoprolol (Lopressor), utilisés dans diverses indications cardiologiques, participent également à l'augmentation de la masse grasse.
Les anabolisants tout comme l'hormone de croissance, malheureusement souvent placés sous le feu des projecteurs par le dopage, font croître la masse musculaire, en particulier lors de l'association avec l'exercice physique.

Attention aux corticoïdes

Enfin, certains médicaments provoquent une augmentation de la masse corporelle par accumulation d'eau. C'est le cas des corticoïdes qui favorisent les œdèmes et conduisent à une redistribution des graisses. L'importance des apports hydriques causés par la soif et l'usage de boissons sucrées sont une mauvaise occasion de prendre du poids, et certains médicaments comme les anticholinergiques (antidépresseurs, antipsychotiques, antihypertenseurs, médicaments du péristaltisme agissant sur le transit intestinal) stimulent la soif.
Au total, ces traitements, pour indispensables qu'ils soient, nécessitent un encadrement du statut nutritionnel qui doit être un des éléments de la prescription. Avec une bonne information, un peu d'exercice physique et une alimentation équilibrée, le malade sera mieux armé pour limiter l'impact des médicaments sur la prise de poids.
* François Chast est pharmacien, docteur ès sciences, membre du conseil de la Société d'histoire de la pharmacie et de l'Académie nationale de pharmacie. Il dirige le service de pharmacie-pharmacologie-toxicologie de l'Hôtel-Dieu et enseigne à l'université Paris-Descartes-université Sorbonne-Paris-Cité (USPC). Il est par ailleurs auteur de l'ouvrage Les Médicaments en 100 questions, éditions Tallandier, 416 pages, 14,9 euros. L'extrait que nous publions en est tiré.


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