vendredi 22 juillet 2016

Evian 1938 : l’ignoble Conférence d’Évian sur les Juifs.....


Il y a exactement 88 ans se tenait la conférence d’Évian sur les Juifs, du 6-15 juillet 1938

Désemparé face à l’antisémitisme qui sévit en Allemagne nazie, le président américain Franklin D. Roosevelt propose une conférence internationale en vue de secourir les Juifs dont ne veulent plus les Allemands. Celle-ci se réunit à huis clos du 6 au 14 juillet 1938 à l’Hôtel Royal d’Évian, au bord du lac Léman.
Plusieurs facteurs déterminèrent le flux et le reflux de l’émigration des Juifs d’Allemagne. Il s’agit notamment du degré de pression exercée sur la communauté juive en Allemagne et de la volonté des autres pays d’admettre des immigrants juifs. Cependant, face à l’intensification de la répression juridique et des violences physiques, de nombreux Juifs s’enfuirent d’Allemagne. Jusqu’en octobre 1941, la politique allemande encouragea officiellement l’émigration juive. Progressivement cependant, les nazis cherchèrent à priver de leurs biens les Juifs fuyant l’Allemagne, en percevant une taxe à l’émigration de plus en plus forte et en limitant les montants qui pouvaient être transférés à l’étranger par les banques allemandes.
En janvier 1933, il y avait environ 550 000 Juifs en Allemagne, ce qui représentait moins de 1 % de la population totale du pays.
Malgré l’adoption des lois de Nuremberg en septembre 1935, ainsi que des décrets annexes ultérieurs, privant les Juifs allemands de leurs droits civiques, l’émigration juive resta plus ou moins constante.

Refus catégorique

« Juifs à vendre ; même à bas prix, personne n’en veut ! »

32 pays sont représentés à Évian (sauf l’Allemagne, l’URSS et la Tchécoslovaquie) pour affirmer leur refus d’ouvrir leurs portes aux Juifs allemands persécutés, qualifiés de « réfugiés » (jamais au cours de la conférence, il n’est fait ouvertement référence aux Juifs).
Les participants savaient qu’une grande partie des 300 000 Juifs étaient persécutés en Allemagne et en Autriche en 1938. Ce signe de faiblesse de la part des Occidentaux permit d’intensifier les persécutions antijuives partout en Europe.
Leur refus se fondait sur des préjugés ou des hypothèses, bien plus que sur des faits, comme l’avoue le représentant australien :
« Dans les circonstances présentes, l’Australie ne peut faire plus… Nous n’avons pas de problème racial notable et nous ne voulons pas en importer un ».
La France reconduit à ses frontières dix mille juifs allemands qu’elle avait accueillis en 1933. Georges Bonnet, ministre des Affaires étrangères, confie à son homologue allemand Von Ribbentrop son souhait de ne plus recevoir de Juifs.
La Suisse estime elle avoir déjà dépassé son quota de réfugiés autrichiens et rétabli des visas avec son voisin. Elle va même demander à l’Allemagne de tamponner la lettre J sur les passeports de ses ressortissants juifs afin de pouvoir plus facilement les identifier et les repousser à sa frontière !
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Un seul pays propose de les accueillir : la République dominicaine dirigée par le dictateur Trujillo, mais cette offre équivoque est refusée.
La propagande allemande très active et triomphante, titre au lendemain de la conférence :« Juifs à vendre ; même à bas prix, personne n’en veut ! ». Hitler, dans les jours qui suivent, ne se prive pas de narguer les Occidentaux sur cet échec :
« C’était honteux de voir les démocraties dégouliner de pitié pour le peuple juif et rester de marbre quand il s’agit vraiment d’aider les Juifs ! »
Après la Nuit de Cristal de novembre 1938, où de violents pogroms anti-juifs qui eurent lieu les 9 et 10 novembre en Allemagne, l’émigration juive s’intensifie. Malgré la difficulté de trouver une destination d’accueil, environ 36 000 Juifs quittèrent l’Allemagne et l’Autriche en 1938 et 77 000 en 1939.
Beaucoup d’émigrants gagnent la Palestine malgré le blocus imposé par les Britanniques qui les repoussent pour ne pas se mettre à dos les Arabes et le Grand Mufti de Jérusalem Amin al-Husseini, qui deviendra quelques mois plus tard l’allié de Hitler, lui proposant des combattants musulmans pour assister la machine nazie.
Plus de 18 000 Juifs du Reich purent aussi trouver refuge à Shanghai en Chine, ville alors sous occupation japonaise. Mais les échecs sont cruels.

En mai 1939, le paquebot Saint-Louis, refoulé de Cuba et de Floride par les Etats-Unis, doit revenir à Hambourg avec près de 900 réfugiés juifs.
En octobre 1941, lorsque l’émigration des Juifs fut officiellement interdite, le nombre des Juifs encore en Allemagne était tombé à 163 000. L’immense majorité des Juifs qui restèrent en Allemagne fut assassinée dans les ghettos et les camps nazis durant la Shoah.
Une action généreuse à l’issue de la conférence aurait-elle changé le cours de l’Histoire ? Certainement.
Le 15 juillet 1938 restera la conférence de la honte où aucune décision de sauvetage n’a été prise.
La compassion est une vertu universelle qui nous rend sensibles aux malheurs d’autrui, mais qui fit défaut au monde dit civilisé lors de cette conférence.
Dans l’incapacité de montrer ouvertement leur haine des juifs, c’est contre Israël que les dirigeants européens antisémites — il n’y avait aucune raison qu’ils disparaissent après la Shoah et ils sont toujours très actifs — ont trouvé le moyen de s’activer contre eux et de faire sous-traiter par les Arabes palestiniens leurs désirs de pogroms.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean Vercors pour Dreuz.info.

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