samedi 16 juillet 2016

Tentative de putsch en Turquie: «Ce coup d'Etat va nous ramener 20 ans en arrière»


TURQUIE Dans les rues désertées d'Istanbul, les habitants s'inquiétaient de la tentative de coup d'Etat manquée contre le président Erdogan...

Ils l’avaient juré : en ce vendredi soir, une tentative de coup d’Etat n’allait pas forcer les derniers irréductibles de ce bar du quartier de Besiktas, à Istanbul, à rentrer chez eux. Mais lorsque le patron lance : « la loi martiale est décrétée », le café se vide en un clin d’œil. Jusqu’à ce que la chaîne publique TRT annonce qu’un coup d’Etat militaire est en cours et que la loi martiale est décrétée, cette rue de Besiktas, sur la rive européenne d’Istanbul, était particulièrement calme pour un vendredi soir.

« Les gens rentrent chez eux à cause du coup d’Etat. On est combien ici, d’après vous ? Normalement cet endroit devrait grouiller de monde », lance Ali, un habitant de Besiktas. « Ce coup d’Etat est une mauvaise chose. Il va nous ramener 20 ans en arrière », assène-t-il. Son ami Basak acquiesce : « ce pays a vécu beaucoup de putschs. Nous ne sommes pas prêts pour en vivre un autre ».
Le calme, seulement interrompu par le vrombissement d’hélicoptères, confère à certains quartiers d’Istanbul un air de ville fantôme. Surréaliste dans cette ville, la plus grande de Turquie, où cafés et bars sont d’ordinaire pleins en ce début de week-end. Les ponts qui enjambent le Bosphore ont été partiellement fermés dans le sens Asie-Europe, et de grandes artères menant notamment à la place Taksim, dans le centre de la métropole, sont bloquées par les forces de l’ordre.

« Un coup d’Etat n’est pas la solution. Je crains une guerre civile »


La crainte de débordements et d’une escalade ont poussé les Stambouliotes à s’approvisionner en vivres et en argent liquide par milliers. Résultat : « Il y a beaucoup de gens dans les magasins malgré le couvre-feu. Il y a des files d’attente devant les distributeurs de billets », explique Güney Köse, dirigeant d’une start-up. « Je ne suis pas pour l’AKP (Parti de la justice et du développement du président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan) et Erdogan n’est pas un grand démocrate, mais un coup d’Etat n’est pas la solution. Je crains une guerre civile », raconte-t-il.
A Istanbul des soldats ont ouvert le feu sur la foule, faisant des blessés, selon un photographe de l’Agence France Presse, et à Ankara, 17 policiers ont été tués, d’après l’agence Anadolu. « C’est très étrange. On a compris vers 22h (21h, heure française) qu’il se passait quelque chose. Dans la rue, les gens s’interpellaient, en disant "Vous y croyez, vous ?" », dit Valentine Deseille, une Française de 22 ans, qui travaille à l’université Sehir d’Istanbul. « Beaucoup d’étudiants ont déjà annulé leur échange Erasmus prévu en septembre et ça risque d’empirer », conclut-elle.

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