vendredi 22 juillet 2016

#FRANCE - MALEK BOUTIH : "IL FAUT UNE UNITÉ NATIONALE DURABLE"


Le député PS de l’Essonne propose de créer une commission nationale de défense.

« Le gouvernement y associerait les principales forces politiques de la majorité et de l’opposition »
Interview  par Gaëtane Morin, publiée dans le Parisien le 21 juillet 2016
 
Député socialiste de l’Essonne et membre de la commission de Défense à l’Assemblée nationale, Malek Boutih a écrit un rapport sur le basculement des jeunes dans le djihadisme, remis au Premier ministre Manuel Valls il y a un an. Il appelle la classe politique à montrer « le visage d’une France unie » face aux terroristes.
 
Quelles leçons tirez-vous de l’attentat du 14 juillet à Nice?
 
Il s’inscrit dans la lignée de toutes les attaques qui ont touché notre pays depuis l’attentat contre Charlie Hebdo, en janvier 2015. Je vois bien qu’on essaie de trouver une explication à l’acte du tueur. Il serait fou, violent, dépressif... Mais sur le fond, il ne se différencie pas de celui qui est capable d’égorger des parents devant leur enfant, de ceux qui faisaient des blagues devant les otages du Bataclan avant de les exécuter, d’un Abaaoud qui postait des vidéos où on le voyait traîner des cadavres derrière sa voiture.
 
La droite accuse le gouvernement de ne pas avoir pris la mesure de la menace. A-t-il failli ?
 
ça bout à l’intérieur de moi, mais j’évite de rentrer dans ce débat. Parce que, si on remonte la chaîne des causalités, il n’y a personne, ni à droite ni à gauche, qui se soit montré à la hauteur de la situation ces trente dernières années. Quand je militais sur le terrain associatif et que j’interpellais les responsables politiques sur la ghettoïsation ou la politique d’immigration, qui m’écoutait ? L’islamisme n’est pas la faute des dirigeants français, mais ils portent une lourde responsabilité dans la gestion des problématiques qui le nourrissent. Un exemple : on n’a pas de politique d’immigration. Il faut revoir ses critères. Moi, je me fiche de savoir si les candidats à un titre de séjour parlent et lisent le français, s’ils ont des qualifications professionnelles. Ce qui est important, c’est qu’ils adhèrent aux valeurs de la France, à la laïcité, et qu’ils respectent leur femme.
 
Les racines du terrorisme seraient-elles à chercher d’abord dans la société française ?
 
Si nous avions traité les problèmes, un certain nombre d’individus n’auraient peut-être pas basculé dans le terrorisme. On nous dit que l’auteur de l’attentat de Nice ne pouvait pas être détecté par les services de renseignement parce qu’il s’est radicalisé en quelques jours. D’un point de vue sécuritaire et policier, le propos est vrai. D’un point de vue politique, c’est faux. Ces individus ne viennent pas de nulle part. Avant de passer à l’acte, ils ont pu tenir des propos anti-français, antisémites ou complotistes. J’en rencontre et j’en connais. Si demain ces gens-là sont confrontés à une épreuve qui les fragilise – divorce, perte d’emploi... –, ils peuvent passer d’un état de bouillonnement intérieur à un état de violence extérieure. C’est un signal qui doit nous interroger.
 
Les Républicains appellent à un nouveau tour de vis sécuritaire. Qu’en pensez-vous ?
 
Dans ce qu’elle propose, il y a peut-être des choses intelligentes. Je pense, moi, qu’il faut une unité nationale durable sur la question terroriste. Depuis l’attentat contre Charlie, la classe politique retombe systématiquement dans ses travers trois semaines, un mois après les événements. Dans quinze jours, la droite aura à nouveau les yeux rivés sur sa primaire et les serments de juillet auront disparu. La gauche est dans la même situation : au bureau national du PS, ces derniers mois, on a beaucoup plus débattu, et avec beaucoup plus de passion, de la loi Travail et d’Emmanuel Macron que de la sécurité nationale ! Je ne dis pas que ce sont des sujets à mettre sous le tapis, mais je pense qu’une guerre ne peut pas être traitée comme un problème de sécurité lambda.
 
C’est-à-dire ?
 
Il faut placer cette problématique au-dessus de toutes les autres. On ne peut pas demander à l’opposition de se taire, mais on doit lui proposer un cadre pour organiser le débat. Il faudrait créer une commission nationale de défense, dans laquelle seront représentées les principales forces politiques de la majorité et de l’opposition. Elles auront accès, sous le sceau du secret défense, à des données de sécurité nationale et seront associées à des choix stratégiques de défense. Il faut que tous ensemble nous disions : « Entre Français on s’engueule, mais envers vous, l’Etat islamique, on est impitoyables et on ne changera pas. Vous pouvez attaquer autant de citoyens que vous voudrez, vous n’aurez aucun impact. » Les terroristes nous mettent à l’épreuve sur les valeurs auxquelles on croit, eh bien, il faut montrer qu’on y croit... Lire l'intégralité.
 

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