lundi 18 juillet 2016

Nice : pendant l'horreur, l'héroïsme ordinaire des anonymes...


Il y a ces établissements de luxe qui ont accueilli les naufragés de la promenade des Anglais, mais aussi ces passants qui ont porté secours aux blessés..


Dans la nuit du 14 juillet, une cinquantaine de personnes ont trouvé un abri à l'hôtel Westminster, l'un des plus anciens palaces de la promenade des Anglais, propriété depuis 135 ans d'une vieille famille niçoise, les Grinda. Christophe Grinda, directeur de l'établissement, dînait tranquillement sur la plage en face de l'hôtel lorsqu'il a entendu des coups de feu au-dessus de sa tête, à quelques mètres de là. 

« On a vu des gens sauter par-dessus le mur de la promenade et, au bout d'une heure, on les a emmenés avec nous à l'hôtel. » Parmi eux, des enfants, des familles à la recherche de leurs proches, quelques blessés aussi.
L'hôtel Westminster Concorde sur la promenade des Anglais à Nice. © Huetter, C. Maxppp

« Les employés ont fait rentrer tout le monde. Ils ont fermé les vitres de la véranda et ont apporté à boire et à manger. Ils ont essayé de réconforter les gens, alors qu'ils étaient tout aussi choqués qu'eux », poursuit Christophe Grinda, qui s'est cassé un doigt dans l'agitation. 
Tout est alors mis en œuvre pour installer ces réfugiés d'un soir le plus confortablement possible. Des lits sont descendus et installés dans le salon Président et la salle aux Fresques, deux vastes salles de l'hôtel à la luxueuse déco Belle Époque.
Entre la magnificence du lieu et le désarroi des familles présentes, la scène paraît surréaliste. « Les secours sont arrivés rapidement, et on nous a dit de rester à l'intérieur », souligne le patron du palace. Les heures passent. 
Et vers 3 heures du matin, les premiers groupes commencent à rentrer chez eux. « La police est venue, a demandé s'il y avait des témoins, pris les noms et coordonnées de chacun et a ensuite escorté la plupart des gens en dehors de la zone de sécurité. » À 5 heures, quelques personnes demeuraient allongées sur des canapés. Avant de s'en aller à leur tour au petit matin.

Cette touriste qui est allée « couvrir les corps alors que ça tirait encore »

D'autres témoignages font état de l'héroïsme ordinaire qui s'est manifesté le soir du 14 juillet. Une bénévole de la sécurité civile de Nice, membre d'une cellule d'écoute ouverte aux victimes en a fait le récit auprès de l'AFP, car, dit-elle « il y a des gens qu'il faut saluer, parce que ce sont des héros ». 
Ainsi de ce jeune homme de Gattières, un village proche de Nice, « qui a perdu toute sa famille dans l'attentat [et qui] est venu faire le premier tri des blessés avec les pompiers », raconte-t-elle. De même, ces personnes réfugiées au Palais de la Méditerranée qui « ont tenté de secourir les blessés parce que les pompiers ne pouvaient pas tout faire ». 
« Ces gens viennent nous demander des nouvelles des gens qu'ils ont sauvés et on ne peut pas leur répondre », faute d'informations, raconte la bénévole.
Elle évoque aussi le cas d'une « touriste suédoise » qui avait « une location sur la Prom » et qui « a jeté tous les draps et les couvertures par la fenêtre », puis « est allée couvrir les corps alors que ça tirait encore », ou encore ce jeune serveur sur la promenade, qui, dans les mêmes circonstances, a sorti toutes les nappes du restaurant pour faire de même.
Affectée pendant deux jours « aux recherches » de personnes disparues, la bénévole rapporte par ailleurs quelques témoignages glaçants de personnes traumatisées venues à la cellule d'écoute, comme celui de cet autre jeune serveur dans un restaurant sur la Prom. « Il y avait une mère avec ses deux enfants, dont un bébé dans les bras. [...] Elle lui a mis le bébé dans les bras, le bébé était mort. 
Et le serveur, il n'a pas compris qu'il avait un bébé mort dans les bras.... Il ne s'en remettra jamais. » Ou encore « ces jeunes ados de 13, 14 ans » qui n'ont pas de nouvelles de l'une de leurs copines et « passent trois fois par jour ». « Eux, je leur ai donné mon numéro de portable », explique-t-elle.

Insultes et racisme

Elle parle encore des réactions multiples face au drame : « Des gens en larmes, prostrés », « des gamins qui ne parlent plus, d'autres qui dessinent un peu, mais ne vous répondent que par oui ou par non », mais également « des gens en colère », « les insultes » et « le racisme » qui s'expriment. Comme l'attestent certains des messages laissés sur la promenade au milieu des hommages.

Il y a quelques bonnes nouvelles, également, comme ce « monsieur de 70 ans qui est venu se présenter : Je suis sain et sauf, vous pouvez m'enlever de la liste. » Quant à cette bénévole, mince aux cheveux grisonnants, elle n'a pas dormi pendant 48 heures après le drame. Elle assure qu'elle n'a « pas de réaction ». « J'ai pas compris. Tout le monde m'a dit : Va voir un psy, va voir un psy. Pour l'instant, je fais. J'irai, à la fin. » Elle a pris une demi-journée de repos, puis est retournée à sa cellule d'écoute.

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